Actualités :: Départ des troupes françaises du Mali : L’analyste politique Oumarou Ouédraogo (...)

La France est présente au Mali depuis 2013 pour lutter contre le terrorisme et à la demande des autorités maliennes. Avec l’avènement de la junte militaire au pouvoir, les relations entre ces deux pays vont tourner au vinaigre avec pour conséquence le départ sans délai des forces Barkhane et Takuba du territoire malien. Dans chronique d’un divorce forcé " Barkhane se retire du Mali....Wagner accoste. Et après", le politologue, juriste d’entreprise et spécialiste du droit des enfants, Oumarou Ouédraogo se préoccupe de l’après Barkhane. Lisez !

Nous sommes en 2013…les unes après les autres les positions de l’armée malienne tombent devant l’avancée des groupes armées terroristes. Bientôt, c’est le tour des camps ! Au lieu d’offrir une résistance, les militaires maliens préfèrent fuir que de combattre, laissant derrière le matériel de guerre. On verra par la suite que l’arsenal des groupes djihadistes est constitué en majorité par ces prises réalisées en début de conflit. Face à l’absence de résistance, l’ennemi, se sentant pousser des ailes, envisage de prendre la capitale Bamako. Sur demande des autorités maliennes d’alors, la France intervient, c’est Serval. Après avoir stoppé la colonne de véhicules déferlant sur la capitale, les jours qui suivent la France entame la récupération des zones occupées.

De nuit, les forces spéciales françaises sont larguées par parachutes et au petit matin libèrent les villes occupées. On a encore à l’image les forces françaises accueillant les troupes de l’armée malienne à l’entrée de Tombouctou leur assurant que la ville était sous contrôle et qu’ils pouvaient y entrer sans aucune crainte. Peu rassurés, des soldats maliens, la peur se lisant sur les visages, insistent pour s’assurer que la ville était vraiment libre et sous contrôle. Drôle de soldats, se disait-on à la vue de cette scène pratiquement surréaliste ! Symptomatique de la situation, à Bamako, on pouvait entendre dans une chanson « Mali malitairou aborila » » (traduction en Français : les militaires maliens ont fui devant l’ennemi). Ce qui apparaît alors comme un affront à l’image de l’armée malienne vaudra des menaces de mort à l’artiste auteur de cette chanson.

Les jours qui suivent, Français et Tchadiens mettent le cap dans les "Ifoghas" avec sa redoutable vallée d’Amettetai durant 15 jours d’intenses combats dans des conditions rudes (60 degré Celsius). Français et Tchadiens viennent finalement à bout des terroristes. Où sont alors les soldats maliens pendant ce temps ? Ils sont en train de prendre du bon thé dont les Maliens ont seuls le secret de la recette ! Le combat dans les "Ifoghas" vaudra aux troupes tchadiennes la considération des soldats français ; c’est-à-dire le respect et le mérite par l’action, comme on le dit dans le jargon militaire. En effet, les troupes libératrices, dans leurs avancées, ont eu à faire avec une chaleur parfois étouffante, des marches à pieds sur des kilomètres de roches coupantes dues à l’effet du soleil. Et pour la petite histoire, pour continuer l’avancée, les soldats français ont dû recevoir de nouvelles chaussures de leurs pairs stationnés à Abidjan ; les pierres tranchantes ayant usé les leurs.

Pourtant, le couac intervient lorsque les troupes maliennes sont interdites de rentrer dans Kidal après les combats. La France dit craindre un génocide touareg, son image étant déjà ébranlée au Rwanda. Pour le Mali, c’est un affront. Bamako estime que la plupart des attaques terroristes sont planifiées depuis Kidal. Il faut donc que l’armée malienne y mette pieds.

Alléluia ou plutôt Alhamdoulillah ! Aujourd’hui, la France quitte le Mali sur la pointe des pieds, accusée à tort ou à raison. Soit ! Mais le fait est qu’elle ne serait jamais venue si les forces de défense maliennes avaient fait ce pourquoi la nation les avait chargés !

