Actualités :: Mendicité groupée dans les villes du Burkina Faso : « Cette situation nous (...)

Dans cette tribune, Kountiala Jean de Dieu Somé, doctorant en éducation, s’inquiète des grappes de mendiants qui essaiment les rues des grandes villes du Burkina. Il invite à les prendre correctement en charge, sinon, prévient-il, cette situation nous bouffera tous, si rien n’est fait.

« Je viens en paix. Je ne suis qu’un citoyen fragile avec un œil social.
Je viens une fois de plus interpeller sur l’avenir des milliers de femmes et d’enfants qui s’attroupent sur les passagers à tous les coins de la ville de Ouagadougou et de toutes les autres villes du Burkina Faso (mendicité groupée).

Oui, je sais qu’on a le choix de monter les vitres et passer quand des groupes de plusieurs femmes et enfants s’attroupent autour de nous. Mais il y a tout de même une conscience qui nous grogne, nous qui voulons aider, mais savons que c’est impossible de donner quelque chose à tous ces groupes qui nous tendent la main à chaque 1 km voir 500 m sur la route.

Ceux qui ne reçoivent souvent rien quand ils viennent vers nous finissent souvent par tendre la main avec insistance et retournent avec le cœur serré contre des gens véhiculés qui ne veulent pas les aider. La révolte est bien possible dans ces cas de figures, à court ou à long terme. Et c’est le prix que nous paierons les nuits et les jours, nous hommes de bonne ou de mauvaise foi : personne ne sera épargné.

Et que dire des enfants (des mamans accompagnées de 2 à 4 enfants souvent) d’un âge compris entre 6 et 15 ans (surtout côté féminin) qui accompagnent leurs mamans dans la rue pour une mendicité groupée ? Ces enfants qui n’apprennent rien dans des rues de crimes et seront forcés à suivre l’éducation de cette rue pour survivre ? Et bien le temps nous le dira s’il ne nous le dit pas déjà.

Je vous le rappelle : les problèmes sociaux naissent un seul jour, mais il faut souvent 10 ans pour les éteindre. Nous serons demains coupables de ce qu’on aurait inconsciemment contribué à créer.
Alors je donne ma voix aujourd’hui pour, et une fois de plus, dire non à la mendicité groupée dans nos villes et je propose ceci :

1) Créons des centres d’accueil pour toute personne de la rue et obligeons tout mendiant à y aller, à ne moins qu’il accepte quitter la rue pour être chez quelqu’un. Ces centres auront une mission d’éducation, d’instruction, et de formation. Je préfère le développement d’une culture institutionnelle à celui d’une culture de la rue.
2) Allouons une part du budget national (qui vient de la contribution de tous les Burkinabè) à la gestion de ces centres.

3) Encourageons et cultivons les dons individuels et institutionnels à ces centres. Je préfère faire un don annuel de 60 000 FCFA à un centre qui, en plus de nourrir ces enfants, pourrait les éduquer que de donner plus de 60 000 F à ces femmes et enfants, qui après dépenses sont obligés de s’exposer à tous les risques.
Cette situation nous bouffera tous, si rien n’est fait.

Parce que les enfants qui sont dans ces groupes grandiront et n’auront plus l’attention des usagers de la route. Si la route ne leur nourrit plus, ils se nourriront sans doute de la rue.
J’invite les hommes de média à vraiment actionner la conscience collective pour qu’on mette fin à la pratique et donne la chance à ces enfants et femmes de jouir de leurs droits sociaux, économiques et culturels ».

Kountiala Jean de Dieu SOME
Doctorant en Education, ISU, USA, 2020
Lead-Projets, Mobilisation de Ressources et Communication Stratégique/Cidoc
Auteur, Formateur-Traducteur-Interprète bilingue
Certifié en Andragogie de l’enseignement des langues
(TESOL) et de la diversité culturelle (CAT) 2018
Alumnus Fulbright et Yali, 2017
Enseignant d’anglais d’instituts supérieurs privés
Président-Directeur du Dream Center for Young Leaders

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