Actualités :: Récurrence des coups d’Etat militaires au Burkina : Une tendance gravissime (...)

Pour Mamadou Diallo, analyste politique, il est à craindre que d’autres crises et risques de fractures au sein de Forces de défense et de sécurité (FDS) ne profilent à l’horizon en cas d’évolution négative de la situation sécuritaire. Il insiste sur la nécessité de donner une chance au dialogue pour sortir de la crise sécuritaire et d’engager concomitamment la refondation de l’Etat y compris des FDS.

Il faut en convenir, le mouvement d’occidentalisation du monde conduira si on ne l’endigue pas de manière déterminée et efficace, à la destruction de la Terre (nous sommes de plain-pied dans l’ère de l’Anthropocène), à une dépravation innommable de l’humain (dérives sociétales en marche comme « le Mariage et la Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour tous » les délires Trans et Post humanistes), et à l’extinction de l’humanité (catastrophes et guerres nucléaires).

Ce mouvement est porté par une dynamique radicale et féroce- par ses modalités diverses et singulières de violence réelle et symbolique- d’universalisation de la civilisation occidentale dont les fondements anthropologique, éthique, moraux et la dynamique politique heurtent profondément l’entendement humain africain et tout particulièrement sahélien.

Le mouvement du « djihad du cœur, de la langue, des mains et de l’épée » est, en une certainement manière, l’idéologie et la stratégie politique de l’islamisme radical de refus de l’Occidentalisation et d’une ambition de reconfiguration étatique en Afrique de l’Ouest portés à l’époque contemporaine par les Groupes Armées d’Obédience Djihadiste (GOAD) à la suite de leurs devanciers des XVIIIe et XIXe. Ce sont ces devanciers qui ont construit des États structurés et efficaces (Sokoto, Macina) en mettant fin au règne des aristocraties traditionnelles, commerçantes et musulmanes décadentes au sortir de la période sombre de décadence des empires du sahel central et occidental ouverte à partir des années 1600 gangrénés qu’ils furent par l’esclavage transsaharien et domestique. Comme le souligne un historien occidental « A l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, les djihads africains ont eu un impact aussi important que la Révolution Française en Europe et aux Amériques…, et affirmé la centralité de l’islam dans ces sociétés comme jamais auparavant ».

Ces Etats ont ensuite été défaits par la colonisation anglaise et française dans leur dynamique d’accumulation primitive du capital et d’universalisation des valeurs civilisationnelles occidentales.

Un petit nombre de militaires occidentaux, aidés par un très grand nombre de tirailleurs, de porteurs et guides nègres qui les ont ‘’rejoints’’ (poussés par les ravages terribles des guerres de lignages, des guerres dynastiques, des guerres d’États et d’une économique politique fondée essentiellement sur l’esclavage) a pu vaincre ces États, subjuguer et retourner leurs élites contre leurs populations. Les fondements du fait colonial furent ainsi posés mais aussi façonnèrent la lutte pour les indépendances et les indépendances elles-mêmes portées par une nouvelle élite intellectuelle taillée elle, à l’image du colon.

Ainsi est né l’État post-colonial en Afrique afin de poursuivre la mission civilisatrice de l’Occident par les modalités du Droit international, du Développement, des Partis-Etats, de la Démocratie et des Coups d’État militaires.

La question de la récurrence des coups d’Etats militaires dans notre pays est particulièrement préoccupante ainsi que l’attitude globale à leur égard de notre classe politique.

De même, l’attitude de la jeunesse urbaine en perte de repère y compris au sein de notre armée où des soldats arborent fièrement le drapeau russe comme l’ostentation de leurs sentiments français est proprement affligeant pour qui connaît l’histoire de l’Empire Tsariste Russe, l’histoire de l’URSS et celle plus actuelle de la Russie de Poutine.

Monsieur Mahamadou SAVADOGO a produit une tribune très instructive sur la situation plus que préoccupante de nos FDS face aux Groupes Armées d’Obédience Djihadiste (GAOD).

Monsieur Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE dans sa dernière tribune a souligné une tendance lourde des plus gravissimes de notre armée depuis au moins le coup d’Etat du CMRPN le 25 novembre 1980 : l’existence de clans politico-militaires au sein de notre armée ayant des ramifications au sein de la classe politique et de la société civile.

