Actualités :: Situation nationale : « Mes vérités au lieutenant-colonel Damiba (...)

La lutte contre le terrorisme et la réconciliation des filles et fils de ce pays nécessitent la conjugaison des dons, expertises, talents et compétences de tous les burkinabè. C’est la conviction de Sidiki Aboubacar Wendin Zerbo, qui souhaite, à travers cette tribune, apporter sa modeste contribution au retour de la paix et à l’avènement de la réconciliation au Burkina-Faso.

« Bonjour Mon Lieutenant-Colonel,

C’est avec un cœur enchanté et un esprit enthousiasmé que j’ai vécu la journée du 24 Janvier 2022. Aujourd’hui, c’est avec un cœur déchanté et un esprit désillusionné que j’écris cette missive. Votre statut d’ancien membre du tout-puissant RSP, votre grade de lieutenant-colonel, votre réputation de meneur d’hommes et de soldat intrépide font que la plupart des esprits éclairés, des leaders d’opinion et des activistes les plus virulents du Web se retranchent dans un mutisme inhabituel et une omerta frustrante, face à la situation inquiétante de notre maison commune, le Burkina-Faso.

A ce propos, issu d’une ethnie dite acéphale, sans pouvoir centralisé, où la parole est libre et où on formule ses vérités à toute personne, quels que soient son grade, sa taille, sa force et la longueur de son fusil, je me démarque des spéculations sur les réseaux sociaux, des joutes verbales dans les maquis de Ouagadougou, pour m’adresser directement à mon Président. Cette initiative citoyenne a pour finalité d’aviser le Chef de l’Etat sur des aspects cardinaux de notre avenir.

De prime abord, mon lieutenant-colonel, c’est noble et louable votre ardente et magnifique volonté de réconcilier le Burkina-Faso avec lui-même. Mais, je pense mon lieutenant-colonel, que la réconciliation ne se revendique pas, ne s’impose pas, ne se décrète pas, et pire, elle n’est pas sujette à un agenda, à un timing ou à un échéancier.

Elle émane de la volonté intrinsèque des ennemis d’hier, chacun après une profonde introspection, sans calcul ni intentions machiavéliques, et conscients des lourdes responsabilités qui sont les leurs devant l’Histoire, qui décident de se pardonner et faire la PAIX DES BRAVES. Que Blaise COMPAORE regagne son Ziniaré natal ; cette réalité serait à l’honneur du Burkina-Faso. Toutefois, relativement à ce retour au bercail, ce n’est pas à vous ni à personne de le lui imposer ni de l’imposer au peuple burkinabè. C’est à Blaise COMPAORE lui-même, mon lieutenant-colonel, d’initier les démarches dans ce sens.

Il connait son peuple qu’il a dirigé pendant 27 ans ; il est avisé du caractère à la fois teigneux et tolérant, intransigeant et conciliant de ce peuple, qui est capable des pires vengeances comme pardonner les pires abominations. Si Blaise COMPAORE veut vraiment la réconciliation, avant de rencontrer les Présidents KABORE, ZIDA et OUEDRAOGO, qu’il aille discuter avec Mariam SANKARA, les veuves Norbert ZONGO, Oumarou Clément OUEDRAOGO, Issoufou NEBIE, Boukary LINGANI, Henry ZONGO, Daniel KERE, Bertoa KI, Abdramane SAKANDE, Elisée SANAGO et les familles de tous ceux qui ont été trucidés pour des raisons politiques durant son règne.

Comme tous les Hommes sont égaux en droit, il en est de même pour tous les morts ; par conséquent, ayant été numéro 2 de la révolution du 4 Août, qu’il entame, avec les compagnons fidèles de SANKARA toujours vivants, la même démarche auprès des veuves Badembiè NEZIEN (mort lors de l’avènement du CSP), colonel Didier TIENDREBEOGO, colonel Yorian Gabriel SOME, commandant Amadou SAWADOGO, commandant Fidèle GUEBRE, et de toutes les familles de tous les Burkinabè qui ont été passés par les armes, pour des raisons de divergences politiques, idéologiques, d’opinions ou militaires, sous la révolution sankariste.

Cette étape est un préalable incontournable avant la rencontre avec les anciens chefs d’Etat qui, au fond, ne serait qu’une paix entre amis et camarades d’hier. Mon lieutenant-colonel DAMIBA, pour être franc et véridique envers vous, rapatrier Blaise COMPAORE aisément, simplement et facilement à Ouagadougou, comme un ex chef d’Etat burkinabè touriste au bord de la lagune Ebrié, sans un mot d’apaisement ni de compassion de sa part envers les familles des victimes, ne passera pas dans l’esprit des Burkinabè épris de justice, de vérité et des valeurs de la démocratie. De surcroît, ce serait une défiance de votre part, vis-à-vis de tout l’appareil juridique du Burkina-Faso, et envers ces hommes, avocats et magistrats qui ont un sens élevé de l’éthique et de la déontologie de leur métier.

