Actualités :: Journée mondiale des maladies tropicales négligées : « Le Burkina a enregistré (...)

Le 30 janvier est célébrée la journée mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées. Parmi ces maladies, se trouve la lèpre que l’on pensait disparue de nos contrées. Malheureusement elle continue de faire des victimes dont des enfants de moins de 15 ans. Pour en savoir davantage sur la lèpre et sur ce qui est mis en œuvre pour en venir à bout définitivement dans notre pays, nous avons interrogé Dr Léopold Baowendsom Ilboudo, dermatologue-vénérologue, responsable de l’unité d’élimination de la lèpre, de la lutte contre la leishmaniose et de l’ulcère de Buruli. C’est une unité du programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Qu’est-ce que la lèpre ?
Dr Ilboudo :
La lèpre est une maladie infectieuse due à une bactérie appelée bacille de Hansen. Cette bactérie a été découverte il y a 150 ans par le Dr G H Amaeur Hansen. C’est une maladie qui se transmet d’une personne malade à une personne bien portante.

Quel est l’ampleur de la lèpre au Burkina Faso ?

Au Burkina Faso, la lèpre a été éliminée en tant que problème de santé publique depuis 1994. Cela veut dire que depuis 1994, le nombre de nouveaux cas par an rapporté à la population générale est en dessous d’un cas pour 10 000 habitants. Cela ne veut pas dire que la lèpre n’existe plus. La lèpre existe bel et bien au Burkina. En effet, pour l’année 2021, nous avons eu au total à l’échelle du pays, 250 nouveaux cas de lèpre. Le problème, c’est que sur ces 250 nouveaux cas, il y avait huit enfants de moins de 15 ans et il y avait 69 patients qui, au moment où on posait le diagnostic, avaient déjà des infirmités, c’est-à-dire qu’ils avaient des plaies au niveau des doigts, des pieds. Quand on parle d’infirmité, ce sont les complications. Pour l’année 2022, nous avons eu au total 238 nouveaux cas de lèpre et il y a encore huit enfants que nous avons dépistés. Sur les 238, il y avait 70 qui ont déjà des complications. Donc le fait qu’il y ait des patients qui ont des complications, veut dire que le diagnostic est posé tardivement. Et le fait qu’il y ait des enfants parmi les nouveaux cas signifie que le bacille circule toujours dans notre pays.

Dans l’imaginaire populaire, on pense que la lèpre n’existe plus au Burkina et que c’est une maladie qu’on retrouve chez certaines vieilles personnes. Qu’est-ce qui explique la persistance de la maladie au Burkina, même si ce n’est plus un problème de santé publique ?

Justement, c’est le fait que ce ne soit plus un problème de santé publique. Lorsqu’on dit que la lèpre a été éliminée comme problème de santé publique, tout le monde se dit qu’on a eu la paix. Pourtant ça ne veut pas dire que la lèpre n’existe plus. Dans la lutte contre une maladie, les derniers efforts sont toujours pénibles. Nos devanciers ont travaillé jusqu’en 1994 où le nombre a considérablement diminué. C’est à nous de traquer les derniers cas où ils se trouvent, pour les dépister et les traiter.

Ce qui fait que la lèpre persiste, c’est que la communauté, y compris beaucoup d’agents de santé, pense que la lèpre n’existe plus. Nous ne pensons plus à la lèpre. Ça c’est le premier élément.

Le deuxième élément, comme le nombre a considérablement diminué, il n’y a plus beaucoup de partenaires, il n’y a plus beaucoup de ressources pour la lutte contre la lèpre, il n’y a plus beaucoup de communication. Je viens de vous dire que dans les nouveaux cas que nous dépistons, il y a des enfants de moins de 15 ans, ce qui veut dire que ce sont de nouvelles infections, ce ne sont pas d’anciennes infections, comme vous le dites, les personnes âgées. Ce sont de nouvelles infections, sinon nous n’aurions pas des enfants parmi les nouveaux cas.

Comment se transmet la lèpre ?

Nous savons que la bactérie se trouve dans le sol. Et nous savons aussi qu’une personne malade héberge le bacille au niveau de ses muqueuses, au niveau des sécrétions narinaires. Et c’est lorsque la personne parle ou que la personne éternue ou tousse qu’elle peut contaminer une autre personne. Mais cela ne suffit pas, il faut un contact étroit. Nous on parle de promiscuité, c’est-à-dire que vous êtes tout le temps ensemble. L’autre élément important, c’est le manque de douche quotidienne. Ne serait-ce qu’avoir une douche quotidienne permet de réduire le risque de transmission de la bactérie d’une personne à une autre.

