Actualités :: Gouvernance politique au Burkina sous le soleil du MPSR : Lutter (...)

Le 24 janvier 2022, l’opinion nationale et internationale apprenaient le renversement du président Roch Marc Christian KABORE par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration(MPSR) dont le président le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA a récemment prêté serment. Une commission de quinze membres a été mise en place afin de proposer des textes comme la charte et l’agenda de la transition. Les travaux de ladite commission ont fixé selon un article publié récemment par le Lefaso.net à 30 mois, la durée de la Transition. Que faut-il faire durant cette période ? Parer à l’urgence de l’insécurité est une évidence. Toutefois, la sempiternelle course mêlée au déshabillement doit prendre fin. Justement pour s’attaquer aux racines de l’insécurité. Cette tribune de monsieur BEMAHOUN Honko Roger Judicaël, évoque des éléments de gouvernance à implémenter à partir d’évidence empirique s’appuyant sur des enquêtes du réseau panafricain Afrobaromètre. Lisez plutôt.

La corruption, ce mal pernicieux érode la confiance des citoyens aux institutions étatiques. En effet dans le document de travail « Confiance institutionnelle au Burkina : Examen en analyse multiniveau sur la décennie 2008-2018 » , l’auteur faisait remarquer que les Burkinabè ont de moins en moins confiance à l’Etat. L’indice de confiance institutionnelle calculée a connu une tendance baissière. Quant à l’indice de perception de la corruption, il affectait négativement la confiance aux trois pouvoirs de l’armature institutionnelle (exécutif, parlement, justice). Au titre par exemple des années 2012 et 2018, une augmentation d’un point (en pourcentage) de l’indice de corruption réduisait respectivement de 4.9% et 2.7% l’indice de confiance institutionnelle.

Du reste, cette relation négative entre les deux indices corrobore le résultat trouvé par Anne Haugen (2016) qui avait travaillé sur le même sujet à l’échelle de l’Afrique subsaharienne. A l’évidence, lutter contre la corruption est un truisme pour tous les gouvernants s’ils ne veulent pas s’aliéner la sympathie des citoyens d’où ils tirent leur légitimité de jure et de facto. Primo, le Burkina Faso a certainement besoin de s’attirer des investissements étrangers dans ce contexte assez difficile pour les enfants de Goama et de Patarb-taalé. Nul ne viendra investir au Burkina Faso lorsque le climat des affaires sera mêlée à des pratiques de prévarications d’autant plus qu’au plan international, le Burkina Faso n’occupe pas un rang reluisant de l’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency international. Le Burkina Faso n’est pas condamné à stagner dans ce classement mondial.

Secundo, celui au nom de la continuité de l’Etat. Le président Roch Marc Christian KABORE dans son dernier discours à la nation avait annoncé une opération mains propres. Nous pensions que ce n’était pas une flagornerie de plus afin d’exciter l’émotion populaire. Tertio, la jeunesse désœuvrée et abusée a besoin d’un réel regain d’espoir face à ses contradictions quotidiennes. Il faut que cesse l’esprit « bras longs » car indéfiniment les uns ne regarderont pas les autres manger impunément parce que, comme insiste Jacques Potin, la non- violence n’est pas l’acceptation douceâtre de l’injustice. Elle est une insurrection pacifique violente dans sa non-violence. Face à la montée de l’extrémisme violent caractérisé par l’insécurité dans plusieurs régions du pays, il faille gagner la bataille psychologique afin déjà de fixer les populations dans le cadre de vie naturel. Ce qui aurait l’avantage de réduire le flux de personnes de déplacées internes (PDI) avec son lot de misère chez les populations hôtes.

A ce propos, dans le document de travail « Ce qui explique que des Burkinabè n’aient pas peur des attaques armées : analyse économétrique à partir d’un modèle dichotomique », l’auteur trouve que la présence des forces de défense et de sécurité dans une localité réduisait à 13.6% la propension à avoir peur des attaques armées. De plus lorsque dans une localité une personne sur deux affirme avoir peur des armées cela réduit de 7.3% la propension à avoir peur des attaques. Comme quoi, mille poussins réunis font quand même peur à l’épervier.

Positionner les forces de défense et de sécurité auprès des populations

Selon Bosi (2012), la stratégie des groupes armées consiste à infliger des dommages matériels, psychologiques et symboliques à des individus et/ ou à leurs biens dans le but d’obtenir le soutien ou l’opposition de publics variés à des changements politiques, sociaux et/ou culturels. Les cris de détresse ces derniers jours à Djibo en sont une preuve illustrative. Au bas mot depuis 2015, le point de la situation a été fait, il est impératif de lever le poing maintenant. Cependant, nous faisons observer que la rhétorique martiale a aussi montré ses limites parce que la violence convoque toujours la violence.

Dans ce dilemme, il faudra absolument user avec dextérité du bâton et de la carotte. Ceci n’est pas une position de faiblesse à vouloir ménager la chèvre et le chou. Des jeunes radicalisés désillusionnés dans le maquis sont à la recherche de nos jours d’une main secourable. Les expériences de réinsertion de combattants extrémistes au Niger et ailleurs sont des exemples qui peuvent inspirer le Burkina Faso. En effet, l’objet de la guerre, lance Georges S. Patton, n’est pas de mourir pour son pays mais de faire en sorte que celui d’en face meurt pour le sien.

En définitive, ces lignes sont inspirées par des évidences statistiques établies par l’auteur depuis au moins 2018. Le Burkina Faso ne doit pas sombrer et ne peut pas se satisfaire d’une gouvernance pacotille. Le pays de nos ancêtres nous appelle. Et cette tribune est notre modeste contribution afin d’ajouter de la terre à la terre. Il y’a pire qu’échouer, c’est de ne jamais essayer.

BEMAHOUN Honko Roger Judicaël
Statisticien-économiste
honkoroger@gmail.com

Ouagadougou, le 24 février 2022

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