Actualités :: Burkina : « Nous avons beau prier, tant que les mentalités ne vont pas (...)

Ancien maire (2016-2022) de la commune de Toussiana (collectivité située à une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest de Bobo-Dioulasso), Siaka Ouattara n’est pas seulement un fin observateur de la vie politique burkinabè. Outre sa qualité d’acteur de développement local, il a l’avantage de connaître le territoire national, ses populations, grâce à des activités antérieures qu’il a plusieurs années exercées à travers communes, villages et hameaux. Dans cet entretien qu’il nous a accordé en début juillet 2022, Siaka Ouattara se prononce sur des questions de la vie nationale.

Lefaso.net : A travers des interviews en avril et en décembre 2018, vous aviez fait des analyses avant d’interpeler sur le risque pour le Burkina de faire un bond en arrière par rapport à ce que les Burkinabè ont escompté par l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Quatre années sont passées, les actes de gouvernance se sont succédé… Alors, quel commentaire faites-vous de la situation actuelle du pays ?

Siaka Ouattara : Vraiment, le Burkina Faso est à un carrefour où personne ne sait quelle direction prendre et cela est très malheureux que nous en soyons à là. La politique en Afrique, au Burkina notamment, est comprise diversement et cela est un mal. Des gens de bonne foi ont interpellé nos différents gouvernants, nos décideurs, sur des faits et des actions. Malheureusement, lorsque vous êtes décideurs et vous vous entourez mal, vous serez à la solde des intérêts de ceux qui vous entourent, vos conseillers. Or, la vie d’une nation ne devrait pas être liée aux intérêts des individus.

En réalité, rien n’est plus facile que de travailler pour l’intérêt des citoyens (j’ai expérimenté le développement local à travers la commune de Toussiana, que j’ai eu la chance de piloter pendant six ans). Pourquoi ceux qui ont la capacité de changer les choses ne veulent pas que les autres aient une vie aussi épanouie ? Pourquoi ceux qui ont en charge la destinée de tout le monde préfère travailler pour des groupuscules et pour les intérêts particuliers, en ignorant la masse ?

La crise au Burkina est avant tout une crise politique. Vous avez des gens qui pensent qu’ils ont perdu des intérêts et qu’il faut tout faire pour les recouvrer. Cela a toujours été ainsi dans ce pays, depuis des décennies. C’est dans cette volonté que les gens ont nourri des rancunes et tous les jours, on ne fait que travailler à saboter l’autre. C’est devenu carrément un système de vie politique, qui a pris en otage la vie de tous les Burkinabè.

Pour se combattre pour des intérêts personnels, on a embarqué toute la vie nationale. C’est méchant. On ne devrait pas être si méchant. Se comporter de la sorte avec son propre pays, oubliant même qu’un pays ne se limite pas à une ou deux générations, c’est dommage et ça fait pitié. C’est dommage que nous assistions à un massacre du pays par une certaine génération, qui a pourtant tout eu de ce pays.

Elle a mis l’avenir d’autres générations en péril. Si tu parles, on va penser que tu attaques quelqu’un. Alors que nous pensons qu’un jour, chacun va disparaître pour laisser la place à d’autres Burkinabè. Le Burkina Faso a des intellectuels très intègres, dynamiques et très soucieux de son avenir et de l’avenir des générations futures. Mais, tout est mis en œuvre pour que ces gens bien ne puissent pas représenter quelque chose.

Donc, à la base, une crise politique qui a engendré plusieurs autres, du fait des combats pour des intérêts particuliers ?

Oui, au Burkina, nous avons beaucoup de crises et tout cela est engendré par la crise politique. Il y a par exemple une crise liée aux différences sociales. C’est une réalité. C’est même cette crise qui domine. Quand je parle de différences sociales, c’est le fait que certains se prennent pour plus Burkinabè que d’autres.

Vous avez des gens, des prétendus intellectuels, quand ils s’expriment sur des sujets, vous vous demandez s’ils s’entendent parler ; ils ont le ton et des propos qui font croire qu’ils sont plus Burkinabè que les autres. Dans certains domaines, vous avez des monopoles sur certains aspects de la vie nationale.

Pourquoi cette attitude qui expose notre pays au carrefour de l’abîme ?

Mais, je dirais qu’il faut que les gens bien se lèvent pour prendre les choses en main. Nous avons beau prier, nous avons beau jeûner, tant que les mentalités ne vont pas changer, on sera toujours dans les mêmes difficultés et cela va engendrer des conséquences encore plus dommageables.

