Actualités :: Burkina/Politique : « Nous n’allons pas laisser Eddie Komboïgo détruire le CDP (...)

Deux semaines après l’annonce de leur suspension des instances du parti, le secrétaire national à la mobilisation des jeunes, Adama Tiendrébéogo dit Colonel ; le 2e secrétaire adjoint à la mobilisation des jeunes, Ghislain Konseiga, et le 4e secrétaire adjoint chargé de la mobilisation des jeunes du parti, Abdoul Karim Baguian dit « Lota » ont animé une conférence de presse dans la soirée du vendredi 5 novembre 2021, à Ouagadougou. Il s’est agi pour eux de revenir sur la crise au sein de leur parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), et d’annoncer des actions « pour préserver le parti ».

« Le président du CDP a de sérieux problèmes avec les autres leaders du parti, et aussi avec la jeunesse. Nous profitons de cette conférence pour interpeller tous les leaders -je parle des vrais- soucieux de l’avenir du parti, notre grand parti, bâti sous le leadership du président Blaise Compaoré. Je leur demande de restaurer l’image de notre président d’honneur et de faire valoir son autorité, conformément aux articles 78 et 80 des statuts du parti. Le premier stipule que le président d’honneur est hors hiérarchie des instances du parti et le second brandit les prérogatives du président d’honneur », lit-on dans la déclaration liminaire.

Parlant de la suspension prise par la direction, le trio a déclaré n’avoir, jusqu’au moment où ils animaient la conférence, reçu aucune notification à cet effet. Pourtant, aucune sanction ne peut prendre forme sans avoir été notifiée à l’auteur de la présumée faute, indiquent les conférenciers. C’est pourquoi ils pensent avoir été abusivement empêchés de prendre part à la dernière session du Bureau politique national du parti, le 23 octobre 2021. « Il n’y avait pas nos noms sur la liste. Nous avons fait constater cela par un huissier », explique Adama Tiendrébéogo dit Colonel.

« Le président Eddie (Komboïgo) aime les "yes man" (béni-oui-oui, ndlr). (...). Je ne vais pas être de ceux-là qui quémandent. Au CDP, il n’est pas mieux que moi. En 1999, j’ai été responsable de zone. J’ai ensuite été responsable des jeunes, puis membre de la sous-section, membre de la section, avant de venir au secrétariat national de la jeunesse. (…). En 2018, on a fait bloc derrière Eddie Komboïgo en défaveur de Badini (Boureima) parce que c’était la décision du président-fondateur », retrace M. Tiendrébéogo, rappelant à Eddie Komboïgo qu’il « a atterri en 2015 à la tête du parti par accident ».

De l’avis du trio, avec la « saignée » du parti (référence aux démissions de cadres), Eddie Komboïgo se devait d’être conséquent avec lui-même. « Quand tu es responsable et que tu te rends compte que ceux qui sont avec toi sont en train de se retirer, tu dois sérieusement te poser la question de savoir ce qui se passe et tirer les conséquences. Ce n’était même pas à nous de lui dire de partir. Mais comme il ne le fait pas, nous allons demander son départ. Eddie Komboïgo, c’est la fin. Il n’a qu’à aller créer son parti. Nous avons décidé d’assumer notre responsabilité, nous n’allons pas laisser Eddie Komboïgo détruire le CDP », ont annoncé les conférenciers.

« Nous sommes des personnes consciencieuses, qui ont adhéré au CDP en connaissance de cause. (….). La crise est née du fait qu’à un moment donné de l’histoire de notre pays, le 18 août 2021, il y a eu plus de 200 morts du fait d’une attaque terroriste (ndlr : attaque sur l’axe Arbinda-Gorgadji qui a fait 80 morts, selon le décompte officiel). A ce moment, le président Eddie (Komboïgo) était hors du Burkina. Moi j’ai pris mon téléphone, je l’ai appelé et je lui ai dit : ‘‘Président, l’heure est grave, avec ce qui se passe actuellement. Même le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir, ndlr) a produit un communiqué pour déplorer l’acte terroriste. Les partis de la majorité ont fait autant. Mais ni le CDP ni le CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso) que tu diriges n’ont produit ni déclaration ni communiqué, et cela n’est pas normal’’. Et il me dit : ‘‘Tu sais, ta haine contre le MPP, tu ne peux pas vouloir embarquer tout le monde dans ce sens. Je suis en vacances, le gouvernement est en vacances, je n’ai pas le temps pour le moment de parler de ce qui se passe au Burkina. Quand je vais rentrer et que nous allons organiser la rentrée politique, nous allons en parler’’. Je lui ai dit que je suis désolé, parce que ça va donner raison à ceux qui pensent que tu travailles à consolider le pouvoir du MPP », explique Abdoul Karim Baguian dit Lota, ajoutant que le président lui a raccroché au nez.

Adama Tiendrébéogo alias colonel avec à sa droite, Ghislain Konseiga et à sa gauche, Abdoul Karim Baguian dit « Lota »

« Nous avons soutenu Eddie Komboïgo dès son accession à la tête du parti »

Selon le trio, au même moment, les jeunes responsables du parti dans les arrondissements et communes rurales du Kadiogo, ont interpellé le secrétariat national à la jeunesse pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis de la gestion du CDP. « Et moi, je suis un jeune du marché ; partout où on passe, les gens nous interpellent. Ils disent avoir été trahis, qu’il n’y a plus d’opposition au Burkina. Le président Eddie Komboïgo, s’il est honnête, dans son téléphone, il va montrer des audios (messages vocaux) que moi Lota j’ai transféré par WhatsApp. Ce sont des vocaux envoyés par des commerçants et d’autres catégories de personnes. C’est là qu’il m’a dit que de les laisser, qu’ils n’ont aucune notion de la gestion du pouvoir, que ce sont des gens qui parlent au hasard. Nous avons soutenu Eddie Komboïgo dès son accession à la tête du parti. Aujourd’hui, c’est vrai, on peut regretter de l’avoir fait. Mais en 2018, ce que beaucoup ne savent pas, c’est que c’est le camarade Blaise Compaoré qui a choisi Eddie Komboïgo à la tête du parti et le camarade Badini (Boureima) comme premier vice-président et, à la fin, Badini s’est désisté. Nous l’avons soutenu de 2018 à 2020. (...). Nous l’avons interpelé plusieurs fois, dans son bureau ou chez lui à la maison, parce qu’en tant que parti de l’opposition, nous sommes le porte-voix des sans-voix. Si quelque chose ne va pas, nous sommes en droit de dénoncer pour que des solutions soient trouvées », relate Abdoul Karim Baguian dit Lota.

A l’en croire, et remontant à la conférence de presse du 23 septembre 2021 au cours de laquelle a éclaté une bagarre (https://lefaso.net/spip.php?article107754), M. Baguian a déclaré que lorsqu’elle a été programmée pour parler du contexte national difficile, le président Eddie Komboïgo a estimé que « la situation actuelle n’est pas assez préoccupante » pour faire une telle sortie (il précise que les jeunes voulaient, par cette sortie de presse, demander la démission de Roch Kaboré).

Adama Tiendrébéogo dit Colonel, Ghislain Konseiga et Abdoul Karim Baguian dit Lota, qui ont aminé cette conférence en présence de nombreux partisans et têtes couronnées, ont annoncé la mise en place d’un comité de travail pour, incessamment, organiser une marche et demander le départ d’Eddie Komboïgo de la tête du CDP.

O.H.L.
Lefaso.net

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