Actualités :: Burkina : « Un autre changement brutal à la tête de l’Etat va entraîner dans le (...)

19 août 2017 - 19 août 2022. Voilà cinq ans que le président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à l’époque président de l’Assemblée nationale également, Dr Salifou Diallo, a tiré sa révérence. Créé en janvier 2014 et déjà au pouvoir en novembre 2015, le MPP a aussitôt perdu le pouvoir le 24 janvier 2022, après que Simon Compaoré, un du trio de tête et baroudeur, ait été, selon des sources mêmes du parti, poussé à céder la direction du parti en septembre 2021. Autopsie de la vie du MPP avec Yacouba Ouédraogo, cadre du parti et ancien chargé de mission de Salifou Diallo. Au-delà de la vie du parti, la situation nationale a été scrutée par celui-là qui est considéré comme « le maître attitré des cérémonies et meetings du MPP » et également connu pour ne pas tourner autour du pot. Interview !

Lefaso.net : Il y a cinq ans, jour pour jour, votre parti perdait son président, Salifou Diallo. Le triste anniversaire 2022 se tient dans un contexte particulier de perte récente du pouvoir, avec un MPP qui s’amenuise, loin d’être au mieux de sa forme … Je vous laisse donc camper le décor de l’interview !

Yacouba Ouédraogo : Je voudrais rendre grâce à Dieu, qui nous a permis d’être là en ce lieu et rendre un vibrant hommage à un grand monsieur, qui a donné toute sa vie pour le Burkina Faso, mais qui, malheureusement, n’a pas été compris. Mais il reste l’homme politique qui a, à son compteur, le parcours politique le plus complet possible et le parcours professionnel le plus exaltant de toute l’histoire du Burkina Faso. De directeur général à ministre, en passant Premier ministre, vice-président et président de l’Assemblée nationale, puis président du Faso.

Malheureusement, déchu par un coup d’Etat. Je pense que c’est une prouesse. C’est un homme de paix, un grand démocrate, un patriote auquel je ne peux entrer dans le vif du sujet sans rendre un hommage. Il s’agit de Roch Marc Christian Kaboré. Il est actuellement hors du pays pour des soins, j’implore le Seigneur pour qu’il puisse recouvrer rapidement la pleine forme afin de continuer également à accompagner la génération future dans la lancée de construction nationale.

Nous avons constaté, avec amertume et regret, la chute du pouvoir MPP, le 24 janvier 2022. Mais si vous vous rappelez, je vous avais dit à un moment donné que si le MPP doit tomber, il ne tombera pas par le fait de l’extérieur, mais de l’intérieur (lors d’une interview en août 2018 : ndlr), parce que j’avais dit qu’après le départ de Salifou Diallo, il allait avoir trop de problèmes de gestion, la chasse aux sorcières allait démarrer, les partenaires de Salifou Diallo allaient avoir des soucis majeurs. Cela a été comme une prophétie. Les gens ont pris toutes sortes de coups, mais ils sont restés fidèles à la vision de Salifou Diallo et fidèles à Roch Marc Christian Kaboré et à Simon Compaoré, qui ont su quand même, à leur niveau, les rassembler.

Malheureusement, après, le bateau a été confié à des gens, une nouvelle direction qui n’a pas été à la hauteur et dès l’entame de son exercice, elle a commencé à faire la division, le clanisme, des frustrations d’une profondeur inimaginable. Ce qui a conduit inexorablement à la chute du pouvoir, avec un président démocratiquement élu. Qui connaît Roch Marc Christian Kaboré sait que l’homme peut aujourd’hui aller au grand marché, parce que c’est un homme de paix.

Malheureusement, autour de lui, je le répète et ne passerai pas par le dos de la cuillère, il a fait confiance à des gens qui ne le méritaient pas. Au moment où il était concentré pour sortir le Burkina de la crise, au moment où il était en train de se battre pour solutionner la crise sécuritaire, autour de lui, il y avait des gens qu’il avait nommés ministres, responsables d’institutions, directeurs généraux… qui se faisaient la bagarre pour le contrôle des ressources de l’Etat.

On voyait des gens se comporter avec l’argent comme s‘ils avaient chez eux un arbre qui produisait du CFA ou des dollars. Cela a créé beaucoup de frustrations au sein des populations et au sein même du parti. Les piliers du parti ont, à un moment donné, été écartés. Le pire, quand on partait au congrès (le congrès de septembre 2021 : ndlr), la grande partie des cadres du parti n’étaient pas d’accord pour le choix du président actuel. Il y a même eu des pétitions qui ont été faites à ce sujet. Mais, la politique restant ce qu’elle est, on leur a confié la direction du parti.

Malheureusement, on a mis de côté un autre baobab qui a construit le parti avec Roch Marc Christian Kaboré, il s’agit de Simon Compaoré. Ce changement n’a pas été du tout une chance pour le parti. La crise sécuritaire n’est pas quelque chose de nouveau, Roch Marc Christian Kaboré a commencé son premier mandat avec cette crise et il l’a exercé dans la crise, mais les Burkinabè lui ont fait confiance ; parce qu’il avait des hommes valables au tout début, qui faisaient des actions, notamment Salif Diallo et Simon Compaoré.