Donc en résumé, il faut qu’il y ait une personne malade qui héberge le bacille au niveau de ses fosses narinaires, qui est en contact étroit avec une autre personne qui n’est pas malade et que cette personne avec qui le malade est en contact, n’arrive pas à prendre au moins une douche quotidienne. Vous avez évoqué le cas des personnes d’un certain âge chez qui on rencontre la lèpre, mais vous savez que nos mamans laissent les enfants avec ces personnes âgées. Le contact est assez étroit, donc il faut réellement qu’on puisse aller au fond des villages pour dépister les personnes âgées porteuses du bacille qui constituent toujours des foyers de transmission. Sans doute, c’est à partir de ces personnes âgées non dépistées et non prises en charge que nous avons encore des enfants infectés aujourd’hui.

Quels sont les symptômes de la lèpre ?

Devant une tâche claire de la peau qui ne gratte pas, ne fait pas mal et dure plus d’un mois, il faut penser à la lèpre. Parce que la lèpre se manifeste par une tâche, la peau change de couleur, elle devient un peu plus claire ou cuivrée ou rougeâtre. Et ce qu’il faut savoir, lorsqu’une personne contracte la bactérie aujourd’hui, c’est peut-être dans cinq ans que la première tâche va apparaître. Chez certaines personnes, c’est dans dix ans, peut-être même plus de dix ans avant que les premiers signes n’apparaissent. Et la particularité dans la lèpre, c’est que cette tâche est insensible.

Ça veut dire que lorsque sur cette tâche nous, agents de santé, nous testons la sensibilité avec du coton, on passe le coton sur la tâche et si le malade ne sent pas qu’on le touche avec le coton, c’est un élément évocateur qui nous oriente vers la lèpre. Donc lorsque vous voyez quelqu’un qui a des tâches sur sa peau dont la couleur est moins foncée que la couleur normale de sa peau et que ces tâches subsistent, il faut conseiller à cette personne de se rendre dans un centre de santé. A partir du centre de santé, les infirmiers qui y sont, lorsqu’ils n’ont pas les compétences nécessaires pour dire que c’est un cas de lèpre, les CSPS sont rattachés à des centres médicaux. Les infirmiers vont référer le patient soit au niveau de ces centres médicaux où il y a des médecins, soit dans les centres hospitaliers régionaux où il y a des dermatologues ou au Centre Raoul Follereau à Ouagadougou.

Quelles sont les complications de la maladie ?

En général, nous disons que les complications de la lèpre, c’est YMP. Y pour les yeux, M pour les mains et P pour les pieds. En fait la lèpre est une maladie qui touche la peau, les muqueuses et les nerfs. L’élément essentiel qui fait que la tâche dont je viens de vous parler, la sensibilité a diminué, est dû au fait que la bactérie s’attaque aux nerfs. Et lorsque la bactérie s’attaque aux nerfs, la sensibilité diminue. Or les nerfs ont plusieurs fonctions, en plus de la sensibilité, il y a des nerfs qui commandent également certaines fonctions des muscles.

Les complications au niveau des yeux, c’est qu’à un moment donné, la visibilité va diminuer. Le patient ne voit plus bien. A un moment donné, on peut avoir une autre complication appelé la lagophtalmie, ça veut dire qu’il y a une atteinte du nerf qui commande les paupières. Et lorsque le patient ferme les yeux, il a l’impression qu’il a fermé les yeux, mais il y a un œil qui est ouvert. Au niveau des yeux, on peut même arriver à la cécité. Ça évolue de façon progressive.

Au niveau des mains, cette perte de la sensibilité fait que petit à petit, le patient ne sent plus vraiment au toucher, il a une perte de sensibilité à la douleur. Ce qui fait qu’on peut avoir des ulcérations, des plaies au niveau des doigts au point même que les doigts soient coupés.

Il y a également cette atteinte neurologique qui fait qu’au niveau de la main, les doigts commencent à fléchir. On parle de la griffe cubitale. La main de l’être humain devient comme la main d’un singe parce qu’il y a une fonte des muscles, les doigts commencent à se fléchir. Au début on parle de griffes qui sont souples parce que si on pose le diagnostic en ce moment, on fait la rééducation, on peut amener les doigts à être toujours fonctionnels. Mais il peut arriver que ces griffes deviennent fixes. C’est pour cela vous voyez souvent certains anciens malades de la lèpre qui ont des doigts qui sont vraiment repliés en flexion, ce sont des griffes cubitales fixées.

Au niveau des pieds, cette perte de la sensibilité va entraîner des ulcérations. Vous savez que quand on marche, si vous marchez sur une pierre qui vous pique, vous allez soulever le pied. Mais, lui comme il y a une baisse de la sensibilité, il ne sent même pas cette piqûre de la pierre. Petit à petit, au niveau de la plante des pieds, il se creuse des plaies que nous appelons le mal perforant plantaire. Les mêmes atteintes au niveau des mains qui font que les mains deviennent comme la main d’un singe touchent également les pieds. Ça entraîne une faiblesse au niveau du pied et lorsque le patient marche, c’est comme si le pied tombe. Au niveau des pieds, on peut même arriver à une ostéite, parce que lorsqu’il y a une plaie au niveau de la plante des pieds, le patient ne sent pas. La plaie devient creusante, ça peut même atteindre l’os. Quand ça devient une ostéite on est obligé d’aller à une situation radicale, qui est l’amputation.

