Actualités :: Koudougou : Naaba Saaga 1er célèbre le Nabasga 2023 sous le sceau de (...)

Naaba Saaga 1er, chef d’Issouka, a célébré, le samedi 28 janvier 2023, sa fête coutumière appelée « Nabasga ». Cette fête, placée cette année sous le thème « optimisme », a connu la présence de nombreux invités dont l’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique, le gouverneur de la région du Centre-Ouest et plusieurs autres personnalités.

Cela fait 18 ans que Naaba Saaga 1er a accédé à la chefferie traditionnelle et coutumière d’Issouka. Au cours de ces années, il a toujours honoré ses ancêtres à travers sa fête coutumière appelée Nabasga. En ce début d’année 2023, cette tradition a une fois de plus été respectée.

Naaba Saaga 1er, chef d’Issouka.

La Nabasga a lieu habituellement après les récoltes. Cette pratique vise à remercier les ancêtres pour la saison agricole écoulée. Il leur est demandé, à cette occasion, des bénédictions pour une bonne prochaine saison agricole, une excellente santé pour la population et une paix dans la cité. Comme d’habitude, la cérémonie a été marquée par trois actes principaux, au cours desquels le chef apparaît trois fois avec des tenues différentes. En attendant les trois sorties de Naaba Saaga 1er, les invités sont entretenus par le grand chansonnier de Koudougou, Sibi Zongo, qui fredonne le cantique de la famille Yaméogo, avec sa guitare traditionnelle.

Les notables et personnalités présentes à la cérémonie du Nabasga.

La première sortie du chef est effectuée en toge rouge, avec un sabre. La tenue rouge renvoie à guerre. Ce qui signifie que le chef doit être capable d’aller au front pour défendre son peuple parce qu’il l’aime et le protège, et peut verser son sang pour lui. La deuxième sortie du chef s’effectue en toge blanche. Le blanc caractérise la pureté, la clarté, la lumière et la paix.

Dès lors, le chef doit incarner ces valeurs, être et demeurer un homme de paix pour son peuple. Enfin, à sa troisième et dernière sortie, le chef est habillé en toge multicolore, toge dans laquelle il reste habillé pour la suite des festivités marquée par des audiences qu’il accorde à ses invités de marque. Cette tenue est portée pour montrer que l’ensemble des couleurs font la beauté de la vie. C’est durant cette dernière sortie que le message annuel du chef est communiqué à la population.

Photo de famille des officiels.

Dans son message d’espoir, Naaba Saaga a mis l’accent sur la situation sécuritaire que traverse notre pays. Selon lui, des hommes et des femmes avides de pouvoir et d’argent ont contribué à créer cette situation, en oubliant et en méprisant certains de nos frères qui sont dans certaines régions. Ce qui a fini par créer des révoltés qui, au lieu de cultiver le dialogue, ont préféré prendre les armes pour ôter la vie de certains de leurs concitoyens.

À l’entendre, la dignité et la liberté sont foulées aux pieds, et la vie humaine perd sa sacralité. A travers le thème de cette année, qui est « Optimisme », le chef d’Issouka a lancé un appel à tous les fils et filles du pays à cultiver la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble. « L’optimisme doit habiter tous les Burkinabè, surtout les jeunes. Nous ne devons pas baisser les bras et être pessimistes. Notre pays doit rester ce qu’il est, puisqu’il nous a été légué par nos ancêtres qui se sont battus lorsqu’on a voulu le diviser. Et je suis sûr qu’avec vous, la main dans la main, nous pouvons vaincre », a lancé Naaba Saaga 1er.

Photo des délégations.

Ils étaient nombreux, les invités du chef, réunis dans la cour royale « Maasmè » d’Issouka. Il y avait la présence remarquée de l’ambassadeur des Etats Unis au Burkina Faso, du gouverneur de la région du Centre-Ouest, du président de la délégation spéciale de Koudougou, d’une délégation de Franco-Burkinabè. Dans son allocution, le représentant de la délégation franco-burkinabè, Pierre Olivier, a dit l’intérêt qu’ils accordent aux coutumes et aux traditions, d’où leur présence. Selon lui, ils se sentent intégrés, car « malgré les problèmes d’insécurité, nous restons à vos côtés. Nous nous sentons en sécurité parmi vous. Nous tenions à vous le montrer en venant au Nabasga ».