Il a démarré le deuxième mandat avec réellement des soucis de gouvernance à l’interne même du parti et au sein du gouvernement, des problèmes au sein de l’armée et des problèmes, naturellement, au sein des populations. Et qui connaît Roch Marc Christian Kaboré, son humanisme, son patriotisme, il met l’homme à chaque fois face à ses responsabilités. Si tu échoues, tu réponds. Il a dit à ses ministres : « Si tu prends un franc, tu répondras devant la justice ». Et on se rappelle qu’il a été le premier à lancer l’opération « mains propres ».

C’est dans ce contexte que le parti est tombé. On a dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Naturellement, une équipe qui a perdu, rend aussi le tablier. Les gens se sont battus comme des diables pour prendre le pouvoir en 2015. Ils ont tout mis en œuvre pour cela. Il y a des gens qui ont tout investi dans la conquête du pouvoir et pour accompagner le président Roch Marc Christian Kaboré pour le premier mandat. La campagne pour le deuxième mandat, des gens ont également tout mis dedans, malgré qu’on était déjà au pouvoir.

Des gens ont mis leurs propres matériels, leur énergie, etc. A la sortie des élections, le gouvernement qu’on a proposé au MPP et aux Burkinabè n’était pas ce qu’on espérait. Ce gouvernement a résisté pendant une année. Mais le hic, c’était le deuxième gouvernement, par lequel des gens ont œuvré à l’interne pour écarter les piliers du parti. Naturellement, quand ces piliers-là ont été débarqués, ils n’ont plus mouillé le maillot. Ils ne fournissaient plus d’effort.

Une posture aussi critiquable de la part de ces piliers, peut-on penser !

Tout à fait ! C’est là où moi, je les critique, parce que tout le monde n’est pas ministre, tout le monde n’est pas DG (directeur général) et on n’y arrive pas non plus par concours. Il y en a qui ont plus mouillé le maillot qu’eux, qui ont plus de compétences qu’eux, mais n’ont pas eu la chance d’être choisis par Roch Marc Christian Kaboré pour occuper les postes que, eux, ont occupés. L’administration est une rotation.

Si on t’a mis ministre aujourd’hui, demain si on t’enlève, tu dois avoir le même engagement militant, la reconnaissance humaine pour toujours accompagner la dynamique afin d’atteindre l’objectif. Malheureusement, les 22 et 23 janvier 2022, nous avons constaté une absence incroyable sur le terrain. Nous jeunes du parti (il y a des témoins, je ne citerai pas de noms, mais les plus honnêtes diront qu’ils nous ont vus sur le terrain jusqu’au 25 janvier), on était en train de chercher des solutions.

Nous sommes des démocrates, c’était donc notre devoir de chercher à barrer la route au putsch. Nous avons tout fait pour tenter de résister, mais un parti politique, ce n’est pas simplement comme une OSC qui peut sortir subitement ; c’est structuré. Le président du parti était injoignable. Certains vice-présidents étaient injoignables. Nous avons rencontré le premier vice-président, qui n’avait pas de solution. Il nous a tout simplement dit : « On va observer ».

Cette rencontre avec le vice-président, c’était avant ou après la proclamation du coup d’Etat ?

Avant la déclaration, parce que nous cherchions les voies et moyens pour faire sortir les jeunes, la masse, pour dire non. Pour dire qu’il y a certes crise, mais ce n’est pas la bonne manière de résoudre les problèmes, on ne veut pas de coup d’Etat. Mais c’est comme si les premiers responsables du MPP étaient d’accord avec le coup d’Etat. Et moi, je traiterai toujours leur comportement comme une trahison vis-à-vis de Roch Marc Christian Kaboré et vis-à-vis des militants du MPP. Quand on n’a pas la capacité pour gérer quelque chose, on ne fait pas la bagarre pour la prendre. Ils ont fait la bagarre pour récupérer le parti, mais n’avaient pas la capacité pour le gérer. Je te prends un simple exemple : un aîné d’une famille, qui voit que son papa a des difficultés.

Au lieu de réunir ses petits-frères ou même sortir aller appeler les voisins pour venir sauver le papa, il disparaît par des calculs, se disant que si le père n’est pas là, il peut prendre sa place. C’est une haute trahison. Nous devons tirer toutes les conséquences, pour que si le MPP veut continuer, il continue. Il faut que les gens aient le courage nécessaire de tirer toutes ces conséquences, en reconnaissant qu’ils ont fauté et laisser la place à une nouvelle équipe. En ce moment, on se mettra ensemble pour travailler.

Les démissions que vous voyez, ne sont pas toutes de la trahison. Les frustrations sont tellement profondes que ma bouche ne peut pas tout décrire. Les gens sont très frustrés. Les militants du MPP aiment Roch March Christian Kaboré, même demain. Ils sont prêts, même demain, pour Simon Compaoré. Ils ne finiront jamais de prier pour le repos de l’âme de Salif Diallo. Mais des parvenus qui ont surgi à la tête du MPP sont ceux-là qui ont créé les problèmes au parti. Et si la jeunesse du MPP ne prend pas garde, le parti ne survivra pas.