Vous voyez donc que la lèpre est une maladie qui est stigmatisante et handicapante. Quelqu’un qui perd ses yeux est une personne handicapée visuelle, celui chez qui on fait une amputation d’un membre pelvien est un handicapé moteur. La lèpre est une maladie qui défigure. Elle est stigmatisante. Quand vous regardez certains patients, vous verrez qu’il y a un effondrement au niveau du nez, le nez devient plat et quand la personne parle sa voix change, on dit qu’il a une voix nasonnée, c’est comme si la personne parle dans ses narines.

Comment se fait la prise en charge de la lèpre ?

Sur le plan de la santé publique, il y a une classification que l’on fait : la lèpre pauci bacillaire et la lèpre multi bacillaire. La lèpre pauci bacillaire, c’est la lèpre la moins grave. Le traitement est gratuit et dure six mois et le médicament on peut l’avoir dans les centres médicaux du pays. Je ne dis pas que les médicaments sont dans les CSPS. Les médicaments sont au niveau des centres médicaux. Mais lorsqu’on dépiste un malade qui réside dans un village, les médecins au niveau du centre médical envoient une certaine quantité de médicaments au niveau du CSPS pour rapprocher le traitement du patient, sauf si le patient demande expressément à ce qu’on ne lui rapproche pas son traitement de son lieu d’habitation.

Lorsqu’il s’agit d’une lèpre multi bacillaire, le traitement dure douze mois et est gratuit. Il y a également le traitement des complications. S’il y a des plaies, lorsqu’il y a des ulcérations au niveau des pieds, il y a des médicaments que l’on donne pour qu’on puisse prendre en charge ces patients. On parle de la prise en charge des infirmités. Nous travaillons à décentraliser cette prise en charge au niveau des CHR. Pour 2023, nous avons commencé la décentralisation au CHUSS de Bobo, au CHR de Tenkodogo et au CHR de Ziniaré. Mes collègues dermatologues qui sont dans ces trois centres hospitaliers ont la possibilité d’accompagner les patients dans la prise en charge de leurs complications.

Au sein de votre unité qu’est ce qui est fait pour éradiquer définitivement la lèpre du Burkina ?

Nous sommes confrontés à plusieurs défis. Le premier défi, c’est le manque d’information ou l’insuffisance de communication sur l’existence de la lèpre. Nous sommes contents que vous veniez afin que nous puissions parler pour que la population sache que la lèpre existe toujours. Il faut qu’on accentue la communication sur la persistance de la maladie.

Le deuxième élément, il faut que nous puissions poursuivre le dépistage et la prise en charge. Pour le dépistage et la prise en charge, nous avons trois stratégies. La première stratégie, c’est le dépistage passif. Le dépistage passif veut dire que l’agent de santé est assis et quand le malade observe quelque chose sur sa peau, il vient vers l’agent de santé. Il y a ce que nous appelons le dépistage actif que nous mettons en œuvre depuis 2018 qui consiste à ce que nous au niveau du programme MTN (Maladies tropicales négligées), à partir des chiffres que nous avons, nous puissions identifier des villages dans lesquels nous nous déportons avec les agents de santé qui ont la responsabilité du village, pour consulter la population. Comment cela se fait ?

Lorsque nous avons un enfant de moins de 15 ans chez qui nous avons dépisté la lèpre, cela veut dire qu’il y a un adulte qui l’a contaminé. Normalement on devrait aller faire une investigation dans le domicile où vit cet enfant. Mais si nous nous déplaçons dans le domicile, après notre départ, cette famille sera stigmatisée. Donc, ce que nous faisons, c’est d’identifier le village, de faire une communication à l’avance et nous informons la famille que c’est à cause de cet enfant que nous venons. Parce que si nous n’examinons pas les autres personnes qui sont dans la concession, peut-être que d’autres manifestent déjà les signes, mais ils ne le savent pas. Et quand on va faire la consultation, très souvent nous avons beaucoup de cas. Par exemple, tout récemment nous étions à Gaoua et sur environ 400 personnes que nous avons consultées, nous avons eu douze nouveaux cas de lèpre. Dans ce mois de janvier, nous étions à Koudougou et à Nanoro, sur 400 personnes, nous avons eu sept nouveaux cas de lèpre. Cela veut dire que lorsque nous faisons nos sorties, ce sont des dépistages actifs.

