Actualités :: Coup d’État au Burkina : : « Les premiers pas de la nouvelle direction du pays (...)

Dans cette tribune, Tiécoura Fofana, un de nos lecteurs, recommande "aux trompettistes" de laisser le conseil constitutionnel déployer ses techniques juridiques.

"Les trompettistes du constitutionnalisme sortent du bois et ronronnent, sans la moindre crainte de la honte. Mais on le voit, leurs instruments sont bien troués et avariés. Les faits sont têtus. Le Burkina Faso, autrefois La Haute Volta, est un continuum de viols de la constitution. Les analystes du temps présent le savent. Il suffit de regarder dans le rétroviseur pour voir que ce pays a connu une succession de coups anticonstitutionnels.

Le renversement de Maurice Yaméogo en 1966 n’était pas constitutionnel. Il fut justifié par la légitimité de la contestation syndicalo-populaire.

L’éviction du Général Sangoulé Lamizana n’était pas constitutionnelle. Elle fut justifiée par l’urgence du redressement national.

Le renversement de Saye Zerbo par Jean-Baptiste Ouédraogo a été justifié par l’impératif de salut du peuple. Un coup d’État bercé par une belle musique militaire diffusée par la radio nationale.

Au nom de la révolution démocratique et populaire, le pouvoir du trident de capitaines s’est installé pour le peuple et contre l’impérialisme et ses valets locaux. Le Capitaine Thomas Sankara en était le chef. Le discours d’orientation politique (DOP) fut proposé à grand renfort de propagande doctrinaire comme nouvelle boussole politique. Le système judiciaire traditionnel fut balayé et remplacé par la justice révolutionnaire avec les tribunaux populaires de la révolution (TPR) comme instruments opératifs.

Cette justice ruisselait dans les quartiers et autres unités sociales et professionnelles à travers les comités de défense de la révolution (CDR). La cour martiale révolutionnaire était son outil de dissuasion et de traitement expéditif des tentatives de coup d’Etat réactionnaires. Les suppliciés de la pentecôte subirent l’épreuve de la fusillade-exécution.

Le renversement du capitaine Sankara par le Capitaine Blaise Compaoré fut un coup d’Etat sanglant intraputschistes.

Une nouvelle Constitution émergera et ouvrira la voie à des élections au suffrage universel. La lassitude des populations face à un pouvoir d’un quart de siècle fut savamment exploitée par des politiques revanchards et impatients en association avec des acteurs de la société civile. L’insurrection d’Octobre 2014 par le feu, le sang et la destruction de biens privés et publics dont l’emblématique Assemblée Nationale, balaya le régime de Blaise Compaoré.

Contraint à la démission, celui-ci proposa dans son discours de fin de partie que la Constitution dont la défense était le principal mobile de l’insurrection soit activée. Suivant la Constitution, c’est le Président de l’Assemblée Nationale qui devait assurer le remplacement du Président démissionnaire. Hélas, la Constitution n’échappera pas au viol enragé d’insurgés juristes et autres intellectuels disruptifs qui disaient agir pour la sauvegarde de la Constitution.

Ils inventèrent un mode de désignation du Président du Faso qui n’est même pas à mettre à la hauteur du recrutement d’un caissier de super marché. Le Conseil Constitutionnel valida le recrutement. Du bricolage juridique sans précédent dans l’histoire de notre pays. Passons sur la parenthèse de la transition.
Le Comité Militaire pour la restauration et la sauvegarde fit irruption sur la scène le 24 Janvier 2022 par son coup d’Etat avec une offre politique portée par son nom. Le Lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba (PHD) et son mouvement veulent leur transition pour accomplir leur œuvre de sauvegarde et de restauration.

Pour cela, le Conseil Constitutionnel fut sollicité pour accomplir son travail d’esthétique juridico politique. Il s’est donc mis à la tâche. Aucune inquiétude à ce niveau. Il sait faire.
Nos trompettistes feraient bien de laisser le Conseil Constitutionnel déployer ses techniques juridiques car en regardant leurs gymnastiques juridiques antérieures, ils comprendraient qu’ils sont en vide de crédibilité.
Les premiers pas de la nouvelle direction du pays laissent entrevoir quelques espoirs démocratiques. Elle entend ramener la sécurité, recréer et refonder l’Etat qui est en recul périlleux. La tolérance affichée face aux anciens dirigeants, l’esprit de concertation et l’humilité proposés laissent espérer la construction d’un socle solide pour un redécollage démocratique.

Le Lieutenant-Colonel Damiba doit porter fièrement l’écharpe nationale et tous les autres attributs de Grand maître des ordres burkinabè lors de son investiture par le Conseil Constitutionnel. Il devra mériter ces attributs en travaillant avec conscience et rigueur, sans exclusive et surtout dans un élan de rassemblement patriotique de toutes les filles et fils de ce pays de braves personnes.

Je rêve de voir autour d’une table les Présidents Jean-Baptiste Ouédraogo, Blaise Compaoré, Michel Kafando, Rock Marc Christian Kaboré et Paul Henri Damiba afin que cette rencontre provoque un choc de respiration collective. Ceci mettra en berne les drapeaux des vuvuzelas divisionnistes qui ont fait de la haine leur fonds de commerce. En attendant cela, que ceux qui doivent se taire, se taisent afin que cessent leurs acrobaties intellectuelles insipides.

J’allais oublier deux questions qui me tiennent à cœur que je souhaite poser à mes compatriotes lecteurs :

Question N°1 : qui est l’homme politique le plus populaire du Burkina Faso de son indépendance jusqu’à nos jours ?

Question N° 2 : par quel moyen cet homme est-il arrivé au pouvoir ?".

Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

Tiécoura Fofana
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