Notons ça encore : si on ne tire pas toutes les conséquences, si Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré ne décident pas pour l’avenir de ce parti, le MPP va voler plus en éclats que ce que vous voyez. Ceux qui ont démissionné sont ceux-là qui ont presque tout eu avec Roch Marc Christian Kaboré. Ils étaient des enfants chouchous de Roch Marc Christian Kaboré. C’est ceux-là à qui il avait entièrement fait confiance ! On se connaît dans ce parti, on a démarré en 2014. Roch Marc Christian Kaboré a nourri des gens au biberon.

Nous lui devons cette reconnaissance. Il y en a qui n’ont pas attendu qu’il soit libéré avant de démissionner. C’est un coup dur à supporter. D’autres ont attendu qu’il soit libéré et mentir sur sa personne pour pouvoir créer des partis politiques. C’est très malsain ; parce que, quel que soit le problème, quelle que soit notre conviction, un jeune leader doit avoir un certain nombre de comportements (valeurs), notamment la loyauté, la fidélité, l’engagement et la détermination. Il faut à chaque épreuve avoir cela en tête.

… Est-ce ce qui vous maintient dans le parti, quand on imagine que ce ne sont pas des offres qui peuvent manquer ?

C’est pour cette raison que je n’ai pas encore démissionné du MPP. Je me suis engagé au MPP par conviction. Même si je dois partir du MPP, ce sera avec un consensus clair et net, jaugé, préparé et accepté par Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré. On ne s’engage pas dans un parti politique pour être riche. On ne s’engage pas dans un parti politique pour, au premier choc, sauter aller dans un autre.

Tant que nous n’allons pas nous démarquer de cette vie de frivolité politique, de prostitution politique, la jeunesse politique de ce pays n’aura pas d’avenir. Je suis à mon deuxième parti politique ; j’étais CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, parti qui a perdu le pouvoir en octobre 2014 : ndlr), avec tout l’engagement que j’y avais.

Et quand j’étais prêt à partir, tel que je suis en train de critiquer au MPP, je critiquais le CDP jusqu’au haut niveau. J’ai fait des critiques face-à-face avec François Compaoré (il y a des témoins) et j’ai démissionné après (François Compaoré, petit-frère du président Blaise Compaoré, était considéré à l’époque comme le petit président : ndlr). Je me suis ensuite engagé au MPP, corps et âme. Ce n’est pas parce qu’il y a eu coup d’Etat, que je vais jeter tout ce que j’ai fait hier comme actions.

Mais je suis avant tout Burkinabè, et à ce titre, l’avenir du Burkina Faso me préoccupe et m’incombe. Je me battrai donc pour que le Burkina Faso sorte de cette crise. Voilà pourquoi je dis : nous allons soutenir la transition pour qu’elle réussisse ; puisque seuls, ils ne pourront pas réussir. Mais cela ne nous empêchera pas de leur dire aussi que telle ou telle autre chose n’est pas bien ; parce que la politique politicienne, juste pour les intérêts individuels et égoïstes, n’arrange pas ce pays.

Nous sommes à ce stade parce que, hier, à des époques assez récentes, il y a des gens qui ont transformé ce pays-là en leur propre chose, ils ont transformé ses richesses, ses biens en leurs biens personnels. Et ces gens-là, quand ils voient un jeune qui ne marche pas sous leurs ordres, un jeune qui veut tracer son propre chemin, qui ne baisse pas la tête devant eux ou qui ne lèche pas leurs bottes, ils vont le traiter de tous les noms.

C’est cela la politique au Burkina Faso ; elle est comme une entreprise. Les gens créent leur entreprise, ils veulent que vous veniez travailler, mais ne mettent pas les moyens pour que vous le fassiez. Vous venez, vous travaillez finalement avec vos fonds, votre énergie et dès qu’il y a succès, on vous écarte parce qu’on vous est redevable ; si on vous repositionne, on ne peut pas vous réclamer une quelconque action, donc on envoie d’autres personnes qu’on peut manipuler. C’est cela la réalité. Les cadres du MPP ont été très ingrats envers les militants et avec Roch Marc Christian Kaboré.

Il y a des cadres, des ministres et autres personnalités qui ont travaillé à saboter ce que Roch Marc Christian Kaboré a voulu faire pour ce pays. Et ça, c’est très déplorable et on ne cessera de le répéter : il faut que les gens changent leur façon de faire la politique. Quand ils cherchent le pouvoir, ils ont besoin de jeunes dynamiques. Mais dès qu’ils gagnent le pouvoir, ils vont vous parler des hommes de l’ombre. Ah bon ! Pourquoi vous n’êtes pas allés chercher ces derniers pendant le combat ?

