Actualités :: Burkina : De Maurice Yaméogo à Roch Kaboré, une marche dans la frustration (...)

Le Burkina Faso est à la croisée des chemins, foi de plusieurs Burkinabè. Le pays renoue ainsi avec sa marche balbutiante, avec à l’actif, des lots de frustrations sur toute la ligne. Du premier président, Maurice Yaméogo, à Roch Kaboré, on observe que chacun est ressorti de la direction du pays avec une dose de frustrations.

Maurice Yaméogo, père de l’indépendance, est tombé par l’insurrection populaire, le 3 janvier 1966. Les conditions de son départ semblent porter un coup à l’aspect rayonnant de sa gestion qui aurait, selon de nombreux Burkinabè contemporains, pu être mis en exergue.

Le successeur, Aboubakar Sangoulé Lamizana, va également connaître toutes les difficultés dans la gestion du pouvoir, marquées notamment par des blocages dus à des crises entre ses plus proches collaborateurs. Finalement, le 25 novembre 1980, un coup d’État militaire est perpétré contre lui par le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN).

Le colonel Saye Zerbo, ancien ministre des Affaires étrangères, devient le chef de l’État (tandis que le 3 janvier 1984, Aboubacar Sangoulé Lamizana est jugé par un Tribunal populaire de la Révolution ; on lui reproche sa gestion de 400 millions de francs CFA de Fonds spéciaux). Saye Zerbo sera aussi renversé le 7 novembre 1982 par Jean-Baptiste Ouédraogo, qui lui succède à la tête du Conseil de salut du peuple (CSP). Saye Zerbo est emprisonné et jugé après le coup d’État, en août 1983, du capitaine Thomas Sankara. Jean-Baptiste Ouédraogo, médecin militaire, ne durera au pouvoir que du 8 novembre 1982 au 4 août 1983. Il est renversé par le camp de son Premier ministre, Thomas Sankara, qui prend le pouvoir.

Le cycle des coups de force se poursuit par ces évènements dramatiques du 15 octobre 1987 au cours desquels, le président Thomas Sankara perd la vie. Blaise Compaoré qui lui succède est, à son tour, forcé de signer sa démission sous la pression populaire, le 31 octobre 2014.

Michel Kafando, président de la transition, subit un coup d’État en septembre 2015 avant d’être rétabli. Bien qu’ayant pacifiquement passé le témoin à son successeur Roch Kaboré, certains de ses proches ne cachent pas des éléments de frustrations de l’ancien président liées aux attitudes du pouvoir Kaboré à son égard (notamment en matière de traitements liés à sa qualité et à ses droits). Il en est de même pour l’éphémère président du Faso, Isaac Yacouba Zida, (1er au 21 novembre 2014), ‘’contraint’’ par les successeurs à l’exil.

Le président Roch Kaboré n’aura pas, lui non plus, le temps d’achever son deuxième mandat constitutionnel, écourté en cette soirée de lundi 24 janvier 2022, soit un an, deux mois et deux jours, après avoir été réélu au premier tour par un score de 57, 74 %.

Comme on peut le constater, la frustration caractérise bien chacun ou proches et soutiens de tous les chefs d’État qui se sont, jusque-là, succédé à la tête de ce pays.

C’est la même réalité que vivent les organisations, politiques et civiles. Dès lors, il est difficile de faire avancer ce pays. Pourtant, il faut qu’il y ait une génération à la hauteur des responsabilités, pour mettre fin à ce cycle infernal. Il ne peut pas en être autrement.

C’est ce à quoi, inspirent certains passages de ce discours de baptême du Parti panafricain pour le salut (PPS), ce samedi 2 avril 2022. « Notre initiative est le tombeau de la haine contre Maurice Yaméogo, le tombeau de haine contre Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo, Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando, le tombeau de haine contre Roch Marc Christian Kaboré. (…). Voyez-vous, on a longuement vendu aux Burkinabè l’ivresse de l’affrontement, de la confrontation. Ce fut d’ailleurs le fonds de commerce de certains hommes politiques de ce pays. C’est donc le lieu pour moi d’appeler à un désarmement des cœurs, de solliciter l’indulgence des autorités actuelles pour un élargissement de tous ceux qui ont été privés de leur liberté à la faveur des événements récents qu’a connu notre pays », a déclaré Abdoulaye Mossé, président du PPS, une figure imprégnée de la vie politique burkinabè de ces trois dernières décennies.

Au-delà de tout accueil qui peut être réservé à ces propos, il n’en demeure pas moins qu’ils affichent un problème réel de la société burkinabè. Il touche le fond. Tant que certains b.a.-ba ne sont pas résolus, les politiques de développement ne seront que du cosmétique.

Michel Kafando, lui, disait d’ailleurs en 2016, dans une interview accordée aux confrères des éditions Le Pays : « Il faut absolument exorciser ce pays ». Il répondait ainsi à une question sur les conditions d’une réconciliation nationale : « La réconciliation est d’une impérieuse nécessité. Je dis partout où je passe, que nous devons travailler à la réconciliation nationale. Car voilà un pays qui a souffert du sectarisme, des injustices, un pays où des gens ont été spoliés, des assassinats ont été perpétrés. Vous avez même jusqu’à présent, des victimes dont on n’arrive pas à retrouver les sépultures. Donc, il faut absolument exorciser ce pays. Ce préalable est indispensable pour aller à la réconciliation ». Le ministre des affaires coutumières et religieuses devra plancher sur le sujet, afin que le pays puisse envisager la fin du cycle infernal et ainsi éviter de transmettre aux générations futures, les charges négatives.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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