Cette tendance lourde est aussi à l’œuvre pour l’essentiel dans les armées ouest-africaines qui n’ont pas encore réussi à construire des complexes militaro-économiques à l’instar de certains pays d’Afrique du Nord (Egypte, Algérie, Soudan, etc.) et dans une certaine mesure au Sénégal avec l’appui et la toute-puissance économique, politique et sociale de l’islam confrérique d’obédience soufie dans ce pays. C’était sans doute l’ambition du capitaine président Blaise Compaoré qui a guerroyé au Libéria, en Côte d’Ivoire …. à la recherche de richesses à piller et à accumuler.

Ainsi, dans notre situation actuelle, on peut remarquer qu’après l’effort de création de forces spéciales et d’amélioration du renseignement comme forces tactiques de grande importance contre les GAOD, celles-ci sont à présent engagées dans la préparation de coups d’Etat, ainsi que la protection des vainqueurs du moment contre toute velléité de contre-coup d’Etat.

Le coup d’Etat du 30 septembre 2022, l’illustre à souhait avec en prime qu’il s’agit d’une crise au sein du MPSR qui en est la résultante comme avant elle, celles du CSP et du CNR.

Contrairement aux crises au sein des partis politiques qui conduisent à des défections et à l’atomisation soutenue et continue de la classe politique civile qui n’ont pas encore conduit à des risques d’affrontements meurtriers de grande ampleur, nous devons à présent retenir notre souffle et craindre le pire cauchemar à toute nouvelle crise au sein du MPSR et à la montée en puissance d’autres groupes politico-militaires concurrents qui attendent sans doute aussi leur heure.

Pour qui observe bien la situation marquée d’une part, par l’appel à la rue et l’instrumentalisation du sentiment anti-français par la fraction momentanément victorieuse des capitaines au sein du MPSR et d’autre part, l’attitude des différentes composantes de nos FDS les plus engagées dans la lutte contre les GAOD face au coup d’Etat du 30 septembre 2022, il semble évident que d’autres crises et risques de fractures au sein de FDS se profilent à l’horizon en cas d’évolution négative de la situation sécuritaire. Pour notre malheur, les GAOD savent bien que c’est eux qui dictent le tempo et sont la source de pression déstabilisante de la cohésion nationale et au sein de nos FDS.

C’est cette perspective que les Assisses Nationales des 14 et 15 octobre ont consacré en faisant du président du MPSR, le Chef de l’Etat, le Président du Faso et le Chef suprême des armées qui prêtera serment incessamment devant une institution censée garantir entres autres la constitutionnalité de la dévolution démocratique du pouvoir.

C’est cette politique de l’autruche qui risque d’aggraver notre situation que le monde entier considère comme la plus préoccupante en Afrique de l’Ouest.
Encore une fois de plus, il nous faut donner une chance au Dialogue pour sortir de la crise sécuritaire, engager concomitamment la Refondation de l’Etat y compris des FDS.

La construction du mouvement « Deux Millions de Signatures en faveur du Dialogue » est à présent engagée avec la préparation d’une campagne de collecte de signatures à l’échelle nationale et tout particulièrement auprès des communautés villageoises et des PDI au travers d’une Pétition qui sera lancée très bientôt. Cette pétition aura pour but l’impulsion d’un dialogue entre les premiers acteurs concernés de cette crise et sera axée sur des thématiques en lien direct et étroit avec la crise sécuritaire que le pays traverse actuellement à savoir :

1. Le renforcement de l’économie villageoise et familiale en structurant la complémentarité, la solidarité et l’unité d’action stratégique socio-professionnelles dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la chasse, de la sylviculture, de l’exploitation minière, de l’artisanat et du commerce.

2. La reconquête et/ou le renforcement du respect mutuel entre communautés et croyances sur la base de la mémoire collective de chaque village (histoire de sa création, conflits passés et actuels et leur gestion, l’accueil et l’intégration de nouveaux arrivants ‘’allochtones’’, l’accueil des musulmans et des chrétiens, etc.).

3. L’identification et de la gestion des besoins de mutation : renforcement de la sécurité alimentaire, jeunesse (éducation et instruction), élimination des statuts sociaux discriminatoires (les mal nés comme on dit), le renforcement de la santé, de l’accès à l’eau et à l’énergie, les relations inter villageoises.

4. La mise en œuvre de commissions villageoises « Vérité-Réconciliation » afin de panser les blessures profondes, de réinventer de « nouvelles alliances de lait » sur la base de leurs traditions propres

DIALLO Mamadou.
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