Ceux qui mènent les combats sont aussi des enfants de gens ! Voilà pourquoi il y a crises, trop de frustrations. De frustrations en frustrations, le pays ne s’en sortira pas. Et voilà pourquoi, je demande à son excellence monsieur Paul-Henri Sandaogo Damiba - il est jeune, nous l’attendons au soir du bilan - qu’il fasse en sorte d’être plébiscité. Ce serait de l’honneur pour le Burkina Faso, notamment sa jeunesse. Ce n’est pas parce que je suis MPP, qu’on nous a fait un coup d’Etat, que je ne vais voir que l’intérêt de mon parti ou mon intérêt personnel. Non, je regarde l’intérêt du Burkina Faso.

Aujourd’hui, l’analyse que je fais, un autre changement brutal à la tête de l’Etat, quelle qu’en soit la manière, va entraîner dans le chaos. Nous voyons comment la vie est difficile. Rien qu’hier, il y a eu augmentation du prix de l’essence. La population à la base souffre énormément. Les populations déplacées internes souffrent énormément. Il n’y a pas un Burkinabè honnête, sincère, qui ne souffre pas dans sa chair aujourd’hui. Donc, pour éviter le chaos, il faut qu’on ait le pays en tête. Et pour cela aussi, il faut qu’il (Damiba) accepte de faire son autocritique de sa gestion de huit mois et aller à un renouvellement de son équipe gouvernementale.

Dans l’équipe gouvernementale, il n’y a que trois ou quatre ministres qu’on voit sur le terrain ; les autres veulent exercer, mais ne veulent pas qu’on les voie parce que c’est un pouvoir d’exception, qui est arrivé par un coup d’Etat. Ils ne veulent pas s’assumer. Qu’il leur dise que s’ils ne veulent pas s’assumer, ils n’ont qu’à circuler ! Si tu dis que tu es avec quelqu’un, tu le soutiens avec les avantages et les conséquences ! On a l’impression qu’il y a des ministres qui sont dans le gouvernement pour le meilleur uniquement. A commencer par le Premier ministre. On ne le sent pas. C’est vrai qu’il m’a formé (enseignant), mais s’il sait que la charge est difficile à porter, le Burkina Faso ne se limite pas à une personne, il rend sa démission, le président fait un nouveau gouvernement et on avance.

Au niveau de l’ALT (Assemblée législative de transition) aussi, il y a de sérieux problèmes ; si c’est passible aussi de voir le cas, la chuter (dissoudre : ndlr) comme au Mali et faire en sorte que toutes les sensibilités du Burkina Faso se retrouvent dedans, ce serait bien pour la transition. Et le gouvernement qu’il va mettre en place, qu’il tienne compte de ceux qui le critiquent ; les critiques, ce n’est pas de la méchanceté, c’est pour que les choses s’améliorent. Personne ne souhaite la chute du Burkina Faso.

Je vais donc lancer un appel, surtout à la jeunesse du Burkina Faso : la politique, on ne la fait pas à fleur de peau. La politique se construit sur des principes. Plus pressé que la musique, on fait de faux pas. Nous avons vu ailleurs, des gens qui ont fait plus de trente, quarante ans dans un parti politique. Les retombées dans un parti politique ne sont pas immédiates. Si on devait attendre des retombées à la première heure, on aurait démissionné du MPP depuis longtemps ; parce que je fais partie des marginalisés, au sens réel du terme. Mais on y est et cela ne m’empêchera pas non plus de donner ma contribution à la construction de l’édifice national, en accompagnant la transition.

Le MPP peut rebeloter ; avec un candidat sérieux, responsable, il reprend le pouvoir. A défaut, il peut faire des coalitions avec d’autres partis politiques pour prendre le pouvoir. Pour répondre à votre question, j’ai été approché par plusieurs partis politiques, plusieurs tendances politiques, même des démissionnaires du parti. Il est vrai aussi que j’ai accepté de partager ma petite expérience avec un homme, que je respecte beaucoup, et dont je préfère taire le nom. Mais je reste MPP. Au-delà de l’engagement politique, j’ai un engagement personnel vis-à-vis de Salif Diallo, de Roch Marc Christian Kaboré.

Salif Diallo m’a dit un jour (et son ancien directeur de cabinet est témoin, c’était notre dernier échange avant son dernier voyage) : « Yacouba, faites attention, la vie politique est parsemée d’embuches. Mais pour réussir, il faut être fidèle. Je vous exhorte à être fidèle à Roch Marc Christian Kaboré. Je demande de donner tout l’engagement que vous pouvez donner au MPP, parce que ce parti-là est un parti centenaire, on a construit ce parti avec de grandes ambitions pour le Burkina Faso ». Il a poursuivi en nous faisant comprendre que ce dont nous bénéficions, ce dont notre génération profite aujourd’hui à travers les postes de responsabilité, ce n’est pas le fruit de notre travail politique ; on profite des fruits de leur travail, et qu’on devrait travailler aussi pour que d’autres profitent de nos efforts.

Il a insisté sur la nécessité qu’on crée une génération politique, qu’on ne se trahisse pas : un pour tous et tous pour un. Probité, fidélité, loyauté, respect du bien public, respect des principes et valeurs du parti. C’est ce qui fait que même cinq ans après son décès, et malgré le coup d’Etat, nous parvenons à toujours sortir la tête de l’eau. Il ne suffit pas seulement d’avoir l’argent, de gros diplômes, être intelligent ou occuper des postes de prestige, c’est le système qui rend fort, pas chacun individuellement pris.

