Actualités :: Résidence surveillée de Roch Kaboré : « Nous qualifions la situation de prise (...)

Depuis quelques semaines, l’Alliance citoyenne pour la libération de Roch Kaboré, dirigée par l’ex-chargé de mission à la présidence du Faso, Désiré Guinko, multiplie les sorties pour dénoncer la résidence surveillée de l’ancien président du Faso et demander sa libération sans condition. Après plusieurs sorties, et à travers une conférence de presse tenue le mardi, 24 mai 2022, l’alliance, de concert avec d’autres organisations, annonce un meeting pour ce samedi 28 mai 2022 à 8 h au monument des droits humains. Sur les contours de cette activité, le porte-parole Désiré Guinko en dit davantage.

Lefaso.net : Combien d’organisations portent cette activité ?

Désiré Guinko : Notre faîtière regroupe une centaine d’associations, étant donné que c’est un regroupement de plusieurs structures. Nous sommes réunis autour de la Coordination des organisations pour la libération de Roch Marc Christian Kaboré.

L’objectif reste donc unique ?

Oui, l’objectif est unique : la libération totale et réelle de l’ex-président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Nous insistons sur le terme « réelle », parce que le 6 avril dernier, il y a eu annonce du gouvernement, qui faisait cas d’une prétendue libération du président Kaboré. On s’est rendu compte dans les faits que cela n’était pas réel, c’était plein de contrevérités. C’est pourquoi, ces structures se sont réunies pour défendre la cause de la libération de Roch Kaboré. Pour nous, c’est est un combat noble, en ce sens qu’il consiste à défendre les libertés, les droits humains.

Vous étiez un des plus proches de Roch Kaboré. Avez-vous pu communiquer avec lui, depuis le 24 janvier 2022 ?

Depuis le 24 janvier (2022), personnellement, je n’ai pas eu accès à l’ancien chef de l’Etat. Avec les conditions qui lui sont appliquées, de son premier lieu de détention à Ouaga 2000 à chez lui à domicile à la Patte d’Oie. Nous n’avons même pas cherché à entrer en contact avec lui, nous avons entamé systématiquement le combat pour sa libération. Pour nous, l’essentiel, c’est qu’il recouvre la liberté totale. Je veux rencontrer l’ancien président Kaboré, mais dans des conditions où il est totalement libre, pas dans des conditions où ses droits sont brimés.

Etes-vous rassuré que sa sécurité n’est pas en jeu pour justifier sa situation actuelle ?

Ce motif, de notre point de vue, ne pèse pas. Le président Kaboré est un homme de paix, de tolérance. Cet argument, selon nous, ne tient donc pas. On s’est même rendu compte qu’à la Patte d’Oie, ce n’est pas qu’on assure sa sécurité, ce sont plutôt des impositions de restrictions qui font qu’aujourd’hui, personne n’a accès à lui. Même sa famille est tenue à certaines restrictions ; elle vient lui rendre visite le matin à partir d’une certaine heure et doit quitter les lieux à partir d’une certaine heure également. C’est pourquoi nous qualifions la situation de prise d’otage et cela doit prendre fin immédiatement.

Lors de votre première conférence de presse, vous annonciez des démarches auprès de personnes-ressources et de certaines institutions. Qu’en est-il ?

Oui, on a touché de nombreuses personnes-ressources, mais permettez-moi de ne pas dévoiler les noms. Mais pour les organisations, nous avons pu toucher par exemples la CNDH (Commission nationale des droits humains), qui estime que c‘est un combat fondé. Elle nous a même signifié que, malheureusement, à maintes reprises, elle est entrée en contact avec les autorités militaires en vue de pouvoir rencontrer l’ancien président, mais à chaque fois, sa demande est restée lettre morte. Nous avons estimé que c’est encore grave, si cette commission-là même qui s’occupe des questions liées aux droits humains, n’arrive pas à le voir.

On ne sait pas si depuis lors la situation a évolué, mais nous avons déploré cet état de fait. Au-delà de la CNDH qui s’est engagée aussi à œuvrer pour qu’on aboutisse à une libération totale du président Kaboré, nous avons pu rencontrer la représentation permanente de la CEDEAO, juste après l’annonce de la libération. Elle aussi a épousé notre combat et a dit que la CEDEAO continuera de tout mettre en œuvre pour que cette libération soit effective et totale. Certes, l’annonce avait été faite bien avant, mais la représentation a dit qu’elle n’était pas très imprégnée des conditions et qu’il lui fallait du temps pour comprendre ce qui entoure cette idée de libération qui a été annoncée en grande pompe.

Vous faisiez cas, lors de votre dernière conférence de presse, mardi dernier, d’intimations, de manipulations…, contre vous. Est-ce dire que des gens ne sont pas favorables à votre activité et travaillent contre elle ?