Prince Omar
Lefaso.net

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Nous vous proposons l’intégralité du message de Naaba Saaga1er de Issouka à son Nabaasga 2023

Nous avons eu une année difficile. Nous avons connu des journées pleines d’incertitudes. Nous vivons encore des moments de tourmentes. Nous avons connu et connaissons encore la peur dans le ventre. Tout cela nous a dérangé et nous dérange toujours. Nous pourrons en citer une litanie de peines qui ont bien bousculé notre année qui vient de finir. Nos yeux sont toujours mouillés par nos larmes de grande tristesse. Mais en dépit de tout cela nous avons connu quelques jours heureux. Il nous a été donné de vivre ensemble des jours éclairés, généreux, remplis d’optimisme, des moments de joie, des temps de confiance, et d’espérance tout cela malgré tout.
Voici les deux facettes que l’année 2022 nous a présentées et nous n’avons pas pu nous empêcher à chaque fois ces multiples interrogations, durant chaque nuit et pendant chaque heure. Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Pourquoi eux ? Pourquoi notre pays ? Enfin, qui nous éloignera de ces tourments ? Que font nos Chefs traditionnels, nos Emirs et nos coutumiers ? Eux qui incarnent les vertus de nos ancêtres. Des questions sommes toutes légitimes.
Avant une tentative de réponse, je voudrais élever ma voix depuis les rives du Boulkiemde ce cœur de Koudougou, Issouka pour saluer sa Majesté le Moogho Naaba chef suprême de cette partie du pays Moagha. Salutations respectueuses à tous les Rois, Emirs et Chefs de cantons, de villages et de quartiers de notre pays. Je salue les vaillants membres de l’Association SONGNAAM qui honorent Koudougou par le respect de nos us et coutumes. Qui honorent Koudougou par leur neutralité et leur recherche d’une dignité pour notre Koudougou la ville de nos ancêtres qui furent braves, dignes, intègres. Si la situation a été des plus troubles malgré tout, devons nous rester dans le pessimisme ? Non. Absolument pas. Il nous faut marcher sur les routes de l’optimisme et de l’espérance d’où le thème de cette année. Optimisme.
Le Nabaasga est l’occasion offerte à chaque chef de s’adresser à ses ancêtres pour les remercier des dons reçus au cours de la saison passée et leur dire qu’ils ont le devoir d’aider le chef à protéger la population. Voilà pourquoi absolument chaque chef doit faire un Nabaasga pour son peuple pour les enfants qui ont besoin de bénédictions des ancêtres pour bien grandir. Ils ont besoin nos enfants d’optimisme.
Au début de mon message je parlais de difficultés vécues. Oui les hommes et les femmes avides de pouvoir et d’argent, ont contribué à créer cette situation à travers un oubli, un mépris de certains de nos frères, de certaines régions qui ont finis par créer des révoltés. Qui au lieu de cultiver le dialogue ont préféré prendre les armes et oser ôter la vie de certains de leurs concitoyens. Combien d’actes répréhensibles ont rougis la terre burkinabè du sang des innocents. Combien de lieux, aujourd’hui encore au Burkina Faso, la dignité et la liberté sont-elles foulées aux pieds ! La vie humaine perd de sa sacralité. Pour roi argent et pour roi pouvoir cette génération est prête à sacrifier ses frères et sœurs, ses terres léguées par ses ancêtres. Nous retenons que les principales victimes de l’avidité humaine sont toujours les personnes fragiles, les faibles qui pleurent en quittant leur terre. Qui pleurent en enterrant leurs proches. Nous les appelons aujourd’hui des Personnes déplacées Internes (PDI). Nous sommes tristement face à une génération de femmes et hommes insatiables d’argent, insatiables de pouvoir et insatiables de divertissement qui ne laisse aucune place aux plus petits, aux enfants, aux pauvres. Aucune place à la vérité qui pourtant seule sauve. A Quelle place se trouve le Roi, le chef traditionnel, l’Emir et chef coutumier dans cet espace de nos vies ?
La chefferie de nos alleux a joué des rôles plus qu’importants : Reconstitution de notre Haute Volta crée en 1919, supprimé en 1932 et reconstitué en 1947 avec une forte implication du Moogho Naaba KOOM II pour le centre. Un fort engagement de l’Emir du LIPTAKO d’alors, Ousmane Amirou DICKO pour la partie qui était rattachée au Niger, de l’adhésion des BWA, des Lobi et Dagara, des Bobo, des Siamous, des Yadse, des Gourounsi et même des Samos. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud tous ont joué un rôle de non acceptation de la déchirure de notre chère Haute Volta de nos alleux. Le refus de la division de tous a permis la reconstitution de cet espace géographique devenu Burkina Faso, pays des hommes intègres. Cela nous rend fortement optimistes que le pire sera évité.