Quand vous observez les résultats des élections passées, individuellement pris, je ne pense pas que quelqu’un puisse taper sa poitrine pour dire que c’est lui seul qui a fait la victoire de Roch March Christian Kaboré. Malgré la présence de l’APMP, on n’a pas atteint deux millions de voies pour Roch March Christian Kaboré. C’est une leçon qu’il faut humblement tirer. Il y a des ministres qui n’ont pas pu avoir plus d’une voie dans leur province. Dans une telle réalité, au lieu qu’on soit humble et qu’on se dise la vérité clairement pour se mettre ensemble et avancer, ils éclatent le parti.

Ok, éclatez, les gens vont constituer une force et vous allez leur donner à boire demain matin. Si le MPP ne panse pas ses plaies, si les premiers responsables ne se démarquent pas de l’orgueil politique, s’ils ne se rendent pas compte qu’ils ne sont pas aimés au sein du parti (et même les populations ne les aime pas, c’est parce qu’ils ont un peu dans leurs poches que les gens les suivent), ça va être difficile.

C’est grâce à Roch Marc Christian Kaboré que tous ces gens-là font le gros dos, comme si le pays-là leur appartenait. Non ! Le coup d’Etat-là, il a suffi d’un coup de feu pour que chacun disparaisse. Ils ont disparu des radars, laissant Roch Marc Christian Kaboré seul. Un pouvoir démocratique, chèrement acquis, est tombé comme une mangue mure. Ça fait mal, et même demain, ça me fera mal. J’ai vu Salif Diallo sortir avec perfusion, rentrer dans le véhicule avec pour aller d’une ville à une autre pour faire des meetings.

Il a donné sa vie pour le parti. J’ai vu Simon Compaoré parcourir des centaines de kilomètres, la nuit. La campagne passée, il a quitté Bobo à 17h pour rejoindre directement Fada. Imaginez la distance et l’insécurité. J’ai vu Roch March Christian Kaboré faire la quasi-totalité des 360 communes du Burkina Faso, dans des conditions difficiles. Et tranquillement, on laisse tomber ce pouvoir parce qu’on espère que comme c’est une transition, si on doit tenir compte des textes, c’est le premier responsable de l’Assemblée nationale qu’on va appeler pour aller gérer (c’est mon analyse personnelle, je ne dis pas que c’est cela, mais quand on regarde de la manière dont les gens ont été inactifs, on ne peut que faire cette analyse).

Vraiment, aujourd’hui, ces gens-là doivent se mettre en retrait. C’est tombé, c’est cassé, assumons en tirant les conséquences. Ceux qui ont quitté aujourd’hui le MPP, je leur souhaite vraiment bonne chance. Je ne suis pas contre les démissions, nous-mêmes avons quitté le CDP. Il faut démissionner avec des raisons valables, pas parce qu’on a perdu un pouvoir, un gâteau.

Je ne dis pas que je suis un militant à vie du MPP, je peux démissionner aujourd’hui, tout comme je peux le faire dans cinq, dix ans. Tout dépendra de ce que demain va nous proposer. Mais si je décide de partir, je vais faire deux ‘‘rakats’’, demander pardon à Salif Diallo ; j’irai m’asseoir devant Simon Compaoré et je vais demander l’autorisation à Roch March Christian Kaboré. Je le ferai, pas parce que je suis enfant, mais par respect de certaines valeurs auxquelles je tiens. J’ai connu dans ma vie politique quatre hommes politiques d’envergure nationale et internationale.

La première personnalité, c’est Soumaïla Cissé, à qui je suis resté fidèle jusqu’à son décès. J’ai eu toutes sortes de propositions en face ; j’avais des amis qui étaient dans le gouvernement de IBK, qui m’ont fait des propositions pour que je le quitte au Burkina Faso afin qu’on puisse l’humilier. J’ai dit : « Ça passera par quelqu’un d’autre pas par moi ». Il y a ensuite Salif Diallo, Roch March Christian Kaboré, le Larlé Naaba. Simon Compaoré, je suis proche de lui parce qu’il est président du parti (président d’honneur : ndlr).

Les arrivistes politiques doivent comprendre que ce pays-là appartient à tous les Burkinabè, pas à un individu ou groupe d’individus. Ils doivent aussi comprendre que le MPP a été conçu sur la base de cotisations et de sacrifices des militants, le MPP n’est pas la mandarine de quelqu’un. Non, il faut qu’on se mette ensemble pour d’abord sauver le pays et ensuite le MPP.

Il y a ceux-là aussi qui croient que le changement à la tête du MPP en septembre 2021 est imputable à Roch Kaboré, qui aurait imposé le président actuel !

On peut accuser Roch, c’est vrai, mais il est excusable. Roch Marc Christian Kaboré est un homme de parole, un homme de consensus. Je ne suis pas dans les secrets des dieux, mais je me dis qu’il a bien échangé avec le président Simon Compaoré avant de faire son choix. C’est mon avis. Je ne dis pas que le choix n’a pas été bon. Dans la vie, on peut se tromper. Ton propre fils que tu as mis au monde, tu ne peux pas le connaître à cent pour cent. Il peut arriver aussi qu’on surévalue un homme ; on n’est pas forcement ce qu’on présente en apparence.

C’est ce qui est arrivé au MPP… ; parce que si vous donnez l’argent à quelqu’un, vous lui donnez le pouvoir, il faut lui faire aussi la bénédiction pour que Dieu lui donne l’humilité, la patience, l’amour des autres, la clairvoyance, la vision, de savoir qu’il est humain et qu’il repartira dans les mains des humains. Si cela échappe à un leader, il va dans les dérives. Donc, pour dire que le changement forcé à la tête du MPP au congrès de septembre 2021 a été fatal. J’ai un ami à Bobo qui, à la sortie du congrès, m’a dit : mon général (son pseudo : ndlr), je vais te dire qu’on ne finira pas une année d’exercice.

Quatre ou cinq mois après, le parti est tombé. Et les gens refusent de tirer les conséquences ! C’est cela aussi l’Afrique, c’est cela le Burkina. Nous devons humblement reconnaître que Salif Diallo, Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré ont vendu leur vie pour le parti. Pour le moment, nous allons mener le combat à l’interne pour changer la tête du parti. Nous n’avons pas accepté un parti où les divisions sont permises, un parti où le clanisme prend le dessus à tout moment.

Ne peut-on pas dire objectivement aujourd’hui que le trio (Roch-Salif-Simon) est parti avec le MPP (Roch qui se déconnecte du parti avec son élection à la présidence, Salif qui décède deux ans après en 2017 et Simon qui est forcé de quitter la présidence du parti en septembre 2021) ? Peut-on retrouver le MPP si les deux, Roch Kaboré et Simon Compaoré, ne donnent pas le ton ?

Pour te dire vrai, le MPP a perdu son âme. Le MPP d’aujourd’hui est totalement différent du MPP d’hier. Ce qui nous maintient aujourd’hui dans le parti, c’est la sécurité du pays. Sinon, la vie d’hier-là a disparu ; parce que les gens sont juste calqués sur les élections, en ce sens qu’avec tous les attributs qu’ils ont, président d’institution, président du parti, les jeux étaient faits à la fin du mandat de Roch, la transmission était déjà faite : tu veux, tu nous suis, si tu ne veux pas, tu peux partir. Non, le MPP n’a pas été conçu dans cet esprit. La vision du MPP, c’était de faire en sorte que tous soient pour le parti et le parti pour tous. La vision de départ, c’était la libération du Burkina, reconquérir certaines valeurs perdues. Revisitez le programme de Roch, vous verrez des projets très audacieux (infrastructures routières, gratuité de santé et ambulances pour les communes, etc.).

Malheureusement, le terrorisme est venu saper tous ses efforts. En plus de ce phénomène terroriste, autour de lui, des gens, par leur poste, leur position, n’ont pas eu pitié du pays ; ils ont pillé, et personne n’en parle ! Nous, nous allons en parler, au prix de notre vie, parce que chaque individu passe et passera, mais la nation demeure.

Nous devons nous battre pour le juste, pas pour nous, pas pour nos enfants, mais pour nos petits et arrière-petits-enfants. On se plaint de la France et des autres puissances. Mais on oublie qu’elles, quand elles s’engagent pour quelque chose, ce n’est pas pour un mandat, ce n’est pas pour cinq ans, ce n’est pas pour avoir une voiture, une villa. Ici, quand on fait la politique, quand on est aux affaires, c’est pour l’opulence : c’est pour manger, faire les fêtes avec les femmes, faire les m’as-tu-vu, sortir ‘‘bouffer les honneurs’’. C’est triste.

Regardez les hommes politiques, les ministres, présidents d’institutions, directeurs généraux, dès qu’ils ne sont plus à leur poste, c’est comme si on les a pressés (ils deviennent comme un citron qu’on a pressé). Je le dis clairement, et si ces propos choquent des gens, qu’ils m’en excusent, mais c’est cela la réalité, la vérité. Ils deviennent malheureux, tout simplement parce qu’on leur a enlevé des privilèges. Certains sont même milliardaires en quittant leur poste, mais pourquoi dépérissent-ils ?

C’est parce qu’ils ont posé des actes qui peuvent les rattraper à tout moment. Ils étaient dans des voitures modestes, des villas, mais dès qu’on les nomme, en quelques mois seulement, ils sont dans des véhicules de luxe, des R+, ils narguent les populations, leur vie change brusquement. Mais, même si les gens ne parlent pas, ils regardent, le cerveau enregistre et le cœur retient cela. Donc, nous devons avoir des comportements de sincérité. Nous devons savoir que la chose publique-là, on la dépose où on l’a prise.

