Actualités :: Burkina : Attention au piège des générations, la jeunesse n’est pas une valeur (...)

Depuis le nouveau virage du 24 janvier 2022, le débat de générations a gagné en flammes. On parle de remplacement générationnel, où les uns qui doivent faire la place aux autres. Mais, le problème se trouve-t-il dans l’âge que dans les valeurs ? Certainement pas !

Le retour à cette vie d’exception est présenté comme un échec de la classe politique (en premier). Pourtant, le problème ne tient pas à l’âge de celle-ci, encore moins à celui de ses animateurs. Elle tient surtout au fait d’être associée, autant que nombre de ses animateurs, aux nombreux moments pénibles que le pays a connu ces dernières décennies.

C’est donc un souci de mentalité, d’environnement…que de classes d’âge. Et tant que cette société-là ne sera pas balisée par des valeurs, ce qui suppose qu’on travaille à démanteler ce système qui a érigé les non-valeurs en valeurs, il n’y aura pas de génération qui tienne. Aussi soit-elle qualifiée de jeune, d’avenir du pays !

Ce serait donc une courte échelle de croire que parce qu’on est jeune, tout doit s’ouvrir devant vous. Le débat sur les générations ne doit pas être dans un esprit malin de « ôte-toi que je m’y mette ! ». Dans une perception et un automatisme de remplacement, les changements qualitatifs n’arriveront jamais, en dépit des alternances successives. Nombre de jeunes veulent être heureux sans pour autant en payer le prix. Pourtant, sans vertus, sans conscience, compétences, persévérance…, les véritables transformations qualitatives dont a besoin le pays ne seront pas une réalité.

Des laxistes, fainéants, paresseux et partisans de la facilité…, on en compte à suffisance également dans la génération des jeunes. Autant les pilleurs de la veuve et de l’orphelin se retrouvent dans la frange des aînés, autant ils se retrouvent chez les jeunes. Ces derniers sont parfois plus souillés et compromis que leurs aînés. Nombreux de ceux qu’on considère aujourd’hui comme jeunes, ont tendance également à être minés par l’intention et la volonté d’accaparement des ressources, l’enrichissement personnel et rapide et ne se plaignent des tares que lorsqu’ils n’en profitent pas. Et, on ne sert pas forcement mieux son pays quand on est jeune que lorsqu’on est aîné. Tout est question de système de valeurs, de repères.

Ce qui se pose au Burkina n’est donc pas une question de générations stricto sensu. C’est une crise de valeurs.

Le simple fait d’être jeune n’est pas une valeur, un élément pertinent pour diriger les affaires publiques. Ce n’est pas la thérapie au mal du pays. Le Burkina appelle toutes ces valeurs fondamentales de travail, de probité, d’engagement, de persévérance, d’honnêteté, de responsabilité, de partage, de tolérance. Ce sont elles qui vont nourrir le vivre-ensemble, au-delà de toutes les différences. Elles sont essentielles pour créer et renforcer un sentiment commun d’appartenance au pays et, partant, regarder dans la même direction.

La systématisation des générations ne saurait donc être une bonne chose pour le pays. Elle va conduire non seulement à un gaspillage de ressources humaines de qualité, mais également à des frustrations. C’est évident ! Peu importe l’âge, l’important, ce sont les valeurs et les idées que chacun défend. A 70 ans révolus, il y a des personnes qui ont toujours plus de punch qu’on ne le pense et mieux que des jeunes d’une trentaine d’années, qui, eux, sont déjà paumés. Il faut savoir rendre hommage et justice aux aînés, car l’éveil des consciences est aussi le sacrifice et l’engagement de plusieurs générations combattantes, désireuses de faire changer les choses et de laisser un lendemain meilleur aux générations à venir.

La systématisation ne détruit pas seulement que dans ce domaine de considération de générations, elle détruit également au plan de la construction des débats et des expériences, nécessaires pour la construction nationale. Par cette systématisation, on a également cultivé ce réflexe qui tend à avoir des idées arrêtées sur des individus. On étiquette définitivement des personnes, de sorte à n’accorder aucun crédit à ce qu’elles disent, quels que soient le sujet et la pertinence de leur contribution. Dans le même esprit, on prend pour argent comptant, tout propos ou agissement, quand il vient de telle autre personne. Sans le moindre effort de discernement. C’est le tout pour le tout, jugement global ! On gobe tout ou on jette le bébé avec l’eau du bain. Or, l’essentiel devrait être ce que l’on dit, et non ce que l’on est. Dès lors, condamner définitivement et éternellement un individu pour un acte raté n’est pas raisonnable, encore moins constructif pour le Burkina.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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