Actualités :: Burkina : « Personne n’est indispensable…, pourvu que notre pays soit sauvé », (...)

Le Parti pour le développement et le changement (PDC), qui a claqué la porte de la majorité présidentielle, il y a quelques semaines, a animé une conférence de presse dans la matinée de ce lundi 22 novembre 2021 à Ouagadougou sur la situation nationale. Fadel Abdel Aziz Sérémé, président du parti, et ses camarades appellent « le peuple burkinabè à un éveil patriotique et un sursaut salvateur face à son destin à même de le sortir des inconséquences, des insouciances et des incompétences constatées ».

Pour cette première sortie du genre, plusieurs responsables du parti se sont mobilisés à son siège national sis à l’arrondissement N°6 de Ouagadougou. Après avoir observé une minute en la mémoire des victimes des dernières attaques enregistrées à travers le territoire national, campant ainsi le décor de la gravité de la situation, Fadel Abdel Aziz Sérémé et son bureau ont d’abord assumé avoir accompagné le pouvoir avant de revenir sur les raisons de leur départ de la majorité présidentielle. Les responsables du parti se disent ahuris par le manque de stratégie globale et holistique en matière de lutte contre le terrorisme, malgré les propositions et la politique sécuritaire de lutte contre le terrorisme assortis de « fortes recommandations ».

« Face à la désastreuse situation sécuritaire, l’augmentation des prix des produits de premières nécessités, la paupérisation et la vulnérabilité des populations inhérentes à la précarité des conditions de vie, la violation flagrante du droit à la dignité humaine des PDI (Personnes déplacées internes) voire, leur clochardisation, plus grave la légèreté et l’indécence dans le traitement de nos FDS (Forces de défense et de sécurité) livrées ainsi à l’ennemi sur le champ de bataille, le PDC dénonce une inertie inconcevable qui frise une profonde léthargie insouciante dans la gouvernance sécuritaire et socio-économique », a, après un diagnostic, tiré le président du PDC, Fadel Abdel Aziz Sérémé.

« Le PDC exhorte nos braves et dignes FDS (Forces de défense et de sécurité) et VDP (volontaires de défense pour la patrie) à faire preuve d’abnégation, de courage et de détermination dans ces moments difficiles. Nous exprimons toute notre solidarité et notre compassion aux veuves et orphelins, aux familles déplacées, aux personnes affectées du fait du terrorisme. Aussi, le PDC appelle le peuple burkinabè, dans toutes ses composantes, sans distinction aucune, à un éveil patriotique et un sursaut salvateur face à son destin à même de nous sortir des inconséquences, des insouciances et des incompétences constatées. (…). Quand on parle de l’incompétence, de l’insouciance, vous me direz que peut-être les mots sont forts. Mais la question n’est pas là, l’heure est grave. Si des soldats peuvent se retrouver des jours sans manger, je pense vraiment qu’il y a de l’inconséquence et de l’insouciance dans la gouvernance sécuritaire. Les mots reflètent la réalité. N’est aveugle que celui qui refuse de voir. N’est sourd que celui qui refuse d’entendre », exprime le député Sérémé.

Des propositions restées dans les tiroirs du pouvoir

« Nous avons battu campagne pour Roch Kaboré, avec sincérité et conviction. Mais, notre compagnonnage s’arrête, lorsque l’intérêt supérieur de la nation est menacé. Lorsque nous n’adhérons plus aux politiques publiques qui sont développées, je pense qu’il est mieux de se mettre en retrait et de les dénoncer. Il est incohérent de rester à l’intérieur et dire qu’on dénonce ; parce que-là, du point de vue de la collégialité gouvernementale, cela n’est pas logique. Et c’est en toute responsabilité que nous avons pris cette décision », justifie Fadel Abdel Aziz Sérémé, pour qui, la survie du pays implique cette optique du PDC.