Nous avons ensuite le dépistage communautaire. Vous savez très bien qu’il y a des localités dans lesquelles nous ne pouvons pas aller. Ce que nous avons fait, nous avons renforcé les capacités des agents de santé qui sont dans les formations sanitaires. Les agents de santé ont renforcé les compétences des agents de santé à base communautaire qui vivent dans les villages. Nous avons fait des prospectus avec les différentes images évocatrices de la lèpre que nous avons mis à la disposition de ces agents de santé à base communautaire pour qu’eux dans leurs communautés, fassent la sensibilisation. Et lorsqu’ils voient quelqu’un qui a ces lésions, ils accompagnent cette personne vers les formations sanitaires pour que l’infirmier puisse procéder à un examen clinique et éventuellement si c’est un cas de lèpre, que nous puissions le prendre en charge. Cette expérience est en train d’être mise en œuvre dans les districts sanitaires de Ouargaye, de Bittou où nous avons des difficultés d’accès.

Il y a aussi le renforcement des compétences. Cela passe par plusieurs aspects. Nous avons chaque année une supervision formative qui nous permet de renforcer les capacités des agents. Je vous ai parlé du dépistage actif. Quand nous sortons, c’est avec les agents de santé des districts, cela constitue également une formation pour eux. C’est vrai que les années antérieures, nous avons renforcé les compétences d’environ 60 médecins sur le diagnostic et la prise en charge de la lèpre.

Il y a aussi le fait que le traitement contribue à rompre la chaîne de transmission. Et nous travaillons à ce qu’il n’y ait pas de rupture dans les traitements, parce que si vous dépister un patient, les médicaments ne se vendent pas en pharmacie. Si vous n’arrivez pas à lui donner les médicaments, vous voyez qu’il y aura un souci dans la prise en charge et il n’y aura pas de continuité.

Le 30 janvier, c’est la journée mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées. En plus de la lèpre, quelles sont les autres principales maladies tropicales négligées présentes au Burkina Faso ?

Au Burkina, nous avons en dehors de la lèpre, la leishmaniose, l’onchocercose, la filariose lymphatique, le trachome cécitant, la schistosomiase et les geo helminthiases et la dengue.

A l’occasion de cette journée, quel est le message que vous avez à l’endroit des populations, des partenaires ?

Il faut dire que depuis plus de 70 ans, la Fondation Raoul Follereau qui soutient la lutte contre la lèpre au Burkina, organisait chaque dernier weekend du mois de janvier, la journée mondiale des malades de la lèpre. Et depuis un certain temps, c’est devenu la journée mondiale des maladies tropicales négligées. Le message que nous voulons donner à la population, c’est que les maladies tropicales existent toujours notamment la lèpre persiste toujours. Nous demandons à la population d’adhérer aux différentes stratégies, aux différentes campagnes que nous mettons en œuvre sur le terrain et nous ferons de notre mieux pour qu’il n’y ait pas de rupture dans les traitements.

A nos partenaires, nous demandons de continuer de nous faire confiance et de toujours nous accompagner afin que nous puissions atteindre l’objectif d’élimination ou d’éradication des maladies tropicales négligées.

Entretien réalisé par Justine Bonkoungou
Lefaso.net

Burkina/Agriculture : Des producteurs outillés sur les (...)
Burkina / Lutte contre le paludisme : Le comité national (...)
Burkina /Centre-Nord : Alerte sur la mortalité anormale (...)
Burkina/Prise en charge des cancers des enfants : Une (...)
Burkina/20e anniversaire du Laboratoire citoyennetés : (...)
Journée mondiale des droits des consommateurs : Le (...)
Burkina / Payements des taxes sur les véhicules à moteur (...)
Burkina/ Lutte contre le grand banditisme en milieu (...)
Burkina : L’Office national de l’eau et de l’assainissement
Parcours Inspirant : Ilias Minoungou, Ingénieur (...)
Dr Wendgoudi Appolinaire BEYI, enseignant-chercheur : « (...)
Conseil des ministres : Le gouvernement entérine la (...)
Burkina / Entrepreneuriat féminin : Ismaëlda Ouattara (...)
Burkina/ Médiation sociale : Le réseau Yanduanma renforce (...)
Burkina / Contraception des jeunes : Christèle (...)
Burkina/Filière coton : Bonossokoun Arsène Ghislain Somda (...)
Burkina/Sécurité sanitaire des aliments : Des acteurs de (...)
Burkina / Commune de Ouagadougou : Des acteurs (...)
Burkina/ Changement climatique : Les membres du comité (...)
Burkina / Lutte contre la criminalité urbaine : La (...)
Burkina/ Examens professionnels et concours en (...)

Pages : 0 | ... | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | 189 | 210 | 231 | 252 | ... | 36246


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés