Actualités :: Situation nationale : Des agitateurs civils poussent l’armée à la (...)

Le départ du gouvernement du général Kouamé Lougué devenu inéluctable, un groupe d’agitateurs civils très proches de l’opposition radicale comptait exploiter politiquement cette disgrâce. Ainsi a-t-il conçu un plan pour pousser l’armée à la révolte et provoquer des troubles socio-politiques majeurs au Burkina.

Le calme plat qui a suivi le remaniement ministériel a fait échouer leur projet. Mais ces agitateurs bien connus cherchent désespérément un plan de rechange. On attend de voir !

Kouamé Lougué est sorti du gouvernement par la petite porte. Interpellé par la justice dans le cadre du complot contre la sûreté de l’Etat, c’est par souci de favoriser la manifestation de la vérité que le président du Faso en accord avec son Premier ministre l’a déchargé de sa fonction ministérielle.

On ne pactise pas avec le diable

Avant toute chose, il est donc appelé à se mettre à la disposition de la justice. Sans présager de la suite, on retiendra d’ores et déjà que Kouamé Lougué avait des contacts avec les plus hautes autorités du Togo, pays qui n’est pas totalement innocent dans le financement des conjurés. En outre, Kouamé Lougué avait des relations plus qu’amicales avec au moins un des inculpés, le capitaine Bayoulou. Du Togo, au capitaine Bayoulou, cela fait beaucoup de liens avec les bailleurs ou les cerveaux de la conjuration.

On en déduit qu’il ne peut pas tout ignorer des préparatifs du coup d’Etat. A défaut d’avoir activement pris part, il est probablement un complice compréhensif, coupable par omission, par négligence ou par amicalisme. Quand on a été chef d’Etat major général de l’armée et ministre de la Défense, la loyauté due aux institutions républicaines doit transcender tous ces desiderata. C’est connu, on ne pactise pas avec le diable.

Mais à la différence d’un Badaye Fayama, ancien chef d’Etat major général des armées qui fut également ministre de la Défense et qui s’inspirait des principes de la vieille école des officiers militaires où la rigueur était poussée à un rigorisme d’ascète et la discipline souhaitée dans les casernes à celle d’un pénitencier, on dit de Kouamé Lougué que c’est un bon viveur, à la limite de l’insouciance et d’un populisme paternaliste vis-à-vis de la troupe. A un certain niveau de responsabilité, cela constitue des défauts qui se paient cash.

Ainsi la troupe n’aimait pas beaucoup Badaye Fayama qui avait tout d’un officier dépassé. Par contre le populisme paternaliste de Lougué donnait l’illusion de sa popularité parmi les hommes du rang. Il n’en faut pas plus pour que sentant venir son limogeage du gouvernement des professionnels de l’agitation politique choisissent de parier sur une révolte de l’armée et d’y travailler assidûment.

Tracts, grève et coups de fils anonymes pour « allumer » l’armée

A une semaine du remaniement ministériel, des tracts ont été rédigés par des milieux proches des partis politiques de l’opposition et jetés à proximité des casernes. Le contenu de ses tracts incitait les militaires à revendiquer une augmentation de l’indemnité de risque. D’autres tracts s’indignaient que la grande muette puisse rester muette alors que des arrestations et des détentions décrites comme arbitraires ont lieu parmi des officiers.

Ces tracts jetés une semaine avant le remaniement ministériel devaient participer à une mise en condition psychologique pour la suite du scénario de déstabilisation.

Au demeurant, la dernière grève du SYNTSHA passe pour être suspecte. En effet, c’est une vielle plate-forme non amendée et non rediscutée avec les structures de base qui a hâtivement fait l’objet d’un préavis pour un débrayage justement au moment où les tracts circulaient et que le limogeage de Kouamé Lougué se précisait. Mais tracts, grève précipitée, écrits tendancieux dans la presse n’ont pas suffi à provoquer les troubles souhaités. C’est tout le pays qui en tire grandement profit.

L’échec de leur scénario initial a-t-il découragé nos pêcheurs en eau trouble dans leur entreprise ? Ces signes donnent à penser qu’il ne désarme pas. Ils tentent d’imaginer d’autres moyens de pression, notamment le harcèlement téléphonique pour ébranler la conviction d’honnêtes citoyens militaires et civiles dans leur loyauté envers les institutions républicaines.

Cette dernière manœuvre traduit un certain désarroi de nos radicaux de l’opposition.

