Actualités :: Burkina Faso : Le format et le contenu des assises laissent à désirer, selon (...)

Les assises nationales pour l’adoption d’une nouvelle charte et la désignation du président de la transition telles qu’annoncées sont porteuses de germes crisogènes tant les faiblesses sont légion aussi bien en ce qui concerne le format qu’en ce qui concerne le contenu. C’est la conviction de l’Alliance Ensemble pour le Faso qui s’en explique à travers ces lignes.

Au lendemain de sa prise du pouvoir, le Capitaine Ibrahim TRAORE a, au cours de ses différentes déclarations et interviews, annoncé la tenue dans les meilleurs délais d’assises nationales inclusives, rassemblant les représentants de toutes les couches socio-professionnelles, politiques, coutumières et religieuses du pays en vue de la rédaction d’une nouvelle charte de la transition et de la désignation du président de la transition. Après avoir pris connaissance du décret N°2022-002/MPSR/PRES, portant convocation des assises nationales les 14 et 15 octobre 2022, nous en avons pris acte.

Cette convocation est à première vue une confirmation du respect de la parole donnée par l’officier de l’armée burkinabé. Force est cependant de constater que le format et le contenu des assises laissent à désirer.

En rappel, notre pays est à une période charnière de son histoire et son existence même est aujourd’hui compromise en raison de la crise sécuritaire qui le frappe depuis plus de sept ans. A cette crise, il faut ajouter les immixtions intempestives de l’armée dans la vie politique qui ne sont pas de nature à améliorer la situation déjà très préoccupante. Il y a donc urgence à trouver les voies et moyens d’assurer une transition apaisée et réussie, condition nécessaire pour inverser le rapport de force en faveur des FDS sur le front sécuritaire et humanitaire. A cet égard, les assises annoncées revêtent la plus grande importance car nous n’avons plus le droit à l’erreur.

Or, telles qu’annoncées, les assises nationales sont porteuses de germes crisogènes tant les faiblesses sont légion aussi bien en ce qui concerne le format, qu’en ce qui concerne le contenu.

Sur le format des assises

S’agissant du format, nous notons un risque élevé que les assises ne se transforment en une foire de dupes où siègent des personnes qui n’ont aucune légitimité avérée à parler au nom de nos concitoyens. Cela est vrai non seulement pour les partis politiques mais aussi pour les régions, le MPSR et la société civile.

Pour le cas des partis politiques, il est à noter que depuis le coup d’État du 24 janvier 2022 qui a remis en cause l’ordre sorti des élections de 2020, les notions de majorité présidentielle et d’opposition politique sont devenues caduques. Il n’y a donc aucune légitimité attachée aux notions d’ex APMP, d’ex CFOP, d’ONA et d’Autres partis politiques. De plus, la répartition proposée ne reflète aucunement la représentativité politique nationale actuelle. Nous ignorons les critères qui ont prévalu au choix proposé mais son caractère arbitraire évident est une grave entorse au crédit et à l’espérance que le peuple tout entier porte à ces assises du point de vue de sa représentativité et partant, de sa légitimité. La conséquence certaine de ce schéma sera, à n’en pas douter, l’exclusion d’une bonne partie de la classe politique qui porte aujourd’hui les aspirations légitimes de notre peuple.

En ce qui concerne le MPSR, il reste une nébuleuse dont le peuple burkinabè ne connait pas la composition depuis le 24 janvier 2022. Il est important que le peuple burkinabé sache qui le gouverne. Il y a donc lieu de donner la composition du MPSR avant les assises comme gage de transparence dans la gestion de la chose publique.

S’agissant des OSC, l’on ne sait pas encore quels sont les critères qui ont présidé aux invitations qui circulent actuellement. Tout porte à croire que comme aux précédentes assises, seront invités aux assises des « oiseaux du ciel qui ne cultivent pas et qui mangent » en lieu et place des organisations les plus représentatives.

A l’égard des forces vives des régions, tel qu’il a été donné de constater lors de la désignation des représentants à l’ALT, aucun critère objectif ne permettra de désigner les forces vives régionales. Leur choix sera donc guidé par l’arbitraire, toute chose qui déteindra sur la crédibilité des assises et partant, sur la légitimité de ses décisions.

Sur le contenu des assises

S’agissant du fond, il ressort que les assises ont pour mission d’adopter la charte, de désigner le Président de la Transition et de recueillir les propositions pour une bonne marche de la transition. C’est trop léger pour une instance qui doit décider de la vie de la nation.

Après le coup d’État, notre pays a déjà un régime de fait qui dirige le pays. Il n’y a donc aucune raison de se précipiter vers l’abîme. Il convient donc de se donner le temps et les moyens de faire les choses correctement pour mettre le pays définitivement sur la voie de l’espérance.

Notre appel

Au regard de ce qui précède, et prenant l’opinion nationale et internationale à témoin, nous appelons les autorités morales et le peuple burkinabè à la responsabilité et à la vigilance pour ne pas rater ce tournant décisif pour notre histoire commune.

Nous interpellons ensuite le Capitaine Traoré Ibrahim sur sa responsabilité personnelle à ne pas décevoir l’espoir que la jeunesse désabusée et en manque de repère a placé en lui.

Au regard de ce qui précède, nous appelons le Capitaine Traoré à reporter ne serait-ce que de deux semaines les assises nationales pour une meilleure organisation. Ce laps de temps lui permettra de rencontrer l’ensemble des forces vives pour exposer sa vision de la transition. Cette étape est importante pour nourrir les propositions qui devront être faites lors des assises pour une transition réussie.

Il permettra ensuite d’élaborer un document de travail qui servira de base de discussion aux participants et de donner un contenu plus consensuel. Enfin, ce report permettra aussi de revoir le format des assises pour assurer une plus grande représentativité des participants qui devront avoir un minimum de légitimité pour que les décisions prises en soit autant.

Fait à Ouagadougou, le 11 octobre 2022

Pour l’Alliance Ensemble Pour le Faso

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