Tout à fait. Ce n’est pas seulement notre activité, il y a des gens qui n’épousent pas notre combat, le combat qui consiste à se battre pour que l’ancien président Roch Kaboré, qui est un citoyen burkinabè, recouvre la totalité de sa liberté, pour des raisons diverses. Mais, nous estimons qu’en tant que Burkinabè, épris de paix, de liberté et de justice, nous devons mener ce combat-là jusqu’à son aboutissement. Au-delà de ma position d’ex-collaborateur de l’ex-chef de l’Etat, c’est un combat à la fois pour le président Kaboré, mais également pour les citoyens burkinabè qui pourraient se retrouver dans pareilles situations dans un contexte où le respect des droits n’est pas forcement une évidence.

S’agissant des intimations, manipulations et autres, vous vous souviendrez qu’un audio circule depuis quelques temps, dans lequel mon nom est cité, de même que celui d’autres personnalités de ce pays, pour dire que nous voulons brûler le pays, casser des magasins, etc. C’est une manière de jeter l’opprobre sur l’initiative que nous avons engagée, qui est le meeting pour la libération totale du président Kaboré. L’objectif est de montrer à l’opinion nationale et internationale que nous sommes des gens qui ne se mettent pas en phase vis-à-vis des règles de la République. Nous sommes des démocrates, des hommes de paix, qui se battent pour le respect des libertés et ça s’arrête là. Maintenant, vouloir nous coller des étiquettes négatives, nous nous réservons le droit de porter une plainte contre X.

Vous tenez l’activité au monument des Droits humains, qui est à quelques encablures du domicile de l’ex-président Roch Kaboré. Pourquoi le choix de ce lieu, ne craignez-vous pas également qu’on vous oppose une question de sécurité de par cette proximité ?

C’est un endroit symbolique, comme son nom l’indique. Nous estimons qu’il n’y a pas de lieu plus symbolique que celui-là pour défendre une question de droit. Jusqu’à ce jour, il n’y a aucune base juridique qui justifie la prise en otage de Roch Kaboré. Détenir un Burkinabè plus de 100 jours sur la base de rien, c’est une atteinte à ses droits. Le choix de ce lieu est donc symbolique et nous l’avons retenu sans même nous soucier que le domicile de Roch Kaboré se situe à proximité.

Quel sera le contenu de cette activité ?

C’est un meeting, qui se tient à partir de 8h, avec un message principal que nous allons lancer : la libération totale, réelle et définitive de Roch Kaboré, qui est un ancien chef d’Etat qui doit jouir de tous ses droits. C’est ce message que nous allons lancer et nous réitérons le caractère pacifique de cette activité. C’est un meeting pacifique pour lequel nous veillerons à ce qu’il n’y ait pas de débordements. Ceux qui viendront dans ce cadre, passeront ce message puis rentreront chez eux pacifiquement. Nous n’avons aucune autre intention.

A quelques heures du meeting, comment se déroule la mobilisation et quel est le message que vous lancez ?

Nous lançons un message à tous les patriotes, à tous ceux qui sont épris de paix, de justice, à toutes les filles et tous les fils de ce pays, de se mobiliser pour défendre cette cause, parce que si aujourd’hui ce genre de restrictions sont appliquées à un ancien chef d’Etat, qu’en sera-t-il d’un citoyen lambda ? C’est dire que chacun pourrait subir la même furie face aux hommes en tenue. Raison pour laquelle, il faut se lever pour que les droits et les libertés soient préservés. C’est donc un appel patriotique que nous lançons à tout le monde.

En conclusion ?

Notre combat, nous l’assumons. C’est un combat que nous estimons juste. A côté de ce combat, nous avons un autre combat, pour la libération de notre pays, le Burkina Faso, pour le retour de la paix. En tant que filles et fils de ce pays, nous sommes préoccupés par ce qui se passe aujourd‘hui avec les nombreuses pertes en vies humaines ces derniers jours. Cela est regrettable et nous attriste. Nous ne pouvons donc pas rester les bras croisés, nous nous battrons également pour que ce pays-là recouvre sa quiétude.

C’est dire clairement qu’après avoir obtenu la libération de Roch Kaboré vous allez vous réorganiser pour faire face à la situation nationale ?

Nous sommes déjà dans ce combat, car je suis le président de la section Burkina du Front africain de la jeunesse contre l’extrémisme violent (FAJEV). A ce titre, j’étais à Grand-Bassam (en Côte d’Ivoire), il y a environ trois ans, où lors d’un meeting, j’ai dit à l’ensemble des jeunes africains qui y étaient, qu’il faut une solidarité agissante, en nous aidant (le Burkina, ndlr) à barrer le chemin à l’invasion terroriste. A l’époque, j‘ai dit également que si le verrou du Burkina saute, c’est l’ensemble de la sous-région qui sera touché par le terrorisme.

Malheureusement, c’est aujourd’hui une triste réalité. Le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire sont touchés. La menace s’est généralisée. Si on ne s’unit pas pour faire face à la situation, il est évident que toute la sous-région va s’embraser. Nous saluons par la même occasion, le combat de nos FDS (Forces de défense et de sécurité) et VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), qui n’ont jamais lésiné, qui continuent de se battre, malgré l’adversité, les difficultés et nous pensons que dans l’unité, dans un état d’esprit solidaire, entre nous Africains, nous pourrons faire face à cette situation.

Entretien réalisé par Oumar L. Ouédraogo
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