Actualités :: Burkina : « Des pistes de réflexion pour le MPSR »

Au regard du changement brusque du cours de l’histoire dans notre pays, Sidiki Aboubacar Wendin Zerbo apporte, à travers les lignes qui suivent, sa contribution citoyenne « pour la paix, la stabilité, et la réussite de la transition dans notre pays ».

« Le Burkina-Faso a manqué lamentablement le virage historique du 31 Octobre 2014. Cette date symbolique pour tout le continent noir, devait sonner la fin d’une part de la corruption, le clientélisme, la gabegie ; et d’autre part, l’hallali de l’impunité, la mal gouvernance et l’arrogance politique au Pays des Hommes Intègres. Malheureusement, après le 31 Octobre 2014, le peuple burkinabè assista à une alternance sans alternative, une rupture dans la continuité des pratiques censées être bannies à jamais de notre vocabulaire national. Pire, les Burkinabè furent témoins oculaires d’un renforcement des actions illicites jadis décriées et une consolidation des vices qu’on croyait sacrifiés à jamais sur l’autel de l’insurrection populaire de 2014.

De surcroît, nous vîmes émerger une nouvelle race de politiciens aux dents plus longues, aux panses plus volumineuses, aux appétits plus pantagruéliques et aux méthodes et techniques de vols et de détournements plus sophistiquées que celles des acteurs du système « compaorique ». Le comble est que la grande majorité des artisans de ces bassesses et ignominies étaient des opposants respectés, des journalistes « grandes gueules » virulents, et des activistes d’Organisations de la Société Civile (OSC) à l’apparence et à la rhétorique pré-insurrectionnelles angéliques. L’élite post-insurrectionnelle, à la lumière de leur style de gouvernance, a prouvé que le vol, la corruption, l’arrogance et la démagogie sont désormais devenus un réflexe et une institution au pays des Hommes Intègres.

Sur ces entrefaites, il est aisé de conclure que ce coup d’Etat, qui a connu le soutien silencieux et l’approbation tacite du peuple burkinabè, est la conséquence en grande partie des promesses post-insurrectionnelles non-tenues et des aspirations populaires non-assouvies par le régime déchu. Etant le troisième Lieutenant-Colonel à entrer de façon tonitruante dans l’histoire du Burkina-Faso, et ce, après le Lieutenant-Colonel Aboubacar Sangoulé LAMIZANA et le Lieutenant-Colonel Isaac Yacouba ZIDA, vous avez le devoir, contrairement au précédent Lieutenant-Colonel, d’œuvrer à ce que « rien ne soit vraiment plus comme avant ».

Pour cela, notons que de prime abord, tout changement de cap, toute volonté de restructuration et de refondation d’un pays passe nécessairement par la réalisation d’un audit politico-socio-économico-financier des institutions et des départements de l’Etat. Cette opération permettrait de percevoir d’une part, la situation réelle de la nation, entre autres, le degré de sentiment patriotique et d’appartenance à la nation des burkinabè ; leur niveau de confiance aux institutions étatiques et le pourcentage de démoralisation et de laxisme qui prévalent dans toutes nos administrations, y compris, dans notre institution militaire.

Aussi, cet audit permettrait de mesurer l’ampleur de l’impunité et le niveau de corruption dans toutes les structures de l’Etat. Une fois ces bilans politico-socio-économico-financiers établis, les détenteurs du nouveau pouvoir sauront pertinemment quel levier actionner pour éradiquer certaines vilénies et attitudes contre-productives, et ensuite, comment démanteler les réseaux de malfrats, de renégats et de scélérats qui tirent le Pays des Hommes Intègres vers le bas.

Pour clore le chapitre de l’audit, il serait vital en premier lieu d’évacuer les gros dossiers aussi lourds que médiatiques, à savoir entre autres, la tragédie de Solhan, le massacre d’Inata, les 700 milliards qui auraient été alloués à l’armée pour l’achat de matériels de guerres, l’affaire des hélicoptères civils modifiés en avions de combat…, et ce, pour permettre aux familles des victimes et au peuple burkinabè de parfaire leur deuil. Pour un gain de temps et d’efficacité pour la réalisation de cet audit, une consultation des rapports confectionnés par l’équipe du professeur Marius IBRIGA, serait d’une très grande utilité.

