Actualités :: Lutte antiterroriste en Afrique : Les dirigeants manquent de sens de (...)

Dans cette tribune parvenue ce vendredi 12 août 2022 à Lefaso.net, un citoyen estime que le manque de sens de responsabilité et d’anticipation des dirigeants africains est à l’origine du sous développement du continent. Mais aussi du terrorisme qui perdure dans le Sahel sans de véritables solutions au fléau.

L’Afrique, notamment le sahel, est à la croisée des chemins en matière de lutte contre les violences terroristes. Le Burkina, le Mali, le Niger sont particulièrement frappés ces dernières années par ce mal dont les conséquences au plan humanitaire ne laissent partenaires internationaux et communauté internationale indifférents.

Tous les moyens sont désormais bons pour ces pays pour arriver à bout du phénomène terroriste, qui persiste et gangrène des pays sahéliens et gagne des Etats du littoral. Si certains citoyens africains s’accrochent sur l’idée que les puissances, notamment la France, qui entretient une coopération militaire avec ces pays du sahel, jouent un jeu malsain dans cette lutte, une partie se ravise aujourd’hui en portant un autre regard sur la situation : la difficulté tient plus des Etats africains eux-mêmes, dont les dirigeants brillent par un manque du sens de responsabilité et d’anticipation.

Admettons que ce soit effectivement la France qui fasse un double-jeu dans cette préoccupation terroriste, est-ce pour autant que nous devons nous avouer vaincus et ne pas chercher à défendre notre territoire ? Il en est de même pour les questions de développement pour lesquelles, c’est encore l’Occident qui nous exploite et nous empêche de nous développer. Mais qu’est-ce qui est concrètement fait pour empêcher cette exploitation ? Puisque nous en sommes conscients !

Certes, l’outil militaire occupe une place spécifique dans la recomposition des liens entre la France et ses anciennes colonies africaines après les indépendances, mais il a rarement été aussi mis en exergue qu’en ces temps d’attaques et de menaces terroristes. Pourtant, pas moins d’un demi-siècle s’est écoulé entre les indépendances et l’éclatement de la crise sécuritaire dans les pays qui ploient aujourd’hui sous le diktat des groupes armés terroristes.

Et depuis lors, la constitution « d’armées républicaines » demeure au cœur de la construction des États et du développement durable de l’Afrique, sans pour autant répondre, dans nombre de pays, à l’idéal recherché. La plupart des pays africains n’ont pu mettre en place un plan d’anticipation des crises de ce genre. Les armées africaines sont plutôt restées cloîtrées dans leurs missions classiques.

« On a assisté, pour ne citer que le cas burkinabè, à des propos du genre : c’est une guerre asymétrique, ce n’est pas une guerre conventionnelle, ce qui rend la lutte difficile. Ces propos qui viennent des dirigeants eux-mêmes mettent bien à nu l’attentisme en matière militaire et de défense nationale (comme dans bien d’autres domaines d’ailleurs). La plupart des pays ont en réalité manqué de courage dans l’analyse de l’insécurité qu’ils vivent », pose un spécialiste de la sécurité.

Une lecture de la situation qui vient corroborer les propos de l’expert en sécurité, le colonel-major Auguste Denise Barry, qui, lors d’un panel de l’association Camillian Diasaster Service Burkina Faso (CADIS-BF), en mai 2022 à Ouagadougou sur la sécurité, a d’abord déploré : « On a laissé le fantôme entrer dans la maison, on ne l’a pas contré, maintenant, on veut le combattre ».

Puis a-t-il poursuivi en dénonçant cette posture passive … : « dans le discours, on est tombé dans la stratégie des terroristes. Il vous souviendra que dans plusieurs discours politiques, on a dit que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine. Voici une expression qu’on devrait ôter de la bouche des responsables politiques. On a donc mis dans la tête que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine. Ce qui a un impact sur notre stratégie. Pourquoi ? Parce que si vous vous dites que c’est une lutte de longue haleine, vous allez essayer de trouver les voies et moyens sur la durée. Or, c’est cela la stratégie de l’ennemi, qui a le temps avec lui. Si vous vous mettez dans une posture de l’immédiat, vous trouverez des solutions pour cela ».

Au cours de la même communication relayée par le média en ligne Lefaso.net, le colonel-major a affirmé avoir l’impression que l’ennemi semble plus déterminé à prendre le territoire que les Burkinabè à défendre leur territoire. « Je ne sens pas que le peuple est engagé, déterminé à défendre son territoire », a cité la publication.
Ce diagnostic, courageux de la part de leurs auteurs, en ce sens que dans la volonté de désinformation des peuples, il n’est pas aisé de tenir un contre-argument qui consiste à plutôt se remettre en cause que de blâmer l’autre, interpelle les dirigeants et les élites africains en ce tournant décisif de lutte contre le phénomène terroriste qui menace la souveraineté même des Etats. Il faut se poser les bonnes questions et avoir le courage de trouver les réponses objectives.

Les autres ne sont pas responsables de la situation que nous, Africains. Dès lors, aucune puissance ne saurait mieux faire le travail de défense nationale à la place des armées nationales et des nationaux. Ce n’est donc pas en chargeant une puissance armée occidentale en faveur d’une autre, que la solution sera trouvée. C’est un leurre. C’est même un remède qui peut se révéler pire que le mal. Et les Africains et observateurs qui le tiennent pour dit n’ont pas tort, car le continent africain, riche en ressources naturelles, est aujourd’hui l’objet de convoitise de nouvelles puissances. Ces dernières usent de tous les stratagèmes pour pouvoir asseoir leurs bases. La situation du Mali, qui s’enfonce davantage dans la violence terroriste, après le départ de la force Barkhane (pour la première fois depuis la crise, le redoutable camp de Kati est attaqué, en début juillet 2022) au profit des éléments du groupe Wagner en est bien l’illustration.

« La Russie veut jouer un rôle en Afrique, comme la Chine, mais beaucoup plus discrètement. La Russie souhaite jouer un rôle dans son domaine à elle qui est de mettre de la sécurité et des militaires. La force de la Chine se trouve surtout dans les matières premières, la construction de routes et d’infrastructures. Les Russes se concentrent plus sur l’armement et les transports. L’année dernière la Russie a par exemple vendu quatre hélicoptères militaires au Mali », prévenait, en janvier 2022, sur TV5 Monde, le journaliste spécialiste des études africaines, Antoine Glaser.

Il n’y a donc pas de philanthropes. Il faut simplement prendre conscience de l’urgence à travailler pour sa souveraineté. Et cette souveraineté passe avant-tout par celle sécuritaire. Déshabiller Pierre pour habiller Paul ne sera donc pas une solution à la situation d’insécurité béante dans ces pays africains. Cela ne veut cependant pas dire qu’il faut tourner dos aux coopérations militaires. Seulement, elles doivent être bâties sur le renforcement des capacités des armées africaines et non sur une dynamique qui consisterait à venir combattre à leur place.

La tournée africaine (Afrique du Sud, République démocratique du Congo et Rwanda), du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, sonne d’ailleurs comme un appel à la responsabilité de l’élite africaine, notamment les dirigeants, face aux défis de l’heure, lorsqu’il déclare qu’il veut montrer « aux pays africains qu’ils ont un rôle géo-stratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d’un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales ».

Paulo Hassane COULIBALY
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