Ce système que nous vivons est une autre forme d’esclavage d’une minorité sur la grande masse. Voyez-vous, on a même travaillé à travers les curricula (scolaires) pour maintenir la majorité dans l’esclavage. Ceux qui font le système que je dénonce, n’ont pas, eux-mêmes, leurs enfants dans ce système d’éducation en cours dans notre pays. Nous sommes mal partis, et ce n’est que nous seuls qui pouvons redresser cela.

Quand vous regardez la situation actuelle, tout est fait de sorte qu’on ne sache pas qui accuser pour laisser l’autre. C’est malsain. La preuve, on croyait que le MPP était le malheur du Burkina. Aujourd’hui, malgré le changement de régime, le mal demeure. C’est dire que l’environnement même est malsain, pourri. Chacun réfléchit à comment se remplir les poches, à comment faire pour trahir l’autre. Il manque de conscience nationale.

Finalement, c’est dire qu’on ne construit rien de solide dans cet environnement malsain ?

On ne peut pas construire sur du faux ! On fera seulement semblant, sinon rien ne marchera. Au Burkina, presque tout le monde est devenu hypocrite et chacun accuse l’autre. Un pays où on passe le temps à cultiver l’égoïsme et la méchanceté. Où est-ce qu’on peut aller avec une telle mentalité ? Regardez, un pays pauvre comme le Burkina, on vient de sortir d’élections (présidentielle et législatives de novembre 2020 : ndlr), qui nous a coûté de nombreux milliards. Même s’il y a des difficultés, l’intelligence et la bonne volonté pouvaient nous permettre d’éviter cette situation de coup d’Etat.

Tous ces efforts qu’on a consentis sont passés où ? Il faut encore recommencer, et dans quelles conditions ? Voilà pourquoi, tout ce qui reste aujourd’hui, c’est de souhaiter voir ces militaires au pouvoir poser des actes concrets. Le pays va mal. Ce pays ne mérite pas de souffrir de la sorte, parce que nous avons tout le potentiel qu’il faut pour faire du Burkina Faso, un pays leader. Mais hélas, comme l’a dit Laurent Bado, si vous refusez la paix, la bénédiction, vous allez croiser la voie de la malédiction.

Pourtant, lorsqu’un monsieur comme Laurent Bado parle, il est tourné en dérision !

C’est parce que les gens n’ont pas l’esprit de discernement. C’est malheureusement le niveau général de la grande majorité de nos populations. Et tout cela est aussi orchestré par ceux qui savent que si ses idées prospèrent, eux ils n’auront plus l’occasion de défendre leur propre chapelle.

Laurent Bado est victime du même système que j’ai dénoncé plus haut. Tout ce qu’il a dit depuis des années est en train de se réaliser. Des gens en veulent aujourd’hui au président Damiba. Qu’on le laisse tranquille. Ce qu’il est aujourd’hui est dû à une situation qui est arrivée et lui, il était dans une chaîne. Et dans cette situation pourrie du pays, un autre coup d’Etat peut survenir contre lui (comme il l’a dit lui-même) et lui-même pourrait se retrouver dans une position similaire que Roch Kaboré.

Et ainsi de suite... C’est pour dire qu’il faut qu’on évite de voir les choses dans leur particularité, il faut les voir dans la globalité, de façon transversale. Une situation est déjà arrivée, on n’y peut rien (l’eau qui est déjà versée, il faut aller chercher une autre solution que de vouloir la ramasser). C’est inexplicable que pour une question d’insécurité de ce genre, on n’arrive pas à trouver des solutions ; chacun accuse l’autre, c’est un tohu-bohu. Mais, que chacun sache qu’on est dans le même navire.

Vous parliez de système éducatif…, la perception que M. Bado a par exemple de l’éducation et de l’agriculture aurait, peut-être, pu être un réel soubassement pour le pays !

Exactement ! On est dans un système d’éducation qui n’évolue pas, on empêche même les enfants d’être réellement instruits. Le président Macron a parlé de limitation de naissances des Africains, pourtant les Chinois dépassent en nombre les Africains. Mais pourquoi dit-il cela ? C’est parce que contrairement à la Chine, l’Afrique ne forme pas de capital humain. La conséquence est que les enfants (africains) grandissent et deviennent des chômeurs, donc des charges pour les Etats.

On ne leur apprend pas à l’école à faire quelque chose de leurs dix doigts, on ne leur inculque pas les valeurs de travail, de sacrifice, d’intérêt général. Si on continue ainsi, on aura bientôt une Afrique sans les Africains. C’est dommage. C’est pour cela que je félicite au passage la junte malienne ; quand on ne peut pas d’une chose, on dit non et on s’en sépare. Il faut savoir dire non à certains partenariats. Même pour cultiver et manger, on est incapable …

J’étais maire de Toussiana, les terres cultivables sont énormes. Il faut donner les moyens aux parents paysans et vous verrez de quoi ils sont capables. C’est cela la réalité, au lieu d’aller pleurnicher devant les gens pour dire de nous donner à manger. C’est une honte. Le Burkina est une terre bénie. Le continent africain est une terre bénie. Pas besoin d’aller voir la Russie pour dire de permettre au blé de venir en Afrique.

Formons des gens qui pourrons exploiter au mieux la terre et accompagnons-les. En réalité, on a perdu jusqu’à notre dignité et à notre valeur la plus basique. Regardez ce qui se passe dans nos cérémonies : le gaspillage. Cela montre à quel point nous sommes appelés à disparaître un jour. Les cérémonies de ‘‘djandjoba’’, de mariages, de baptêmes, de funérailles, etc., vous verrez la nourriture qu’on a gaspillée, ça reste dans les assiettes, ça verse par terre. C’est cette éducation avons-nous reçue de nos parents ? Et c’est cette éducation voulons-nous transmettre aux enfants ?

Dans les sociétés africaines, sans exception, on nous apprend à ne pas gaspiller la nourriture, l’eau, à ne pas abuser de tout ce qui appartient à tout le monde. Où est passé ce minimum de vertu-là ? C’est difficile de ne pas gaspiller ? Franchement, quand je pense à cela, j’ai de sérieux maux de tête. Souvent, quand je sors de chez moi, je m’efforce de ne pas réfléchir à ce genre de réalités, parce que ça joue finalement sur ma santé. Vous voyez des gens en circulation, ils se comportent comme ne le feraient même pas les animaux.

L’éducation, et même la religion auraient permis d’éviter ce que vous venez de décrire !

Les musulmans et les chrétiens organisent les pèlerinages, on a une éducation africaine qui tient compte de cela et qui devrait nous permettre d’éviter toute cette merde. Mais hélas ! Très douloureux de voir qu’on ne se réveille pas. En réalité, et je le répète, on est en train de préparer une Afrique sans les Africains.

Tout est mis en œuvre pour cela. A partir du moment où on n’a pas de valeurs propres à nous, et où les intellectuels africains les plus aisés envoient leurs enfants pour aller étudier en Occident, ils envoient leurs femmes pour aller accoucher là-bas pour permettre à leurs enfants d’avoir leur nationalité…, le plan est bien en marche.

Ce que vous dites, en plus de s’être foutus de leurs propres valeurs, les Africains ne connaissent même pas Dieu. Et ce sont eux qui se lèvent qu’ils partent en pèlerinage. C’est pitoyable. On prend des milliards, c’est pour effectuer des pèlerinages. Un seul milliard peut créer une entreprise qui va employer plusieurs personnes. On peut aider ces personnes qui peinent à avoir à manger.

C’est cela le pèlerinage (parce que tous les jours, Dieu va vous donner de la bénédiction pour cela). On pratique mal nos religions. Nous avons assez de pauvres ici pour se lever mettre des milliards pour aller la Mecque, en Israël pour faire pèlerinage, pour dire que nous cherchons des bénédictions. C’est cela la bénédiction ? Ok ! Je pense qu’on n’a même pas encore atteint le mal, continuons seulement de créer les frustrations. Avec ça, on dit qu’on va organiser des prières pour le Burkina Faso. J’ai dit, je ne participe pas à une prière pour la paix pour le Burkina Faso.

Ça, jamais ! Il ne faut pas qu’on provoque Dieu ! C’est tout ce que Dieu nous interdit qu’on vit aujourd’hui et qui est à la mode : débauche, discrimination, stigmatisation, trahison, vols et pillages, malhonnêteté, méchanceté, l’individualisme, etc. Ce qu’on vit-là, on n’a rien vu d’abord, que chacun continue de faire semblant seulement... Et on veut que Dieu nous accorde des bénédictions. Dites-moi, quelle est la partie de la Bible, du Coran, qui dit que lorsque les enfants d’une même maison font la discrimination entre eux, ils sont bénis ? Il n’y en a pas.

Le Coran et la Bible ont toujours dit : là où deux ou trois personnes sont unies, Dieu sera avec elles. Quand je dis se réunir, c’est se réunir de bon cœur, pas se réunir pour faire un plan machiavélique pour détruire les gens. Vraiment, il faut réapprendre le savoir-vivre. Quand ça chauffe dans les localités et les populations se déplacent-là, est-ce que les musulmans, les chrétiens restent ? Eux tous fuient, même les animistes. Ce qui se passe dans notre pays n’a rien à voir donc avec la religion.