Pour en revenir au remaniement ministériel et au général Lougué, on rappellera à bon escient que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Kouamé Lougué, on peut le dire,est seul responsable de la perte de confiance du chef de l’Etat à son égard. En bon arbitre, le président du Faso a donc tranché avant la situation de "duel" que certains voyaient venir.

Ce "duel" n’a donc pas eu lieu. Le général s’en va. Force reste à la loi et désillusion aux agitateurs impénitents.

Djibril Touré


Armée nationale : Résolument républicaine

Le récent remaniement ministériel a donné l’occasion à quelques esprits superficiels de donner libre cours à leur jeu favori celui de la démoralisation de nos forces armées nationales. Ces esprits d’un genre particulier ont cru venu le moment de concrétiser leur fantasme, rêvé depuis belle lurette.

Jamais institution républicaine n’a été autant au-devant de l’actualité que l’armée nationale ces derniers temps. La presse, toutes tendances confondues, en a fait ses choux gras. Chacun des éditorialistes voulait à tout prix se décerner la palme d’or du journaliste le plus informé sur la "grande muette". Si certains ont fait l’effort de rester attachés aux valeurs cardinales de la profession, on ne peut pas dire de même pour tous car quelques écrits avaient plutôt des allures de tracts et d’invitation à la révolte.

Paradoxalement, toute cette agitation a révélé le vrai visage des forces armées burkinabé. Les officiers et leurs subalternes ont fait preuve d’une maîtrise de soi exemplaire qui témoigne si besoin en était encore de leur sens élevé de responsabilité. L’armée burkinabé n’a pas encore atteint la perfection, mais force est de reconnaître cependant qu’elle a opéré une mutation qualitative. Pour moins que ça, on a effectivement observé par le passé des immixtions intempestives des militaires dans la conduite des affaires de l’Etat. Il n’y a donc aucun motif qui justifie le lynchage par tracts, presse et coups de fils anonymes dont l’armée a été l’objet.

Pour tout dire, les militaires sont à l’image de la société burkinabé. Pour la majorité, l’Etat de droit est une impérieuse nécessité.

Les quelques brebis galeuses qui existent ne peuvent et ne doivent pas permettre de peindre de façon obscure le dessein de l’armée nationale. Au sein de la société, aussi il existe des personnes qui veulent marcher à contre-courant de l’histoire. On est parfois surpris de constater que ces personnes sont parfois les dirigeants de partis politiques et ironie du sort, les places sociopolitiques, qu’ils occupent pour détruire les principes de l’Etat de droit, ont été obtenues grâce au processus démocratique. Le Burkina a donc de quoi être fier de son armée. Celle-ci, loin de tous ces bruits continue d’assumer avec dévouement et détermination sa mission républicaine de défense de l’intégrité territoriale et des institutions de la République.

Du reste, ce sont ces qualités indéniables qui ont freiné les ardeurs de certains va-t-en guerre qui avaient menacé de faire pleuvoir le feu sur la tête de pays voisins. Les militaires burkinabé sont certes téméraires mais ils refusent de céder aux sirènes du chauvinisme. L’armée burkinabé a su rester républicaine dans ses prises de décisions au plan intérieur.

Tout laisse croire que les militaires burkinabé maintiendront le cap de la défense des institutions républicaines.

C’est du moins ce qu’il a été donné d’entendre en ce début d’année lors de la présentation de vœux particulièrement au sein du régiment de la sécurité présidentielle. Les pêcheurs en eau trouble peuvent-ils seulement tirer les leçons qui s’imposent ? Ils y ont tous intérêt car l’alignement des militaires sur les principes républicains ne leur laisse que le seul choix des urnes, donc du débat démocratique.

Larba Yaro


Hermann Yaméogo : Théories indigestes sur l’armée

Le remaniement ministériel du 14 janvier dernier a été suffisamment commenté. Bien sûr la plupart des analyses y ont vu avant tout le départ du ministre de la Défense, très indexé dans la tentative de coup d’Etat déjoué.

Difficile de refuser cette analyse quand on sait que la charge de ministre est l’une des plus hautes fonctions de la République et que pour bien la mener, le tenant doit être entouré d’une confiance et d’une sérénité à toutes épreuves. De là à faire de ce départ le signe d’une armée désarticulée il y a un gouffre que Hermann Yaméogo, en manque d’idées imaginatives, n’a pas hésité à franchir allègrement. Encore qu’un tel discours de sa part relève de l’habituel.