D.g.à d. : Wahab Drabo, Viviane Kambiré, Fadel Abdel Aziz Sérémé, Poubéré Sougrinoma et Harouna Sandwidi

Les trois députés du parti ont également quitté le groupe parlementaire RDJ (majorité parlementaire, y compris la présidence de la Commission de défense qui était dévolue à Fadel Abdel Aziz Sérémé). « En tant que président de la CODES (Commission de la défense et de la sécurité), nous avons fait des propositions que nous jugeons conséquentes, au regard des missions qui sont attribuées par la Constitution en ce qui concerne le contrôle de l’action gouvernementale. Nous avons eu à proposer des missions d’informations, qui relèvent de nos prérogatives. Maintenant, si ces propositions dorment dans les tiroirs, je pense que cela ne relève pas de la responsabilité de la commission. En tout état de cause, j’aimerais dire que notre souci premier a été avant tout de contribuer avec les moyens qui sont mis à notre disposition, à relever les défis du moment, notamment les questions sécuritaires. (…). Notre parti a fait des propositions... Mais, lorsqu’on ne vous écoute pas, lorsque vous êtes confrontés, parfois, à une gestion clanique, lorsque les germes mêmes de la division sont semés en votre sein, vous en tirer les conséquences et vous vous assumez en toute responsabilité. Si ça ne marche pas de l’intérieur, il faut faire bouger les choses de l’extérieur ; parce que le peuple burkinabè ne se soucie pas mal (je vous parle en toute sincérité, pas en tant qu’homme politique, mais en tant que citoyen) actuellement de qui va lui ramener la paix et la sécurité ; le peuple burkinabè demande tout simplement de vivre dans la décence, dans la paix, à retrouver sa demeure sur l’ensemble du territoire, et c’est à cela que nous espérons répondre », présente M. Sérémé.

« Mais nous avons des dirigeants qui préfèrent regarder leurs petits avantages »

« Nous jugeons que ce ne sont pas des strapontins qui peuvent remettre en cause l’intérêt supérieur de la nation. Nous allons nous assumer devant l’histoire. (…). La survie du pays est engagée, il ne s’agit plus pour un Burkinabè, qui qu’il soit, de faire des calculs de postes ou de quelques intérêts individuels. En ce moment, se passent des rencontres entre l’armée et les familles des martyrs identifiés. Comprenez la peine de ceux qui n’ont pas encore identifié le corps de leur proche. Voyez-vous toute cette douleur ? Aujourd’hui, le territoire est grignoté, l’heure est à ce que chacun se lève pour qu’on récupère chaque mètre carré de notre territoire. L’heure n’est plus à s’asseoir pour se demander s’il faut enlever quelqu’un de son poste ou pas. Il n’y a pas de calculs à faire. Nous sommes en périls (famine due au déficit céréalier, flambée des prix des produits de première nécessité, insécurité, etc.). Le pays est en danger, chacun doit se lever et faire quelque chose, maintenant. On devait depuis longtemps avoir déclaré l’état de guerre. Mettre tous les moyens qu’il faut pour récupérer notre territoire, mètre carré par mètre carré, dans un délai précis. Les soldats le peuvent, le peuple est prêt pour ça. Mais nous avons des dirigeants qui préfèrent regarder leurs petits avantages. Est-ce que nous méritons ces dirigeants ? Les dirigeants doivent être au service du peuple, et non l’inverse. S’ils ne peuvent pas nous permettre de vivre en sécurité, qu’ils laissent la place à ceux qui le peuvent. C’est l’intérêt national qui est en jeu ici, ce ne sont plus des états d’âme. Dès demain, cela doit commencer », clarifient les responsables du parti.

Le PDC dit encourager « pleinement » toute personne qui se sent capable de relever le défi. « Par contre, toute personne qui devient un problème, doit s’assumer pleinement en toute responsabilité, vis-à-vis du peuple qui l’a élu. Personne n’est indispensable…, pourvu que notre pays soit sauvé. Si demain, Dieu l’aide à sauver le pays, Dieu merci ! Mais si c’est une autre personne, Dieu merci ! En tant que citoyen, je me soucie de mes concitoyens », réagit le président du parti sur les demandes de démission du président Roch Kaboré. Le PDC est solidaire des décisions que le CFOP-BF (chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso) viendrait à prendre, déclarent les responsables du parti.

Pour Wahab Drabo, au regard de la perte de contrôle d’une partie du territoire, et ayant lui-même relevé de l’incohérence au niveau de la sécurité, Roch Kaboré doit tirer toutes les conséquences de la situation.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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