Actualités :: Incivisme : Chaque Nation fabrique ses citoyens, bons, comme (...)

Bali Nébié, enseignant à la retraite et écrivain, estime à travers les lignes qui suivent, que l’éducation est un remède efficace contre l’incivisme qui a pris beaucoup d’ampleur au Burkina.

Depuis quelques années, tout le monde au Burkina Faso se plaint des comportements et pratiques de certains citoyens : non-respect des règles de la circulation routière ; refus d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre ; agressions d’agents de police, refus du port du casque, utilisation du téléphone pendant la conduite, conduite en état d’ivresse, refus de limitation de vitesse dans les agglomérations, corruption galopante, malversations financières, etc. Les conséquences de ces comportements et pratiques irresponsables sont connues.

Comme réponse à ces formes d’incivisme, l’Etat a procédé à la sensibilisation, ensuite, il est passé à la phase de répression qui se poursuit jusqu’à ce jour. Visiblement, la démarche ne semble pas produire les effets attendus. Nos gouvernants, impuissants face à la situation, cherchent à se dédouaner par tous les moyens : « Dans certains pays voisins, la situation est pire ! », clament-ils, en espérant secrètement, que les populations ignorent les cas de pays où par exemple les citoyens, quel que soit leur âge, respectent rigoureusement les règles de la circulation routière en l’absence de tout agent de police. Nos Gouvernants sont donc toujours à la recherche de la recette miracle.

Pourtant ! Il existe bel et bien une solution à ces drames qui minent nos sociétés. Et, elle est à notre portée : C’est l’EDUCATION. Tout émane du système éducatif. Il est affligeant que les premiers décideurs de nos pays l’ignorent. La preuve ? Ils proclament sans gêne que tout est prioritaire dans nos jeunes nations. Non ! Messieurs, Dames ! La priorité de nos Nations est l’EDUCATION. Face à un problème national surtout lié à des comportements déviants de la jeunesse, fer de lance de toute Nation, les gouvernants doivent revoir immédiatement le système éducatif en vigueur. C’est la seule et unique voie qui conduit indubitablement à une solution durable. Les Gouvernants doivent toujours envisager les grandes actions dans le long terme en pensant aux générations futures.

Les sciences ont beaucoup évolué ces dernières décennies. On sait aujourd’hui que le cerveau de l’Homme fonctionne comme un ordinateur sur plusieurs plans. Pour que l’ordinateur soit fonctionnel, il faut qu’on installe sur le disque dur (DD) des logiciels, c’est-à-dire un ensemble de programmes conçus pour exécuter des tâches précises.

Les études ont montré que chez l’enfant, pendant les six à sept premières années de sa vie, l’esprit conscient n’est pas en activité c’est-à-dire qu’il n’est pas capable de discernement : on dit souvent que l’enfant est inconscient. Par contre, son subconscient fonctionne à plein temps : il enregistre et stocke tout ce que l’enfant perçoit autour de lui. Ces informations reçues du monde extérieur sont assimilables à des programmes que télécharge automatiquement son subconscient.

Ce téléchargement de programmes se fait par autohypnose (ou hypnose) et se traduit par la création de circuits nerveux au niveau du cerveau ; et le cerveau étant vierge, les programmes s’impriment alors comme des marques profondes laissées par un stylet pointu sur de la cire molle. Ainsi, le premier programmeur du bébé dès sa naissance est sa mère qui est permanemment en contact avec lui. Il enregistrera intégralement tous ses faits et gestes, sa voix, ses émotions, etc.

Le deuxième programmeur est le père ; ensuite viennent les proches parents, les amis de la famille et les émissions de la télévision. Et au fur et à mesure que l’enfant croît, le cercle des programmeurs s’agrandit : il s’agit des encadreurs pédagogiques, des camarades d’école, des livres, des amis rencontrés dans la rue, etc. Ce dernier type de programmeurs est très puissant et donc redouté par les parents. C’est pourquoi quand un enfant est en difficulté, les parents accusent souvent la « mauvaise » compagnie.

Avant ses six à sept ans, l’enfant se contente de télécharger des programmes et imite mécaniquement ce qu’il observe. Ce n’est qu’à partir de six à sept ans que ces programmes s’expriment inévitablement chez lui. Ainsi, ses croyances, ses comportements, ses attitudes, ses émotions, etc. seront l’expression de ces programmes gravés dans son subconscient. Il n’est pas étonnant de voir une fille, même devenue adulte, adopter certains comportements de sa mère (exclamations, façon de rire, petites « manies », etc.) ou un garçon, marcher comme son père, utiliser les mêmes expressions que lui, adopter un air autoritaire, etc.

Certains programmes seront bons et d’autres, mauvais, mais tous s’exprimeront. Exemple : un enfant qui est né dans un foyer où règne la violence, téléchargera dans son subconscient le programme correspondant qui s’exprimera quand il deviendra père de famille. Tant que ce programme ne sera pas remplacé par un bon, il s’exprimera inévitablement. A l’inverse, l’enfant qui est né dans un foyer où règnent l’entente et la paix, aura un foyer à l’image du programme enregistré si ce dernier n’a pas été remplacé bien entendu.