Ensuite, le MPSR dispose entre ces mains d’une formidable bénédiction : celle d’avoir agis officiellement seul, sans le soutien moral, financier et matériel d’aucun homme politique, d’aucun leader syndical ou responsable religieux. Les putschistes ont pris conscience de la soif abyssale de « changement de paradigme » des burkinabè, et de leur éreintement et ras-le-bol face à l’inertie, l’attentisme et l’immobilisme du pouvoir d’alors.

Contrairement à ces deux prédécesseurs de même grade, à savoir le Lieutenant-Colonel Aboubacar Sangoulé LAMIZANA (qui était redevable aux chefs syndicaux, aux hommes politiques et à la chefferie traditionnelle, qui avaient appelé les voltaïques dans les rues ) ; et le Lieutenant-Colonel Yacouba Issac ZIDA (qui devait impérativement composer avec l’opposition et surtout avec les OSC (Organisations de la Société Civile) de l’époque) ; le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA et ses amis ne doivent absolument rien à aucun chef de parti politique, ni à une quelconque centrale syndicale et confrérie religieuse, mais doit tout au peuple burkinabè, qui a élégamment entériner son coup de force.

De ce fait, le MPSR qui n’est donc pas obligé de collaborer avec nos politiciens versatiles, égocentriques, mégalomaniaques, opportunistes, situationnistes et caméléons, doit impérativement s’entourer de Burkinabè intègres, de bonne moralité, patriotes, désintéressés et bosseurs. Contrairement aux présidents SANKARA, COMPAORE et KABORE, l’élite du MPSR doit veiller à la qualité des Hommes qui constitueront le noyau dur de leur système.

En effet, l’histoire a démontré avec éloquence qu’au Burkina-Faso, la plupart des présidents déchus doivent leur disgrâce, pas aux méthodes, stratégies, techniques et manigances de leurs adversaires politiques, ni aux circonstances et évènements qui leurs sont lointains. En revanche, ils doivent leur « chute aux enfers » à leurs plus proches collaborateurs ; ceux-là mêmes avec qui ils arpentaient les artères du palais présidentiel, et avec qui, certains fumaient les cigares de Cuba et buvaient le vin de Bordeaux. En effet, ces collaborateurs et proches conseillers sont incapables de dire la vérité au Chef de l’Etat, car ils sont focalisés sur leur ascension sociale et ambitions politiques. Ensuite, par leur arrivisme, leur zèle et leur outrecuidance, ils suscitent frustration, colère et antipathie au sein des populations.

Enfin, à vous les membres du MPSR, gardez votre sérénité, et surtout, ne tombez pas dans le populisme, la démagogie, les slogans fallacieux et les promesses irréalistes, comme nous l’avons vu aux lendemains du 31 Octobre 2014. Soyez réalistes, et ne faîtes pas rêver ou illusionner le peuple burkinabè, car, vous n’aurez pas les moyens, les ressources et surtout, le temps nécessaire pour développer le Burkina-Faso, ni offrir aux burkinabè, une vie dorée et semblable à un long fleuve tranquille. En termes plus clairs, le MPSR ne peut pas éradiquer la corruption, instaurer la justice sociale, atteindre l’autosuffisance alimentaire, car une nation ne se construit éventuellement pas en deux ou ans.

Mais, le MPSR peut bâtir les socles du développement, en initiant des reformes juridiques, sociales et économiques ; en insufflant une dynamique de discipline, de rigueur et de méritocratie dans nos administrations, et surtout, en sanctionnant sévèrement les commanditaires d’actions illicites notamment de corruption, afin que les burkinabè sachent vraiment, « que plus rien ne sera comme avant ».

QUE DIEU CONTINUE de GARDER et BENIR le « Pays des Hommes Intègres »

Sidiki Aboubacar Wendin ZERBO
Ressortissant du Pays des Hommes Intègres
wendin.aboubacar.zerbo@gmail.com

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