Ensuite, sur le plan sécuritaire, mon lieutenant-colonel, je serais prétentieux de donner des leçons de stratégies de guerre à un chef d’Etat, soldat d’élite et commando audacieux formé à l’Ecole de guerre de Paris. Mais la science étant universelle, et « le bon sens étant la chose la mieux partagée », donc, un spécialiste à la guerre formé à l’Ecole de guerre de Paris, peut bel et bien être conseillé par un spécialiste à la guerre économique formé à l’Ecole de management de Bordeaux. A ce propos, mon lieutenant-colonel, je me permets de vous conseiller de faire monter l’élite de notre armée en leadership et capacité de communication.

Si la puissance du matériel militaire est déterminante pour engranger des victoires sur tout ennemi, la capacité à motiver ses hommes à affronter la mort et celle à stimuler la population à la confiance, à la collaboration, et surtout, à l’optimisme et à l’espérance d’une victoire certaine, est aussi capitale que les armes sophistiquées et les blindés à la létalité efficace. Fixer un cap ; décliner des objectifs à court, moyen et long terme ; formuler une vision et fédérer l’ensemble de la population à adhérer avec enthousiasme et motivation à cette vision, passe impérativement par un bon leadership, doublée d’une bonne capacité de communication.

Malheureusement, l’incompétence en communication est le mal des gouvernants burkinabè post-insurrectionnel, alors qu’actuellement, le peuple a besoin d’une proximité, d’une symbiose et d’une fusion patriotique avec ses dirigeants. Il a besoin qu’on ressuscite en lui le sens de la patrie et de la conscience nationale ; il a surtout besoin de croire en une victoire certaine, un Burkina radieux avec des lendemains meilleurs. Pour cela, entourez-vous de militaires et surtout de civils charismatiques et très bons orateurs, comme au temps de la Haute-Volta, où on avait les généraux Baby SY, commandant Fidèle GUEBRE, et les journalistes Paul Ismaël OUEDRAOGO et Roger NIKIEMA.

Par ailleurs, Platon disait que « la nécessité est la mère de l’invention », et c’est pendant les temps de douleurs surtout que l’homme se surpasse et met en branle toute son ingéniosité et son génie créateur. Pour rappel mon lieutenant-colonel, c’est en pleine deuxième guerre mondiale que les britanniques créèrent le radar, et les russes perfectionnèrent leur redoutable machine « lance-roquettes multiple » dénommée « les orgues de Staline ». Pour le Burkina Faso, ces temps difficiles nous ont révélé de façon plus évidente notre incapacité à nous nourrir seul sans l’aide extérieure, notre dépendance technologique et la précarité de nos infrastructures et dispositifs de sécurité.

Parallèlement à l’action militaire, vous devriez, au regard de l’horizon temporel à court terme de votre pouvoir, jeter les bases de la modernisation de nos infrastructures et dispositifs routiers ; sécuritaires, notamment de surveillance du territoire ; agricoles par la machinisation des moyens de production et l’accélération de la création d’usines de transformation des produits locaux ; pharmaceutiques et médicaux, pour la fabrication sur place des médicaments de première nécessité, et la valorisation de nos remèdes locaux.

Enfin, mon lieutenant-colonel DAMIBA, je vous rappelle qu’autrefois, l’actuel Burkina-Faso était une citadelle imprenable. Les empereurs du Mali, les guerriers sonraïs de Gao, les Famas de l’empire bambara de Ségou, les intrépides Zemberma du Niger, le très grand conquérant Samory TOURE et le général Moussa TRAORE entre autres, ont tenté en vain de s’emparer de cette terre. Ils ont tous échoué face à la pugnacité et la témérité de nos ancêtres. Ne dérogez pas à cette règle historique, et en chef militaire, inscrivez votre nom en lettres d’or dans la lignée de vos valeureux devanciers.

Toutes les idées, compétences, expertises, dons et talents de tous les fils du Burkina-Faso sont nécessaires pour gagner cette guerre et ramener la paix au Pays des hommes intègres. Sur ces entrefaites mon lieutenant-colonel, par ma plume et mon cerveau, j’apporte ma modeste contribution.
Vive le Burkina Faso
QUE DIEU BENISSE le Burkina Faso ».

Sidiki Aboubacar Wendin ZERBO
Ressortissant du Pays des Hommes Intègres
wendin.aboubacar.zerbo@gmail.com

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