Actualités :: Président Paul-Henri Damiba : « Quand tu l’écoutes, tu sens qu’il veut bien (...)

Révélé au public lors des manifestations contre la gestion du président Roch Kaboré, en tant qu’un des leaders du mouvement « Sauvons le Burkina Faso », Auguste Mohamed Koumsongo est aujourd’hui député de l’Assemblée législative de transition (ALT), membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité (CAEDS). Dans ces propos, il revient sur quelques notes de la première session de l’ALT et la transition en cours.

Lefaso.net : Comment vivez-vous cette première expérience de l’Assemblée et quels sont les moments qui vous ont marqué ?

Auguste Mohamed Koumsongo : L’Assemblée nationale reste telle, c’est une belle expérience, on a appris et la première session s’est bien passée et on attend la suivante. Personnellement, le moment qui m’a le plus marqué, c’est l’adoption de la loi sur les héros de la nation. Lorsqu’il s’est agi de définir l’époque (il y a eu des débats houleux sur la date de référence ; certains ayant proposé de retenir 1919 comme date-repère tandis que d’autres pensent plutôt 1960 : ndlr).

Au départ, la période retenue ne prenait pas en compte certains devanciers, la catégorie des Guimbi Ouattara par exemple. Ce qui m’avait personnellement dérangé. Je trouvais cela frustrant. Heureusement, nous avons a su trouver la formule pour prendre en compte tout cela.

Aussi, quand on parle des héros de l’insurrection de 2014, j’ai estimé qu’il fallait bien circonscrire ; il y en a, nombreux, qui ont trouvé la mort en allant détruire et ramasser les biens d’autrui. Ce n’était pas la cause pour laquelle nous étions sortis. Moi, je ne suis pas d’accord qu’on considère tout le monde comme des héros. Il faut donc tamiser. Je ne suis pas d’accord, ni aujourd’hui ni demain, qu’on mette ces gens-là (qui sont sortis pour leurs intérêts personnels, pour piller et ramasser les biens) comme héros de la nation.

Comment avez-vous apprécié l’ambiance entre vous, députés de l’ALT ?

Côté qualité du travail, je ne doute vraiment pas, les gens sont de qualité et ils ont bossé. Chacun sait ce qu’il est venu faire. Chacun est venu apporter sa pierre à la construction de l’édifice commun qu’est le Burkina, surtout dans ces moments difficiles.

Cependant, ce que je déplore un peu, c’est qu’il y en a qui se mettent en retrait. Certains sont à l’Assemblée pour préparer un terrain politique. C’est cette impression que j’ai vraiment. Il y a beaucoup de calculs politiques, certains sont venus à l’Assemblée législative de transition pour préparer 2025 (prochaines échéances électorales : ndlr). Pourtant, nous pensons qu’aujourd’hui, la priorité de chacun, c’est comment aider à résoudre, un tant soit peu, la crise et redonner au plus petit des Burkinabè, sa dignité.

Pourquoi dites-vous que certains préparent 2025 ?

On ne peut pas être d’accord sur tout et sur toute la ligne, mais il y a des questions sur lesquelles on ne devait pas discuter, avoir des points de vue divergents. La nation et l’intérêt du peuple priment sur tout. Vous verrez des gens qui se démarquent sur des questions claires, qui veulent que tout le monde y voir du noir, ils veulent forcer les gens à aller dans leur sens. Ils défendent des ordres qu’ils ont reçus de dehors.

Or, on est tous majeurs, on sait ce qui nous a amené ici. On ne peut pas se laisser guider de la sorte pour défendre des intérêts de politiciens tapis dans l’ombre. Je me dis que si l’on arrive à l’ALT, c’est qu’on doit pouvoir agir et assumer ses actes et non, recevoir des ordres de dehors.

En clair, pensez-vous qu’il y a des membres de l’ALT qui travaillent pour des officines plutôt que l’intérêt général ?

Ça, c’est clair ! Et je trouve cela dommage. C’est parce que tu es responsable qu’on t’a envoyé à l’ALT. S’il y a des choses à discuter, tu peux te retourner vers ton entité qui t’a envoyé à l’ALT, tu poses le problème, toujours dans l’intérêt général. Mais au-delà de cela, tu ne dois pas recevoir des ordres de tierces personnes tapies dans l’ombre, en train de préparer 2025. Surtout aux jeunes, j’invite à ne pas faire le jeu des vieux politiciens qui veulent nous ramener trente ans en arrière.

On vous a connus dans le combat pour le départ de Roch Kaboré. Ceux que vous indexez peuvent dire aussi que vous travaillez pour le MPSR !

Je ne suis vraiment avec le camp de personne, je mène le combat pour le peuple. Et pour le bien du peuple, je trouve judicieux d’accompagner les hommes en place actuellement. Aujourd’hui, j’entends des gens dire à Damiba de partir. Moi, je n’ai pas de souci en cela, de toute façon, lui-même sait qu’il va partir, il ne va pas s’éterniser là-bas. Mais, s’il part aujourd’hui, c’est un perpétuel recommencement. Moi, j’ai crié dans la rue, parce que je me suis toujours dit : Roch (Kaboré) est incapable. Et effectivement, je vais emprunter l’expression de mon ami Lota (Abdoul Karim Baguian, ndlr) : ça a été une punition divine d’avoir Roch Kaboré comme président. Un homme qui ne s’est jamais assumé.