Quand on parle de création d’institutions fortes, les gens pensent à quoi ? C’est de cela qu’il s’agit, avant tout ! Ne pas chercher à stabiliser la société et penser qu’on va mettre en place des structures démocratiques qui tiennent la route est un leurre. C’est cela un monsieur comme Thomas Sankara avait vu depuis longtemps et planifié. Ses grands projets pour le Sahel, où sont-ils passés ?

Ce que nous vivons aujourd’hui est la conséquence de la non mise en œuvre de ses projets visionnaires.
Moi, personnellement, je pense que c’est Sa Miséricorde seule qui peut opérer le miracle et sauver le Burkina, ce ne sont pas ces musulmans, ces chrétiens, etc. Aujourd’hui, si Dieu peut passer par un Russe, un Afghan… pour sauver le Burkina, qu’il le fasse et que nous, Burkinabè, changions notre façon de faire. Il faut que les gens fassent profil bas pour songer à l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Tout ce qu’on fait ne doit pas être lié à notre ventre.

Avez-vous vu quelqu’un qui est mort et qui est parti avec ses richesses ? Si on pouvait construire une vie avec la richesse, certains l’auraient fait pour vivre éternellement. Mais, quelles que soient tes richesses, Dieu a un seul jour pour toi et ce jour-là, tu vas partir, sans rien. Tes richesses, tes pouvoirs, ne pourront rien faire. Il faut savoir construire une intégrité autour de soi, c’est cela qui va rester.

Aujourd’hui, la principale mission de la transition, et la préoccupation fondamentale des Burkinabè, c’est le retour de la paix. Quel message souhaiteriez-vous partager avec ceux qui dirigent ?

Nous sommes accrochés à certains partenaires, qui sont en réalité des ennemis dans l’ombre. Ouagadougou est pleine d’ambassades. Pourquoi quand on frappe dans les pays de ces ambassades occidentales représentées ici, par exemple en France, rapidement, les terroristes sont identifiés et attrapés ? Quand il y a un seul coup de feu en France, aux USA, en Chine…, ils mettent tous les moyens en œuvre pour circonscrire la chose.

Mais, ces mêmes puissances sont ici à nos côtés à travers leurs ambassades, on nous attaque tous les jours, mais rien pour contrer cela. C’est pour dire que nous-mêmes, nous vivons avec nos ennemis. On ne peut donc pas avoir la solution. Bien au contraire, c’est pour nous créer toujours des problèmes. Avez-vous vu une usine de fabrication de munitions au Burkina ? Ne parlons pas d’armes ! Ces minutions, ces armes, elles viennent d’où et comment arrivent-elles ici pour alimenter les terroristes ?

Le message que je peux adresser au président Damiba, c’est de prendre son courage et donner un ultimatum à toutes ces ambassades : à partir de tel délai, si j’entends un coup de feu dans mon pays, toutes les ambassades ferment et dégagent. Et c’est à partir de là que le patriotisme et l’intégrité vont naître.

Roch Kaboré s’est rendu en Chine-là, qu’est-ce que ce pays a pu nous apporter dans la lutte contre l’insécurité ? Rien ! Ces puissances-là te flattent pour avoir tes faiblesses, tout en sachant que le jour que tu n’es plus au pouvoir, c’est fini pour toi, personne ne va t’écouter, tu ne représentes plus rien pour elles. Roch Kaboré est parti, mais les représentations de ces puissances sont là, éternellement.

La réalité semble aussi être que certains Burkinabè ont, eux-mêmes, l’art de rendre la vie difficile aux autres, pour ensuite se plaindre du même comportement de l’autre envers eux !

Exactement, c’est l’irresponsabilité. Les gens oublient que tout acte que tu poses va te revenir, directement ou indirectement. J’ai demandé deux chambres-salon au secteur 21 (de Bobo), on me dit 100 mille francs. Chacun fixe le prix comme il veut. Ce sont ces éléments qui font la vie chère. Le pouvoir de Damiba doit poser aussi les bases de redressements de tous ces laisser-aller.

C’est au gouvernement de plafonner le prix des loyers, en fonction des revenus des populations et selon les localités. Mais, que voulez-vous, si ce sont ceux-là qui nous dirigent qui sont les propriétaires des villas et celibateriums ? Ils ont limité les lotissements pour ne pas que le Burkinabè moyen ait une parcelle pour pouvoir construire à son rythme. Et pour bien contrôler, ils ont laissé le soin aux promoteurs immobiliers de gérer le pays.