Maître Hermann Yaméogo drapé de son habit de candidat se croit en campagne chaque fois qu’un micro lui est tendu. C’est de bonne guerre, diront certains, mais sa lecture des faits politiques a un mal fou à se renouveler. La même rengaine revient invariablement quand il est question de l’armée à telle enseigne qu’aujourd’hui le disque est si rayé au point d’être inaudible. Combien de fois on a entendu la complainte d’une armée divisée entre privilégiés et "galériens", d’une armée ne remplissant pas ses prérogatives républicaines ?

Ce retour de l’identique, repris à n’en plus soif, devient une obsession de l’entretien maladif de la crise permanente. Une crise de l’armée n’est-ce pas là un sujet sensible, surtout que le langage tenu surfe dangereusement sur la vague de l’appel à la sédition. Les menaces permanentes sur la république ont la vie belle !

Maladie infantile

En Afrique, l’opposition pense abusivement que son rôle est d’ameuter constamment les loups afin d’aller à l’assaut des institutions.

Le Burkina Faso plus qu’ailleurs, pour avoir connu les manifestations faisant suite au drame de Sapouy a été transformé en laboratoire pour marches, seet-in et manifestations de rue violentes.

Ainsi, l’existence d’une opposition au travers du vandalisme de rue, d’appel à peine voilé à l’armée de se rebeller contre l’un de ses régiments, illustre bien le peu de respect que l’on voue aux lois de la République.

Du reste, on l’aura vu avec la tentative de putsch manqué. La plupart de nos opposants ont réussi à trouver que ce putsch avorté était un montage du pouvoir sans pour autant apporter une once de preuve à cette assertion purement de spéculation politicienne.

Il n’est donc pas une surprise que Hermann, qui n’ a pas hésité à accueillir ce coup comme la manifestation d’une crise au lieu de crucifier une action d’aventuriers de nature à remettre durablement en cause la démocratie, en mette une énième couche à l’occasion du remaniement gouvernemental.

En leader d’une formation politique, il peut s’exprimer sur tout sujet, sauf que sa propension à opposer les composantes de l’armée, à lui dénier toute crédibilité ne le grandit pas. Ce type d’analyse simpliste de fils bénis face aux valets de course est d’un manichéisme d’un âge totalement dépassé.

Les unités d’une option

On sait la place de l’armée dans le processus de construction des Etats africains depuis les indépendances. Elle a été et est toujours si grande que s’adonner à tout propos à la vilipender se révèle très vite une option suicidaire.

Les limites d’un tel exercice sont aussi crues que Hermann n’a pu assumer au bout son propos.

En disant que le remaniement est un faux semblant destiné à masquer les problèmes au sein de l’armée, il s’est auto-condamné à justifier la position de pré-campagne où il a choisi d’inscrire son propos. Etant en campagne, il se devrait de proposer ce que lui il pense être bien pour une armée en déliquescence selon son analyse. Que faut-il faire pour endiguer cette décadence car là et seulement là se trouve l’intérêt de se draper du manteau d’homme de changement.

Or qu’a proposé Hermann, si ce n’est qu’un forum soit organisé pour disserter sur l’armée. Quant à savoir ceux qui y seront et ce qu’ils diront, le mystère est aussi épais que le brouillard d’un matin gris et froid de la profonde Sibérie.

La politique militaire d’un pays se discutant sur la place publique, il faut l’Afrique et les politiciens africains pour concevoir ça. Mais c’est justement parce qu’il est plus aisé de critiquer voire de crucifier que de proposer quelque chose qui ne fera rigoler personne, qu’une telle proposition est lancée.

Organiser un forum a cet avantage d’être passe-partout. Mais si la proposition passe effectivement partout, elle ne peut passer concernant les choses de l’armée. Celles-ci sont le fait du chef de l’Etat et du commandement.

Maintenant le vrai politique, l’homme d’Etat, celui qui en a la carrure aurait compris que Kwamé Lougué autant "vilipendé" dans la presse ne pouvait décemment pas être toujours à ce poste aussi haut que celui du ministre.

Pour le bien de la république, de la marche du service et pour sa propre quiétude, seule la démission était la voie indiquée.

Alors ces élucubrations politiciennes ne sont que la marque de ceux qui n’ont aucune responsabilité à tenir. Peut-être qu’un jour, espérons pas trop lointain, nos politiques finiront par s’accorder que la responsabilité du politique est ce qu’il y a de plus sacrée en république.

Souleymane KONE
L’Hebdomadaire

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