Ces dépositaires de nos traditions continuent le travail de réconciliation à chaque fois que le besoin des filles et fils du pays se manifeste j’en passe. Oui vous le direz avec des fois des limites comme toutes les Institutions Humaines du reste. La chefferie traditionnelle et coutumière vous rappelle et c’est notre rôle premier de vous aider à la cohésion sociale en reconstituant un nouveau contrat social qui prend en compte tous les segments de notre pays, qui veille sur un partage équitable des fruits du travail collectif, de l’amour d’une justice vraie qui garantit la paix, du pardon et du soutien des plus faibles. Je suis optimisme et vous invite à l’être pour notre pays malade. Je vous invite à être toutes et tous des médecins à son chevet. Rien, absolument rien ne doit nous distraire des soins appropries que nous lui devons lui administrer. Nous sommes nés ici sur la terre de nos ancêtres. Aucun de nous ici présents ou absents n’a le droit de tourner le dos à ce devoir sacre. Le pays nous en appel et nous devons répondre par un oui fort.
Nos représentants de nos us et coutumes que sont les Rois, Emirs et les chefs de différents horizons, nos dirigeants religieux de toute confession, nous lancent cet appel fort. Tous ces acteurs doivent bien sûr mériter ce respect en restant tant que possible dans la droiture. Comme doit l’être le vrai berger avec son troupeau. Portons-leur alors un grand respect dans nos propos et dans nos comportements. Le Burkina Faso nous remercie pour cette bienveillance. Aimons notre culture car nul ne peut prétendre se développer dans la culture d’autrui. Ensemble pour notre cher Burkina, notre devoir est de faire face à l’adversité, de lui survivre, car le sacrifice suprême n’est pas d’offrir sa vie, mais de l’aimer malgré tout. Nous le pouvons voilà pourquoi aujourd’hui, ici à Koudougou et plus précisément à Issouka, je vous invite de manière Solennel à l’optimisme.
Pour cela je voudrais ici lancer un appel vibrant adressé à toutes et tous.
• Appel au Rois Emirs, chefs traditionnels et coutumiers ; aux chefs religieux de toute confession. Merci d’honorer la mémoire de nos anciens qui ont bien lutté pour la reconstitution en refusant l’érosion de nos frontières. Nous devons parler à toutes celles et ceux qui nous écoutent. Disons leur que le pays vit sur des frontières inviolables non négociables. C’est notre héritage sacré qui doit demeurer de génération en génération.
• Appel aux diffuseurs modernes de l’information que sont les Internautes et différents animateurs des réseaux sociaux. Que tous leurs post et leur audio contribuent fortement à rassembler les Burkinabè et nullement à les déchirer. A tous les artistes, Qu’ils soient des unificateurs, chercheurs de vérité, semeurs d’espérance et des porte-voix appelant à la victoire. Les médias notamment la radio a aidé des pays à reprendre de l’entrain pour repousser l’ennemi au temps sombre de leur histoire. Soyons de la sorte. Notre terre nous le revaudra.
• Appel à tous nos amis. Ils doivent absolument aider le pays comme d’autres pays ont été aidés quand ils étaient au creux de l’abime dans leur existence. Si les intérêts sont bien partagés la compréhension et l’amitié se renforcent. On n’abandonne jamais son ami dans la peine et la tourmente.
• Appel à vous tous présents et absents. Soyons donc dans l’optimisme car tous vos rois, chefs traditionnels. Vos Emirs, vos chefs religieux et coutumiers élèvent chaque jour des prières dans leurs Mosquées, leurs Eglises leurs temples, leurs lieux sacrés en faveur de la pays dans un pays réconcilier dans la vérité et la justice. Ils font des sacrifices sur leurs autels afin que le sang trop versé s’arrête de couler. Nous avons une lourde responsabilité partagée, si la véritable Paix, la véritable Justice venaient à manquer. Nos prêches, nos sermons, nos incantations doivent plaire à nos alleux et à notre Dieu unique qui est Vérité et Justice. Cette Paix recherchée depuis la nuit des temps doit absolument arroser notre terre d’une douceur infinie. Notre Burkina Faso attend cette fraicheur du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Fraicheur qui verra reverdir nos plaines et éloigner la couleur rouge de nos espaces de vie. Nous sommes pleins d’optimisme et chargés d’espérance. Nous le voulons tous donc nous le pouvons tous.
• Chers parents et amis présents. Dans nos vies Il y a ceux qui voient les choses telles qu’elles sont et qui se demandent pourquoi ? Votre humble chef que je suis depuis Issouka et Koudougou voit les mêmes choses telles qu’elles pourraient être et je me dis pourquoi pas ? Alors, pourquoi pas un Burkina apaisé, réconcilier dans la vérité et la justice ?

Les Mânes des ancêtres nous y conduiront si nous sommes optimistes.

Bonne fête de Nabaasga. Bonne année 2023

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