Actualités :: Situation nationale : Les cinq grandes propositions pour rebâtir le Burkina (...)

Cette note de propositions pour la reconstruction du pays est du journaliste Mathieu Leader. Il y formule cinq propositions pour rebâtir le Burkina Faso.

1. Regroupement des partis politiques en deux camps : La gauche et la droite

Ces deux camps politiques qui s’opposent ne sont pas d’accord sur la façon de gouverner le pays. Mais les personnalités politiques, de gauche comme de droite, auront un but commun : améliorer la vie des Burkinabè. Cela nous évite les multiples partis politiques qui se crée chaque jour, avec pour gouverne leurs intérêts égoïstes. Cela participera grandement au courant idéologique populaire plutôt qu’à la corruption politique populaire. Ainsi, l’Etat ne reconnaîtra que ces deux idéo-politiques qui devront présenter chacun un candidat aux élections.

2. La révision de notre système éducatif, et l’axer sur la productivité et la culture du patrimoine national

S’il y a une chose dont les analystes patriotes sont unanimes, c’est l’inadéquation de notre système éducatif. Vous avez par exemple des élèves qui gagnent le bac et qui ne savent pas encore ce qu’ils feront après. Aucune vision de leur avenir. Hormis le stylo et le cahier, ils ne savent rien faire d’autre. C’est déplorable.

Il faudrait commencer par réviser les manuels et les programmes de formation. Cette révision devrait nous épargner des "bébé lève la tête...Nani est nue...la pipe de papa...". Plus loin, on devrait remplacer l’enseignement sur la révolution française par la révolution sankariste. On devrait présenter les héros d’Afrique à la place des pseudos héros comme Napoléon, Luis XIV... Nos élèves connaissent mieux l’Europe que l’Afrique. C’est pourquoi ils rêvent d’y aller par tous les moyens et certains vont jusqu’au péril de leurs vies.

Il ne s’agit pas seulement de changer, mais le plus important c’est d’introduire un programme qui répond à nos réalités et à notre contexte. La formation professionnelle et technique devrait commencer depuis le CP1. Il faudrait abandonner cet enseignement dit général qui ne produit que des chômeurs en attente des concours publics. L’Etat n’ayant pas les moyens de recruter tout le monde à la fonction publique devrait créer toutes les opportunités à l’élève pour que le fait de venir travailler à la fonction publique soit par patriotisme et non par manque d’argent.

Deuxièmement, il faudrait rigoureusement repenser l’enseignement sur les valeurs civiques et culturelles. Un enfant est comme une feuille blanche et on y écrit ce que l’on veut. Il faudrait apprendre à l’enfant depuis le bas âge les valeurs d’intégrité, de patriotisme, de pardon et de probité. Les matières comme "éducatif civique et sportive" doivent occuper une très grande partie dans le programme. Sans cela, vouloir changer les hommes et oublier l’enfant, c’est comme couper les feuilles d’un arbre croyant l’avoir abattu. Notre système éducatif est plus malade que notre système politique. Il faut l’admettre. Un homme ne peut donner que ce qu’il a. La formation est la gouverne des actions publiques.

Tant que nous n’allons pas revoir notre système éducatif, il y aura des corrupteurs, des corrompus, des braqueurs, des hommes politiques idiots et cela va engendrer des coups d’Etat, même dans 50 ans.

3. Lancer une construction populaire du pays

Chaque année, des milliards sont mobilisés pour les grands chantiers, mais la population n’y voit pas grand changement et même lorsqu’il y a des mouvements populaires, ils ne tardent pas à brûler et à casser.

Par exemple, en lieu et place de donner des milliards à une entreprise pour construire une route, faites recenser les jeunes du quartier ou de la ville et donner leur l’occasion de construire eux-mêmes la route. Il suffit de leur donner 10000 ou 15000F/jours, une petite formation, puis les encadrer par des spécialistes pendant l’exécution du chantier.

Ainsi donc l’Etat dépense moins, les chômeurs ont du travail et sont occupés, et les populations sont fiers d’avoir construit eux-mêmes leurs route. Thomas Sankara l’a fait pour beaucoup de chantiers comme les routes, le chemin de fer, et certains bâtiments publics. Rassurez-vous, vous n’avez pas à leur demander de ne pas brûler cette voie ou cette école qu’ils ont bâties de leurs propres mains. Ils sont même capables de menacer celui qui s’aventurerait. C’est là où commence le patriotisme...

4. Encourager et promouvoir l’invention technologique

Beaucoup de jeunes ont développé des solutions assez intéressantes dans le domaine de la technologie et de la science, mais les politiques n’y accordent pas un grand intérêt. Dans ce XXI e siècle, aucun pays ne peut se développer en mettant en marge ce volet. Ce serait une illusion. Il faut créer carrément un cadre de création et de développement technologique. Nous devons suivre l’exemple du Rwanda.

5. Adopter un plan de développement durable sur 50 ans

Le problème au Burkina c’est qu’on veut le changement ici et maintenant. Certains axes du développement devraient prendre 10-20 ou 30 ans. Nos hommes politiques s’engagent dans des choix politiques qui les arrangeront pendant leur mandat au pouvoir, même si cela engendrerait des conséquences graves pour les générations à venir. Le terrorisme en est un exemple.

La construction d’un pays ne se fait pas par un programme quinquennal. Le pays devrait avoir un plan de développement sur 50 ans. Ceci nous permet d’avoir un plan de développement objectif, réfléchi et surtout pour le bien du peuple. Ainsi chaque nouveau dirigeant devrait puiser son plan d’action dans ce plan général de développement durable. Chaque Burkinabè doit être fier d’avoir contribué et non seulement fier d’avoir fait. Si vous voyez l’instabilité politique de certains hommes politiques c’est parce qu’ils luttent pour leurs propres intérêts. Ils sont venus en politique pour se servir et non pour servir le peuple. Même ceux qui sont sincères dans leur idéo-politique veulent que leur luttent aboutissent de leur vivants afin d’avoir les honneurs et les acclamations.

Pourtant, il y a des combats idéologiques qui seront acceptés dans 30-40 ans voire plus. Il faut être fier d’avoir simplement contribué. Autant nous luttons pour chasser certains partenaires du Burkina, autant nous devons lutter pour reconstruire notre pays. Le changement vient de l’intérieur vers l’extérieur. Lorsque c’est le contraire ça devient de la propagande et non du patriotisme. Même si aujourd’hui le terrorisme finissait, le Burkina demeurera malade politiquement et économiquement, et le chômage ne diminuera pas. C’est d’ailleurs le manque de développement qui a entraîné le phénomène terroriste au sahel.

Comment éradiquer le terrorisme ?

Le fait de tuer les terroristes c’est bien, mais déterrer les racines du terrorisme (financement, approvisionnement, parrains...) est la solution. Sans soutiens extérieurs, la plus longue durée du terrorisme est au plus 6 mois. Ils déposeront les armes.

Depuis la crise, grâce au FDS, ils sont des milliers de terroristes neutralisés, mais leur nombre s’augmente davantage. Tuer est une solution mais peut-être pas la meilleure. Aucune guerre dans le monde n’a fini par les armes uniquement. Il faut ajouter à l’action sur le terrain une autre méthode.

C’est seulement en période d’exception comme celle que le Burkina vit actuellement que certains points importants peuvent être entièrement traités. Un politicien démocratiquement élus, quelle que soit sa bonne volonté ne peut résoudre certaines équations importantes de la Nation.

Je m’arrête à ces grands axes importants de développement. C’est ma contribution pour mon pays.

Pour notre pays, nous vaincrons !

Mathieu Leader

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