Actualités :: Gouvernance au Burkina : Le président Traoré sur les pas ascétiques de (...)

En renonçant à son salaire de chef de l’Etat pour se contenter de celui de capitaine de l’armée burkinabè Ibrahim marche dans les pas du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, estime Cbs l’iconoclaste, l’écrivain chroniqueur.

« Mon salaire de capitaine me suffit largement », se serait fendu le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, dont on sait depuis le 16 novembre 2022, à l’issue du Conseil des ministres, qu’il garde son salaire de capitaine. Ce, en contradiction avec les dispositions du décret n°2008-891 du 31 décembre 2008 exhumé et « rétabli » lors dudit Conseil pour redéfinir les rémunérations des membres du Gouvernement.

En attendant de savoir le salaire lié au grade de Capitaine, quand on sait qu’en vertu du décret sus-cité, le Premier ministre et les ministres percevront désormais respectivement 1 308 000 F CFA et 1 155 000 F CFA, contre 2 782 000 F CFA et 2 386 000 F CFA sous l’ère de son prédécesseur Damiba, l’on n’a pas besoin d’être Prothée ou Kahina pour deviner que le président Traoré sera moins rémunéré que ses propres ministres. Une véritable austérité pour donner l’exemple depuis le sommet. Diantre !

Au-delà de sa silhouette, sa fraîcheur et fougue juvéniles, son grade (capitaine), son âge (34 ans) et son mode d’accession au pouvoir (coup d’Etat) qui ne sont pas sans rappeler Thomas Sankara, il convient de noter qu’il y a véritablement du Sankara supplémentaire dans les actions du président Traoré. Déjà, bien avant même l’avènement du putsch du 30 septembre 2022 qui l’a porté au pouvoir, de par son comportement et son attitude iconoclaste, on peut se risquer d’affirmer qu’il avait des valeurs sankaristes chevillées à son corps : la sainte horreur pour le luxe, notamment en période d’urgence et de priorisation des besoins du peuple ; le sens de l’intérêt général à travers la prise en compte des préoccupations de son corps d’origine.

A cet effet, nous n’oublions pas que quelques mois avant le coup d’Etat, alors qu’il était présent à Ouagadougou, le jeune capitaine Traoré a tenté de renverser un soir, la table des convives où étaient réunis des hauts gradés de l’armée pour « siroter » des boissons de luxe pendant que des soldats mourraient au front avec des conditions de travail déplorables. Et tout porte à croire que c’est dans cette même lancée que poursuit le capitaine Traoré, lorsque prenant ses premières mesures en tant que chef de l’Etat, il relève que les véhicules de type V8 dont la gestion est budgétivore, seront réquisitionnés comme des ambulances militaires et civiles au profit des populations.

Un style iconoclaste de s’éloigner des lambris dorés du palais de Kosyam

Cette austère démarche présidentielle qui tranche ostensiblement avec ce que l’on a pu voir naguère au Burkina Faso en matière de gouvernance, traduit, si besoin en était encore, de la volonté du capitaine-président Traoré de marcher sur les pas ascétiques de feu le capitaine-président Sankara dont l’ascétisme salutaire, chevaleresque et proverbial était devenu tout un suc nourricier pour l’économie nationale : refus de champagne, pas de voyage en première classe en avion pour les membres du gouvernement, possibilité pour ces derniers de voyager en avions charters, cession d’indemnités des membres du gouvernement, véhicule de fonction sobre (R5 Renault) pour ces derniers, salaire présidentiel modeste (138 736 F CFA), suppression de l’air conditionné, etc.

Aujourd’hui, avec sa fibre patriotique teintée de chauvinisme et consubstantielle à cette rigoriste dynamique sankariste, c’est un capitaine-président qui aurait souhaité que les propriétaires de véhicules consentissent des sacrifices financiers en termes de réduction de coûts lors de la récente location de véhicules dans le cadre de l’organisation de convois de ravitaillement en vivres des populations affectées par le terrorisme. Et tout comme sous l’ère Sankara, ses ministres consentent de céder 50% de leur salaire du mois de novembre 2022 pour soutenir l’action humanitaire. Du véritable remake de l’histoire !

Quoi qu’il en soit, le choix du président Traoré porté, le 21 octobre 2022, sur un Sankariste dans l’âme (Me Apollinaire Kyélem de Tambèla) comme Premier ministre indiquait déjà clairement l’intention du capitaine du navire battant pavillon Burkina de faire flotter celui-ci sur les rives des idées de Thomas Sankara.

Aussi, ce n’est pas le fait du hasard si le président Traoré a décidé d’installer son QG à la Primature ; là où Sankara avait établi ses pénates pour transformer la vie des Burkinabè et l’image du pays sur le plan international. Un style certes iconoclaste de s’éloigner des lambris dorés du palais de Kosyam, mais traduisant une fois de plus l’envie difficile à dissimuler et à réprimer du capitaine Traoré de travailler là où demeure encore vivace l’esprit du capitaine Sankara avec l’espoir que celui-ci devenu « ancêtre » irradie ses actions au quotidien.

En tout cas, cette attitude présidentielle de refus de la concupiscence, de jouissance immodérée des biens matériels rare sous nos tropiques, passe par la mortification, la capacité à s’imposer des privations ou à faire des sacrifices. Et continue de faire recette en termes de popularité, auprès de la jeunesse africaine qui en est friande. En attendant de voir la suite du film dans les jours à venir pour savoir jusqu’à quelle échelle il est prêt à « monter » sur les pas ascétiques de Sankara qui lui permettent de conserver son état de grâce dans l’opinion, il y a fort à parier que le capitaine-président Traoré n’est pas dans la logique de se servir, mais plutôt de servir la Nation.

Cbs L’iconoclaste
L’écrivain chroniqueur

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