Ce sont eux qui financent les hommes politiques et c’est tout cela le drame pour ce pays. Comment pouvez-vous demander à un fonctionnaire de prendre une maison deux chambres et salon à 100 mille francs dans un endroit comme celui-là ? Viendra un moment, on va affecter un fonctionnaire à Bobo ou Ouaga et il sera obligé de dormir dans son lieu de travail. Non, il faut réglementer le bail locatif. Il faut réglementer, comme ils l’ont fait avec certaines denrées alimentaires (et pour cela, je les félicite). Tout cela montre notre mentalité.

On saute de joie quand on dit que les Chinois vont construire un hôpital de référence à Bobo. C’est honteux ! C’est pitoyable ! Nous, nous ne pouvons pas avoir un hôpital de référence dans chaque province ? Si on est sincère, et on demande aux populations de contribuer à tel ou tel montant, selon la capacité de chaque individu, pour bâtir une infrastructure de base et les gens vont le faire.

Nos parents parcouraient des kilomètres pour payer des impôts. Aujourd’hui, il faut des décisions fortes pour redresser le Burkina. Celui qui se dresse contre ça, vous (les dirigeants, ndlr) le mater. Cela ne vaut-il pas mieux que de laisser des populations se décimer tous les jours à cause des caprices de quelques individus ? La plupart des Burkinabè sont volontaristes et humanistes, quand on sait leur montrer la voie à suivre.

En 2009, lors des inondations, vous avez vu comment la solidarité nationale s’est mise en place ? Moi, je me suis déplacé au gouvernorat pour aller mettre fièrement mon seul billet que j’avais. On a aussi cotisé pour les Etalons ici. Les Burkinabè veulent simplement une orientation. Que Paul Henri Damiba annonce de grandes mesures et les gens vont suivre. Les gens crient qu’il n’y a pas l’argent, mais il y a plus à gagner au Burkina que de souffrir. Je prie Damiba d’être dans sa peau de militaire, qu’il évite la politique politicienne.

Ce pays a l’argent, c’est l’organisation qui manque.
Regardez, de Ouaga à Bobo, presque toutes les concessions sont devenues des débits de boissons. Qu’il (Damiba) se fasse entourer par des gens qui peuvent l’aider à redresser les choses et à mettre les gens sur le droit chemin. Il faut réglementer par exemple les débits de boissons, le bail locatif, etc. Il faut aussi imposer la rigueur de travail à tout Burkinabè ; que chaque Burkinabè ait une feuille de route.

De la façon que nous passons nos temps dans les débits de boissons, de la façon nous aimons les fêtes, est-ce la même attitude que le Chinois a adoptée pour nous nourrir aujourd’hui avec son riz ? C’est terrible. On est paresseux, on ne travaille pas et on veut s’en sortir. Voilà pourquoi, même quand on accuse la France, parfois on est obligé de reconnaître que tout n’est pas vrai, le problème, c’est encore nous. Si on diminue la consommation de l’alcool ici-là, c’est la France qui va voir ses chiffres d’affaires chuter, ce n’est pas nous !

On laisse les vrais combats et on fait le tapage ailleurs. Que Damiba s’entoure de gens capables de l’aider à conduire des actions qui vont ramener les choses sur le droit chemin. Il faut arrêter tous ces errements. Nous voici en train de travailler aujourd’hui, samedi ! Mais quand vous écoutez la plupart des gens, le week-end, on ne doit pas travailler. Tout de même hein ! Un pays comme le Burkina, on veut avoir des jours de repos.

Combien de jours fériés avons-nous dans l’année au Burkina ? C’est beaucoup. Avec cela, on veut se développer. Les Burkinabè qui partent en Occident, peuvent-ils se comporter paresseusement comme ils le font ici ? Ils n’osent même pas. On doit être fier de travailler, de bien travailler et non de ruser avec le travail. Il faut réapprendre aux Burkinabè, la rigueur du travail, le caractère sacré de la nation, etc.

Il faut que les Forces de défense et de sécurité montrent que ce sont elles qui sont au pouvoir, en redressant les gens. On ne peut pas évoluer sans un minimum de directives. Que Damiba évite la politique politicienne et se transforme en ‘‘mouton de sacrifie’’ et les gens vont l’applaudir. Les grandes nations ne se sont pas construites dans l’amusement. On n’a pas dit de gouverner avec le pouvoir des armes, mais d’être rigoureux en mettant les gens sur le droit chemin, pour un avenir meilleur.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
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