Dernièrement, vous avez vu, même en tant qu’ancien président, il refuse de s’assumer. Donc, je ne vais pas vraiment m’attarder sur son cas. Je n’accompagne personne, je suis avec le peuple. S’il (Damiba) peut nous aider, je suis prêt à l’accompagner. Et je vais l’accompagner jusqu’au bout. Aujourd’hui, ceux qui sont sur le terrain, ce sont eux, forces de défense et de sécurité. Nos forces de défense et de sécurité abattent un gros travail. C’est le mal qui est profond. Voilà pourquoi on doit être soudé derrières eux. Nous (Burkinabè) devons accompagner ces jeunes-là. Moi, je ne suis avec personne, encore moins avec une junte.

Mais j’estime qu’aujourd’hui, on doit tous faire une mobilisation derrière eux pour sauver d’abord la patrie. Après, on reviendra à nos querelles personnelles. Ce n’est pas le moment des calculs personnels. Je vois mon ami Arouna Louré en train de parler de transition civile. Mais lui, ce n’est pas étonnant, tout le monde ici connaît son intention, il veut être candidat en 2025. Donc, lui, on le voit venir. Mais, ce n‘est pas la bonne manière. Si tu n’es pas d’accord avec une entité, tu quittes simplement. L’ALT, ce n’est pas une propriété de quelqu’un.

N’est-ce pas cela aussi la diversité d’opinion au sein de l’Assemblée ?

Je trouve que certains propos sont très mal placés. Vous savez, on se connaît, ce n’est pas bien de poser certains actes. Il faut toujours être un homme raisonnable, ce n’est pas parce qu’on a accès aux médias qu’on doit s’exprimer sans raison gardée.

Ce souhait de transition civile ne s’explique-t-il pas par le fait qu’il estime, avec certains Burkinabè, que la transition a échoué sur la principale mission de ramener la paix ?

Qu’il commence, lui-même, par démissionner de l’ALT. C’est aussi simple que cela. Il ne peut pas être à l’ALT et demander cela, ce n’est pas logique. A l’assemblée, on discute, il est d’accord avec tout le monde sur beaucoup de points, mais quand il sort, il trouve toujours quelque chose pour pouvoir montrer qu’il est l’homme du peuple, le plus propre, etc.

Mais, ce n’est pas la bonne manière, puisqu’on se connaît tous et son intention de se présenter en 2025. Je pense qu’il ne faut pas travailler à nuire à l’intérêt général rien que pour soi. Nous sommes-là pour apporter notre contribution au combat contre les attaques, pour vaincre le mal. C’est cela qui doit être notre préoccupation et non pour tirer la couverture sur nous. Je pense que le pays n’a pas besoin de cela actuellement.

Quel est, selon vous donc, le discours à tenir aujourd’hui ?

C’est le discours de l’unité, la solidarité, le pardon. Ne faisons pas de la politique politicienne. Notre seule politique aujourd’hui, c’est le pays. Aujourd’hui, moi, Koumsongo, je veux aller à Diapaga, Pama, Djibo, Nouna, etc. C’est cela ma priorité. Donc, il faut vraiment qu’on pense à cela. Quand vous regardez aujourd’hui, tous les secteurs de la vie sont touchés. Je trouve qu’on doit avoir un discours d’union sacrée pour retrouver l’entièreté de notre territoire et non pour des intérêts individuels.

C’est ce que je dis toujours aux gens : si tu entends qu’il y a la politique à Ouagadougou, c’est parce que les terroristes ne sont pas encore entrés à Ouagadougou. Je suis pour la justice, oui, mais c’est parce qu’il y a la paix. Aujourd’hui, peut-on parler de justice à Seytenga, Thiou, etc. ? On a qu’à reconquérir d’abord notre territoire avant de parler des détails et des considérations personnelles.

Député de l’ALT, que faites-vous entre les deux sessions ?

On sort beaucoup, parce que le travail du député, ce n’est pas seulement venir à l’hémicycle et voter les lois. Repartir à la base, écouter les gens pour faire remonter les difficultés, c’est important (parce que chacun est venu ici par une base). J’étais récemment à Bobo pour des activités, à Niangoloko et j’accompagne la jeunesse comme je peux. Je ne suis pas posé financièrement, mais le peu que je gagne, si je dois le remettre à la jeunesse, je le ferai. Toute ma prière aujourd’hui, c’est qu’on puisse se déplacer librement dans le pays.

Vous parliez de nécessité de l’unité contre le mal. Pensez-vous que le président Damiba a le bon ton de cette mobilisation ?

Il a tenté à maintes reprises, mais certains Burkinabè sont figés. On ne peut pas conclure que quelqu’un a échoué sans l’avoir vu à l’œuvre. Le monsieur, reconnaissons quand-même, a un discours rassembleur. Chaque fois qu’il parle, il prône toujours l’union, il demande que les Burkinabè s’asseyent et discutent.

C’est cela qu’il a essayé dernièrement en réunissant les anciens chefs d’Etat, et qui a été boycotté par une partie. Je ne dis pas qu’il est bien ; parce qu’on fait avec les hommes du moment. Mais du peu que je connais de lui dans ce laps de temps-là, c’est un rassembleur. Je trouve qu’on doit faire bloc pour l’aider à nous aider à sortir de ce gouffre. Quand tu l’écoutes, tu sens qu’il veut bien faire. Mais, il y a des gens qui sont en bas, ça leur plaît de détruire tout ce qu’on construit.

Propos recueillis par Oumar L. Ouédraogo
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