Le changement est une règle préétablie, nul ne peut changer cela. Si on te nomme aujourd’hui à un poste de responsabilité, ce n’est pas parce que tu le mérites plus que d’autres Burkinabè. Alors, pourquoi on te nomme et quand on t’enlève, tu ne veux pas partir, tu travailles à tout saboter, même au sein de ton propre parti. On te met à des postes de responsabilité, on te remplace par quelqu’un d’autre, tu te plains, comme si tu étais le seul du parti.

Des gens veulent nous voir lécher leurs bottes, mais nous n’allons pas accepter, parce que seul Dieu décide de ce que l’homme va être demain. Si tu dois dormir avec la faim la nuit-là, même si tu es chez EBOMAF (richissime homme d’affaire burkinabè : ndlr), quelque chose va se passer et tu ne vas pas manger. Mais si tu vas avoir l’opulence, tu peux être jeté dans le désert, mais à cause de toi, il va y pleuvoir et la terre deviendra une terre promise, parce que ça y est dans ton destin. Nous devons croire à notre destin, à notre pays, pas aux hommes. Roch Marc Christian Kaboré nous a dit, le 1er janvier 2019, chez lui : « Faites la politique d’un homme et le jour qu’il est affaibli, c’est zéro. Il faut faire la politique de la vision, la politique des valeurs, mais pas d’un homme ».

Quand vous faites la politique de la vision, la politique des valeurs, on peut vous marginaliser à un moment, mais le combat, les règles de la vie vont vous ressusciter. Malheureusement, au Burkina Faso, que ce soient les partis, les OSC (Organisations de la société civile), les gens courent derrière l’argent, derrière la facilité et non derrière ce qui fait l’essentiel pour la survie de la nation.

Regardez certaines OSC, quand vous écoutez, c’est comme si c’était elles qui avaient fait le coup d’Etat. Elles défendent Damiba plus que Damiba lui-même. Je sais intérieurement que le chef de l’Etat Damiba, lui-même, quand il regarde ces jeunes à la télé, quand il les entend sur les ondes faire certaines déclarations, il a honte à leur place ; parce qu’ils ne lui disent pas la vérité. On peut soutenir, mais en lui disant la vérité ! Quand ce n’est pas bon, trouve les mots pour lui dire que ce n’est pas bon. Si tu ne peux pas le dire dehors, dis-lui en face de lui.

Même si tu n’as la possibilité de le lui dire en privé, dehors, tu peux le dire sans insulter, sans le blesser. Il faut que les gens sachent que le Burkina appartient à tout le monde. Quand Damiba dit que celui qui se bat pour quelque chose, c’est pour lui, ce n’est pas faux : ceux qui se battent honnêtement pour une chose, c’est pour eux. Ceux qui se battent avec les moyens de l’Etat ou qui ont profité de l’ombre des autres pour se retrouver dans une position qui n’est pas la leur-là, c’est fini, ils chutent, parce que ce n’est pas leur place.

C’est notre honnêteté dans le travail, à poursuivre un objectif, c’est notre compétence qui va nous faire jouir d’une situation, en toute aisance. Voilà pourquoi nous appelons les jeunes à se démarquer de toute initiative de facilité, de raccourci et des projets contre leur propre Etat. Qu’ils refusent les manipulations politiques qui visent les intérêts égoïstes. Que les jeunes se mettent ensemble pour obliger la transition à réussir la mission, en lui exigeant des comportements, une façon de diriger sainement.

On n’a rien contre Damiba, je suis démocrate, mais au Burkina Faso, combien de démocrates vont au monument de Sankara pour se prosterner ? Mais, il n’a pas été élu, il a fait un coup d’Etat. Au Mali, les Maliens sont fiers de Goïta, il est venu par coup d’Etat. Pourquoi nous avons des problèmes avec Damiba ? Parce qu’il ne sent pas le soutien de la population. Il faut se mobiliser au nom du pays pour soutenir la transition, pour qu’elle réussisse et pour qu’on puisse aller rapidement aux élections et avoir un pouvoir légal.

Que la transition soit aussi courageuse pour mettre en place de vraies réformes pour qu’après, on ne puisse plus vivre un coup d’Etat, qu’on n’ait plus un candidat qui va s’amuser avec la Constitution, pour qu’on n’ait plus une nouvelle insurrection au Burkina et qu’elle prenne des mesures pour reformer l’armée, faire d’elle une armée républicaine, qui lutte pour les valeurs de la République (parce que nous avons des hommes valeureux qui acceptent d’aller mourir pour la nation, nous saluons leur mémoire).

Que l’administration soit dépolitisée, qu’on ne nomme pas un ministre et tout de suite, tous les techniciens qui n’ont rien à avoir avec la politique, on les met dehors. Il faut travailler à éviter cela parce que cela aussi est une crise. Qu’au niveau des affaires, que le cadre soit assaini pour ne pas permettre aux grands riches de broyer les petits ; quelqu’un qui a des marchés de milliards, on ne doit pas lui permettre de descendre pour prendre des marchés de dix millions, vingt millions, il faut que ce soit réglementé pour permettre à la jeunesse de s’en sortir.