A partir de Six à sept ans, la programmation du subconscient se poursuit mais cette fois ci par accoutumance. Pour ce faire, il faut répéter et encore répéter le programme jusqu’à ce qu’il devienne une habitude. Et comme le dit si bien l’adage populaire, « l’habitude est une seconde nature » ou encore : « On a beau chasser le naturel [l’habitude], il revient au galop ! ». En fait l’habitude est un programme installé dans le subconscient par la répétition. Les agences publicitaires utilisent cette méthode pour piéger les consommateurs : elles créent dans le subconscient des consommateurs, des programmes (habitudes) par accoutumance qui orientent (poussent) ces derniers à acheter un produit précis sans qu’ils n’en aient réellement besoin.

Dans la journée, près de 95% du temps de l’individu est occupé par l’esprit conscient : il est préoccupé à résoudre des problèmes divers, se plonge dans ses pensées profondes, se met à rêver de ses projets, etc. Pendant ce temps, les programmes prennent le contrôle de sa vie et s’expriment sans qu’il ne s’en rende compte. Ainsi, environ 95% de la vie de l’individu sont dictés par son subconscient à travers les programmes téléchargés.

Ces connaissances ont permis de consolider de façon notable et rationnelle les méthodes pédagogiques. Ainsi, après que l’instance politique a défini clairement le profil du citoyen recherché, les Encadreurs pédagogiques définissent les objectifs généraux et spécifiques appropriés et déterminent les moyens à mettre en œuvre pour « programmer » les enfants dès la maternelle.

On peut les programmer par exemple à :

- respecter de façon rigoureuse les règles de circulation routière,
- porter le casque dès qu’il enfourche un vélo ou une motocyclette ;
- respecter la chose publique ;
- aimer leur pays ;
- gérer les cotisations de la classe ou de l’école mises à leur disposition ;
- etc.

Pour les enfants de moins de six ans, la programmation doit se faire par autohypnose : les encadreurs doivent avoir alors des comportements et attitudes rigoureusement conformes aux objectifs visés. Les enfants seront ainsi programmés et imiteront aveuglement les encadreurs. Tant que les programmes ne seront pas changés, ils s’exprimeront durant toute la vie des apprenants.

Pour ceux qui ont plus de six ans, la programmation se fera par accoutumance : il faut répéter sans relâche les comportements recherchés en utilisant de préférence les images et en faisant recours aux émotions des apprenants.

Il s’agit, par cette démarche, de graver dans le subconscient de l’enfant, des normes et valeurs sociales qui créent un baromètre spirituel qui est le sens moral qu’il possèdera. C’est ce baromètre inscrit dans son subconscient qui l’avertira désormais en tirant sur la sonnette d’alarme, chaque fois que ses actes ou ceux qu’il envisage, sont contraires aux lois et aux principes reçus.

Il est important de noter qu’un programme ne change pas par une simple prise de conscience de ses manifestations néfastes. Dès qu’on se rend compte qu’un programme est mauvais, il faut le remplacer en suivant des exercices appropriés (autohypnose, accoutumance, etc.) : c’est une reprogrammation.

Parmi les programmeurs de l’enfant, seuls les encadreurs pédagogiques agissent dans un cadre organisé et structuré qui est l’Ecole. Les autres programmeurs, y compris les parents géniteurs, sont bien souvent inconscients de l’impact de leurs actes sur le développement de l’enfant.

Dans le processus de « fabrication » des citoyens, l’Ecole occupe donc une place de choix. Si on assimile l’Ecole à une usine de fabrication de citoyens, sa particularité sera qu’on ne puisse remplacer les Ouvriers par des robots aussi sophistiqués soient-ils. Une Nation qui clochardise les Ouvriers de ses usines ou qui confie la gestion de ses usines à des commerçants véreux sans aucune mesure de contrôle, ne peut s’attendre à des miracles quant à la nature des produits qui sortiront des ateliers : ce seront essentiellement des citoyens délinquants. Elle n’aura récolté que ce qu’elle a semé. Par contre, une Nation qui sait choyer les Ouvriers de ses usines en les valorisant aux yeux de la société, en leur donnant une formation de qualité, en leur créant des cadres de travail agréables et attrayants ; en leur offrant des conditions salariales avantageuses qui les mettent à l’abri des petits soucis financiers quotidiens, etc., récoltera à coup sûr, des citoyens honnêtes, travailleurs, patriotes et respectueux des lois.

Si les citoyens étaient vraiment conscients du rôle fondamental que jouent les encadreurs pédagogiques surtout de la Maternelle et du Primaire (de véritables Artistes de la Nation) dans le devenir de leurs progénitures, ils prendraient le devant des Syndicats des Enseignants pour exiger les meilleures conditions de vie et de travail qui soient pour eux. Personne n’acceptera de confier l’avenir de son enfant, ce qu’il a de plus précieux au monde, à quelqu’un qui se « cherche ». Certaines Nations que l’on qualifiait d’arriérées il y a quelques dizaines d’années, l’ont compris. Elles sont classées aujourd’hui parmi les nations les plus puissantes. Elles n’ont atteint ce niveau de développement qu’en plaçant l’EDUCATION comme priorité nationale.

Bali NEBIE
Enseignant à la retraite/ Ecrivain
Tel : +(226)66158655
Mail : bedoa@gmx.fr
Chevalier de l’Ordre National

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