Actualités :: « Chaque Burkinabè doit voir l’autre comme un Burkinabè, un frère…, au-delà de (...)

A peine lancé, 19 mai 2022, le Forum Ditanyé, organisation de veille citoyenne, porte et soumet à la réflexion publique, des questions relatives à la vie de la nation. Ce vendredi 3 juin 2022 à l’Université Pr Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, l’organisation a, devant un public de toutes les catégories socio-professionnelles et franges sociales, tenu une conférence publique sur le thème : « Regard-critique sur les rendez-vous manqués de la démocratie : comment construire des institutions qui répondent aux aspirations des Burkinabè ? ».

Des spécialistes ont été sollicités pour éplucher le thème. Il s’agit de Pr Basile Laetare Guissou qui a planché sur le sous-thème, « critique politique des institutions et de leurs animateurs au Burkina Faso » ; Pr Jacques Nanéma sur « les attentes morales des populations vis-à-vis de la politique et des politiciens » et Dr François D’assise Palm qui scruté le sous-thème « les éléments de constructions des dynamiques de coopération inter-ethniques ».

Ouvrant ainsi le bal du panel, le chercheur à la retraite et homme politique, Pr Basile Laetare Guissou a décortiqué son sujet à travers deux grands points. Par le premier point, il a planché sur la notion de « Etat » et « nation » avant de s’attarder, dans la deuxième partie, sur la possibilité d’un Etat endogène au Burkina Faso.

Il a alors retracé l’évolution de l’Etat, avant, pendant et après la colonisation, pour ensuite s’interroger de savoir pourquoi les institutions ne reflètent pas les civilisations, cultures, valeurs que les ancêtres ont léguées en héritage. « L’impossibilité de marier l’Etat et la nation, la classe politique et la population, les élites intellectuelles et les véritables problèmes des 8 000 villages au Burkina », a-t-il présenté.

Selon l’ancien directeur général du CNRST (Centre national de recherche scientifique et technologique), c’est sous la Révolution (83-87), époque sous laquelle il fut ministre, qu’il y a eu une « tentative de construire une nation endogène », s’appuyant « sur notre héritage » institutionnel et politique. Le sociologue Guissou est convaincu qu’un Etat endogène est possible au Burkina.

Pr Jacques Nanéma, qui a succédé à cette communication inaugurale, et analysant les attentes morales des populations vis-à-vis à leurs hommes politiques, va d’abord rappeler que l’homme est un être de valeurs, pour qui les valeurs comptent. « C’est normal qu’il veuille que tout dans sa vie soit habité par la morale. L’homme est souvent un être religieux (donc il y a la morale), il veut aussi que la politique soit un espace moral », campe le philosophe.

De son avis, demander que la morale soit politique, implique quelque fois qu’elle devrait remplacer la politique. « Or, la politique et la morale, ce ne sont pas les mêmes choses ; il y a des lignes de discrimination, de rupture entre les deux. La morale, c’est une question personnelle, ce que chacun a dans sa conscience. La politique, elle, ce sont les rapports des uns avec les autres », clarifie Pr Nanéma.

C’est pourquoi dit-il préférer la conception de « éthique politique », qu’il appréhende comme l’effort entre les individus dans les différences et qui consiste à convenir dans un contrat social, de ce qu’il faut faire, de la manière dont les membres d’une société doivent vivre ensemble. « Quand bien même, quelques fois, morale et éthique peuvent signifier la même chose, l’essentiel étant de comprendre que c’est la préoccupation pour le bien commun. Et ce, que ce soit en politique qu’en religion… », précise Pr Nanéma.

Quant au Dr François d’Assise Palm qui s’est exprimé sur « la construction d’une conscience nationale », il a expliqué que construire une conscience nationale signifie qu’au-delà de toutes ces appartenances religieuses, confessionnelles, ethniques, chaque Burkinabè doit d’abord considérer l’autre comme Burkinabè, un frère. « Donc, chaque Burkinabè doit voir l’autre comme un Burkinabè, comme un frère. Dans la mesure où nous allons nous voir comme des frères, au-delà de notre appartenance ethnique, religieuse, nous pourrons travailler ensemble pour le pays », a-t-il éveillé.

Selon Dr Palm, construire des relations inter-ethniques, inter-communautaires viables, nécessite une culture de la non-violence, le dépassement de soi, l’acceptation de la rencontre de l’altérité (cultiver des valeurs universelles) et, au niveau administratif, mettre l’accent sur la compétence.

L’auteur de la thèse « Nuptialité et compensation matrimoniale chez les Dagara du Burkina Faso » préconise en outre que l’on reconsidère (donne plus de pouvoir) les chefs locaux (chefferie coutumière), maillon important dans la résolution des crises sociales.

Plus de détails à venir sur cette conférence publique au cours de laquelle, le Forum Ditanyè a lancé un appel à la formation d’un Front patriotique.

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