Actualités :: Burkina Faso / Secteur du tabac : Trop d’usines pour un marché national (...)

De nombreux projets d’usines de fabrication de cigarettes sont apparus dans le pays ces dernières années. Une tendance qui interroge au regard de la capacité très limitée du marché domestique.

Le Burkina Faso est l’un des pays africains où la consommation de tabac explose, notamment chez le jeune public. Selon le ministère de la Santé, de l’hygiène publique et du bien-être près de 20% des 25 - 64 ans fument régulièrement. Un marché des plus dynamiques qui attirent les opérateurs internationaux, mais aussi des acteurs impliqués dans le commerce plus ou moins illicite. Plusieurs projets d’usines de fabrication de cigarettes ont été récemment homologués par l’État. Alors que le secteur est actuellement dominé par cinq cigarettiers en tête desquels la Manufacture burkinabè de cigarettes (Mabucig), filiale du Britannique Imperial Tobacco, de nouveaux investisseurs entendent renforcer leur présence en propre.

C’est le cas de la Société nationale des tabacs (Sonatab) dirigée par l’homme d’affaires Victor Ouédraogo ou de K & K Gold Trading. Fin 2020, cette société a fait une demande en vue d’augmenter son business dans le pays en partenariat avec la Karelia Tobacco Company, société récemment montrée du doigt par le panel d’experts des Nations unies sur le financement du terrorisme au Sahel.

Cette tendance exponentielle interroge. D’une part, la multiplication de projets s’inscrit dans un contexte mondial de l’industrie du tabac qui tend vers la diminution du nombre d’usines. D’autre part, parce qu’elle ne correspond en rien au marché intérieur du Burkina Faso, pays d’à peine 20 millions d’habitants. L’offre locale s’avère déjà de très loin supérieure à la demande.

Plus étrange : certains opérateurs semblent attendre avant de concrétiser leurs investissements malgré un agrément du Ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat (Mica).

Ainsi, l’usine de la Sonatab à Ouagadougou est dormante depuis 2015 alors qu’elle possède des machines capables de produire à partir de matières brutes envoyées notamment par la Société commerciale d’articles fumeurs (Scaf), située en France. Elle préfère faire homologuer des produits existants comme la marque « Che » ou obtenir un agrément d’entreposeur pour la distribution en gros. Idem de la société Siri Produits & Co fondée en 1997, à Bobo-Dioulasso.

Celle-ci a également réceptionné plusieurs machines, mais elle concentre ses activités sur la distribution des marques « Oris », « Gold Steal », « Capital » ou encore « Empire ». Par ailleurs, elle a reçu un agrément d’entreposeur pour la distribution en gros au profit de la marque « Oris ». Quant à la Sogetab, elle projetait l’ouverture d’une usine pour fabriquer sous licence Karelia sans que ce projet ne se soit encore réalisé. Sogetab distribue « Sir » dans le pays.

Forts de leurs autorisations administratives, ces projets ne cachent-ils pas, en réalité, la volonté de privilégier les importations voire, pour certains opérateurs, d’alimenter des circuits parallèles sous régionaux particulièrement rémunérateurs ? Par le passé, beaucoup de cargaisons de marques « Oris » et « Gold Seal » se sont ainsi retrouvés dans les circuits de contrebande en Afrique de l’ouest, comme le pointe le rapport du 13 août 2020 du panel de l’Onu. En avril 2019, un camion de Siri Produits transportant des cigarettes de contrebande avait été saisi par les autorités burkinabè dans l’est du pays avant de disparaître mystérieusement.

Ces projets sans véritable justification économique légale et avérée ne seraient-il pas des chevaux de Troie ? La pratique consistant à monter une unité de production pour, sous couvert d’importations de matières premières peu ou non taxées destinées à l’usine en question, importer illégalement des produits finis en provenance de Dubaï, de Grèce ou du Vietnam, est connue et bien rôdée des professionnels. Elle permet du même coup à de nombreux opérateurs africains d’échapper au paiement de droits et de taxes.

En outre, cette pratique a un coût pour les Etats, en les obligeant à consacrer davantage de moyens à la lutte contre la fraude entre, d’une part, le recrutement de douaniers pour vérifier ces importations et, d’autre part, pour inciter le ministère du commerce plus de vigilance pour établir la corrélation entre le volume de matières premières brutes importées et le volume de cigarettes réel produit au Burkina Faso.

Kisso Keïta

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