Actualités :: Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles (...)

Après 2014, le Burkina Faso devra cette année 2022, faire une autre expérience de transition politique. Dans la tribune ci-après, le journaliste- éditorialiste-auteur Lookmann Sawadogo nous propose une lecture comparée des chartes des deux transitions (de 2014 et de 2022).

Certains craignent que la charte actuelle de la transition ne renferme ses propres germes d’instabilité et d’inefficacité. Pour d’autres, c’est quasiment le doute et la réserve sur la qualité de cette charte. Je me suis proposé de faire un exercice comparé des deux documents. Chacun pourrait faire ses analyses par la suite.

Préalable important :

En 2014 ce fut une insurrection populaire. Pas un coup d’Etat militaire. Un renversement civil du pouvoir. Mais en 2022 ça été un coup d’Etat militaire. Pas une affaire de civils. De ce qui précède :

1- En 2014, le parlement de Transition était composé de 25 représentants des FDS contre 16 en 2022. Les civils ont donné plus de places aux militaires que les militaires ne se sont octroyés de places dans leur coup d’Etat.

2- En 2014, le dauphinat n’était pas prédéfinit. En cas de vacance du pouvoir il fallait re-désigner un président. En 2022, le problème est réglé car le dauphin constitutionnel c’est le président de l’Assemblee législative de transition. Cela réduit l’incertitude et confère une certaine stabilité. La dévolution du pouvoir remporte, de tout temps, la palme des risques de l’instabilité politique et sociale.

3- En 2014, l’exclusion était systématique de même que la discrimination dans la charte.
Ainsi, étaient exclus des organes ceux ayant soutenus la modification de l’article 37 ou ayant fait partie du dernier gouvernement Tiao. Ensuite, au CNT, il était donné 30 sièges pour le CFOP d’alors contre 10 pour le régime déchu. Dans la charte de 2022, toutes les forces politiques bénéficient du même droit. Le CFOP, l’APMP, l’ONA et les autres partis ont chacun 2 sièges sans discrimination. L’équité et l’égalité sont respectés en 2022. En plus les régions sont impliquées à travers 13 représentants soit 1 par région. Disons que les militaires se sont montrés plus enclins au respect des droits du citoyen et à l’inclusion sociale que les civils.

4- En 2014, il n’était pas prévu des conditions particulières pour devenir député de la transition. En 2022, un filtre à différents critères est mis pour assurer des choix de qualité.

5- En 2022, l’interdiction n’est pas faite formellement aux ministres de de la transition de prendre part aux élections qu’organisera la transition. En 2014, la clause d’interdiction existait. Même s’il s’agit d’une volonté des assises, cette question doit être réglée sans détours. Pas de ministre candidat.

6- En 2022, la question de la rémunération et des indemnités des ministres et des députés de du parlement de transition, ne figurait pas dans la charte. En 2022, il est prévu la prise de décrets présidentiels pour définir les taux et modalités. Les militaires montrent un souci plus ardent de bonne gouvernance.

Conclusion :

L’exercice n’est pas exhaustif. Il reste des choses à comparer. Ce faisant, quand on regarde et à mon sens, la charte de 2022 est très progressiste par rapport à celle de 2014. Cette dernière renferme des bases de paix, de consensus et de stabilité sociale et politique.
Elle reste cependant une œuvre humaine qui peut et doit être améliorée en certains points. Du reste, la charte est loin d’être un dogme et même qu’elle prévoit la possibilité de sa modification au titre III aux articles 30 et 31.

Lookmann Sawadogo
Journaliste - éditorialiste
Auteur

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