On avance parfois le manque de moyens de nos armées pour justifier l’avancée des groupes terroristes. Cela laisse perplexe tant les images parlent ! Les groupes djihadistes utilisent pour la plupart la kalachnikov comme nos soldats. Ne faut-il pas chercher la cause ailleurs ? Il ne s’agit pas de nier la nécessité d’acquérir de nouveaux matériels de combat. Il s’agit de reconnaître que la différence réside dans le mental des djihadistes. Ils sont convaincus de la vraie fausse idéologie qu’ils mènent une bonne cause. A cela, on peut ajouter l’effet de surprise que ces terroristes imposent à nos troupes.

Le jeune Déby, aujourd’hui au pouvoir à Ndjamena, acteur au côté des troupes françaises pour la libération du nord du Mali, affirmait récemment, dans une interview, que la détermination des forces tchadiennes à défendre leur sol les avaient permis de venir à bout de la puissance de feu de l’armée libyenne. Pour lui, une armée n’a pas besoin de tous les moyens pour venir à bout de l’ennemi. Chez nous, le président Sankara nous a appris qu’une armée qui attend que lui soit fournie tous les moyens pour faire la guerre n’en n’est pas une !

La France part du Mali ! Et, comme le dit le président Ouattara, cela créera un vide qu’il va falloir vite combler ! Faut-il pleurer ou rire de la déclaration du gouvernement malien de transition invitant Paris à quitter sans délai le territoire malien ? La question mérite d’être posée quand on note que le gouvernement malien argumente qu’en 2013 la France n’a pas atteint ses objectifs dont l’un était de restaurer l’intégrité du territoire du Mali, oubliant que les soldats maliens fuyaient pour se réfugier à Bamako ! Déjà, il faut attendre de voir comment il fera pour imposer à la France ce retrait sans délai surtout quand on sait que les soldats maliens refusent de s’aventurer dans les sphères de Kidal par peur des groupes terroristes, maîtres des lieux.

Nous ne sommes pas naïfs ! La France n’est pas intervenue au Mali pour les seuls beaux yeux des maliens encore moins par simple philanthropie ! Elle y avait certainement intérêt ! N’est-ce pas le général de Gaulle, le héros français de juin 44, qui disait qu’ « un pays n’a pas d’amis mais des intérêts » ? C’est autour des Russes et notamment de Wagner d’être sollicité par Bamako après le divorce forcé avec la France. Faut-il croire que ces derniers prennent position pour les beaux yeux des maliens ? A en croire les termes de l’accord, la contrepartie risque d’être plutôt salée !

Cela a déjà été dit : cette guerre nous la gagnerons nous-même car personne ne viendra mourir pour notre liberté. Il est donc temps que nos colonels, formés à coût de millions, déboursés par le pauvre contribuable, libèrent les palais dorés et feutrés où ils semblent devoir prendre goût du luxe pour rejoindre leurs hommes sur le théâtre des opérations ! C’est là que leurs places se trouvent. Ne nous y trompons pas !

Pour terminer, ne faut-il pas une reconnaissance à la France car sans son intervention le Mali et peut être tout le Sahel serait devenu un kalifa terroriste comme c’est le cas actuellement de l’Afghanistan. Sans elle, la bibliothèque historique de l’Islam et des mausolées de Tombouctou seraient totalement détruits ? Ça aurait été un grand désastre d’autant que ce qui se passe aujourd’hui dans le Sahel, c’est la remise en cause de cet Islam de paix et du vire ensemble, légué par nos devanciers ! Cet Islam des origines est désormais menacé par un islam déformé au service d’individus malintentionnés qui tentent de s’imposer les moyens de la violence et la terreur !

Tout compte fait, la France devrait à présent accepter de partir et apporter son aide autrement ! Il faut maintenant espérer que les forces russes commandées aident à libérer les zones occupées pour assurer le retour paisible des populations déplacées chez elles. Espérons aussi que demain ne donnera pas raison au maître des Fables qui enseignait quelque part : « C’est ainsi que le plus souvent, quand on pense sortir d’une mauvaise affaire, on s’enfonce encore plus avant » !

(Jean de La Fontaine, Fable : La vieille et les deux Servantes, Livre V, fable 6).

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