Tant que le gâteau n’est pas équitablement partagé et que chacun a son niveau sente qu’il compte dans l’Etat, on ne finira avec les crises, on ne finira pas de recruter en notre sein, des terroristes. Le fondement du terrorisme est dans la mal-gouvernance, le pillage des biens de l’Etat. Et là, la transition aussi doit être courageuse en publiant les rapports des audits (ils ont utilisé l’argent de l’Etat pour faire les audits, elle doit rendre compte au peuple, à la population).

Ensuite, je ne dis pas de faire de la chasse aux sorcières, c’est une affaire de justice, mais qu’ils (membres de la transition : ndlr) n’oublient pas qu’à la fin, ils doivent aussi nous faire un bilan et nous souhaitons que leur gestion soit irréprochable. C’est en cela que la jeunesse du Burkina Faso sera ragaillardie. Que Damiba accepte de rentrer dans l’histoire, en évitant la manipulation politique et en opérant les réformes nécessaires. Il a certes prêté serment, mais son pouvoir n’est pas un pouvoir légal, il faut qu’il pose donc des actes courageux.

En propos de fin ?

J’implore le ciel pour la paix au Burkina Faso. J’appelle les filles et fils à s’unir comme un seul homme pour la paix, la réconciliation nationale. C’est difficile d’oublier, je ne demande pas aux gens d’oublier les crimes, mais je demande simplement de pardonner. La gestion d’un Etat est très difficile, à tout moment on peut faire des erreurs.

Ceux qui ont eu à fauter, qu’ils aient le courage de demander pardon ouvertement. Blaise Compaoré l’a fait par écrit, nous attendons qu’il vienne le faire ouvertement. Et ceux qui ne l’ont pas encore fait, qu’ils se préparent pour aussi le faire ouvertement. Que chaque Burkinabè puisse accepter l’autre, pour aller de l’avant, regarder l’avenir, regarder ce que nous allons léguer aux jeunes générations.

Je sais que chacun d’entre nous, militants ou anciens camarades, que chacun se dise que la seule chose qui nous unit aujourd’hui, ce n’est ni le MPP, le CDP, l’UPC, ni Roch, Damiba, etc., c’est le Burkina Faso. Nous devons mettre le Burkina Faso au-dessus de tout. Nous ne devons pas profiter des faiblesses du moment et jeter le bébé avec l’eau du bain. On ne doit pas critiquer et être encore artisan de destruction. Si nous critiquons, c’est pour apporter notre pierre.

Donc, je demande humblement de nous mettre dans la démarche enclenchée depuis Roch Marc Christian Kaboré, entérinée par la transition, qui est la réconciliation. Le pardon, le patriotisme, le civisme, le respect des biens publics, le respect de l’autre. Il faut aussi prier ensemble pour tous ceux qui sont tombés du fait du terrorisme et pour tout Burkinabè tombé, ici ou ailleurs. Que Dieu console leurs familles !

En ce triste anniversaire également de la disparition de Salif Diallo, je dirai que tout est Dieu et tout repart à Lui. Je n’entends pas ce triste anniversaire pour le célébrer. J’ai deux photos dans mon salon, où je suis arrêté avec Salif Diallo et avec Roch Marc Christian Kaboré. Chaque matin, quand je regarde ces grands hommes, ils m’inspirent. Il y a aussi la photo avec Soumaïla Cissé.

Ils m’inspirent l’avenir politique. Les valeurs et la vision qu’ils avaient et ont, pas seulement pour leur pays, mais également pour toute l’Afrique, étaient et sont énormes. Le destin décide autrement, mais ce qu’ils avaient est immense. Pour parler de Salif Diallo, c’est le 5e anniversaire. Chaque seconde, chaque jour qui a suivi son décès, le MPP a pris des coups et continue de prendre un coup sérieux. Nous sentons son absence à tous les niveaux. Dans une équipe, ce n’est pas le capitaine qui joue tous les rôles, derrière lui, il y a des défenseurs.

C’est ce rôle que jouait Salif Diallo. Quand il était là, Roch était libre de gérer le pouvoir, parce que Salif gérait des questions du parti et Roch avait la marge pour conduire le navire national à bon port. Il avait su mobiliser le parti pour laisser Roch gérer les affaires du pays ; parce qu’il a toujours dit qu’un pouvoir fort s’est adossé sur un parti fort. Malheureusement, le destin a décidé autrement, Salif est tombé.

Quand il est tombé, tout le Burkina a ressenti et ressent toujours le vide qu’il a laissé. Et ceux qui ont prédit que son départ allait jouer sur le parti ont eu raison. Roch a tenté de combler le vide, mais à un moment donné, face à l’ambition démesurée de certains jeunes du parti, ces deux (Roch et Simon) ont cédé à leurs caprices et voilà ce que ça a donné. Hier, avec d’autres camarades, j’étais chez Salif Diallo, chez la maman Chantal (Chantal Diallo, épouse de feu Salifou Diallo) pour lui renouveler ma compassion. Ce matin également, j’étais au ‘‘doua’’. Qu’il repose en paix !

Je prie Dieu qu’au sixième anniversaire du décès de Salif Diallo, le Burkina Faso ait recouvré la paix et que ce soient les élections de sortie de transition qui soient en préparation.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
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