Actualités :: Burkina/ culture : Un exemple de résilience artistique au Pays des Hommes (...)

Dans la tribune ci-après, Dr Pingdewindé Issiaka Tiendrébéogo, Maître-assistant en études théâtrales à l’Université Pr Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou, Burkina Faso, loue la fertilité et le dynamisme du monde culturel burkinabé dans un contexte sanitaire et sécuritaire contraignant.

Ouagadougou est véritablement devenu le ʺquartier latin artistiqueʺ de l’Afrique de l’Ouest, à en croire la floraison des activités culturelles qui s’y déroulent.

Du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) au Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou (FITMO) en passant par le Festival de théâtre jeune public, il ne se passe pas une semaine sans une activité culturelle au pays des Hommes intègres.

Malgré l’adversité due à la pandémie de la maladie à corona virus et la crise sécuritaire avec son corolaire de galère, les artistes se montrent très résilients en organisant des évènements d’une haute qualité artistique.

Le Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) n’est pas en marge de cette ébullition artistique, puisqu’il diffuse depuis le 13 octobre 2021, sa 49e création majeure intitulée « LE COSTUME », un texte original de Daniel Canodoise THEMBA dit CAN THEMBA, adapté au contexte national par Paul P. ZOUNGRANA et mis en en scène par Noël Douniwata MINOUGOU.

De quoi est-il exactement question dans ce spectacle ?

D’entrée de jeu, le public est face à une scène à l’italienne à l’intérieur de laquelle, on aperçoit des habitats construits sur le modèle d’une architecture sahélienne avec des portes en U renversé.

Du matériel de femmes tisseuses est entreposé çà et là sur la scène.

Sur l’estrade, un peu plus en haut, six (06) acteurs dont trois (03) hommes et trois (03) femmes entament l’hymne national « Le Ditanyè » comme un salut aux couleurs et pour souhaiter la bienvenue aux spectateurs.

C’est sur cette entrée éclectique que débute le spectacle avec un concert musical entremêlé du bruit des travaux des femmes tisseuses.

Un personnage, Christian Léger DAH, de son vrai nom, joue le rôle de l’artiste engagé qui dépeint les situations malheureuses de la vie sociopolitique du pays.

Puis soudain, nous sommes dans une autre scène où le couple Philémon se retrouve en aparté. Il rêve d’un monde fantasmagorique. Pour eux, l’amour peut vaincre tous les problèmes du monde.

L’intrigue de l’histoire de la pièce tourne autour de l’infidélité conjugale de Mathilda en abrégé Tilly, la femme de Philémon ou Phil.

Ce couple qui a l’air heureux couve un problème que le vieux Serge Henry va révéler à Philémon, de son vrai nom, Mahamady NANA, par cette phrase très énigmatique : « Quand tu n’es pas là, quelqu’un vient chausser ta chaussure. »

En effet, une autre scène montre la femme de Philémon entrain de flirter avec un monsieur.

Philémon les surprend, l’homme se sauve et abandonne son costume.

C’est le début d’un feuilleton rocambolesque dans le couple, car Philémon, au lieu de frapper sa femme ou de se plaindre amèrement, décide d’héberger ce personnage étrange qu’est « LE COSTUME » dans leur maison.

Désormais, ce COSTUME se couche et déjeune avec le couple.

La femme, Tilly, n’en peut plus de cette souffrance psychologique. Plusieurs choses commencent à se bousculer dans sa tête.

Pour connaitre la fin de cette histoire, il faut faire le déplacement au CITO où la pièce se joue jusqu’au 6 novembre 2021.

Ce spectacle qui aurait pu s’intituler « L’Étranger » présente un décor très spécial organisé de main de maitre par Issa OUÉDRAOGO qui campe deux classes sociales : la classe d’en haut et celle d’en bas.

L’une des révélations de cette 49e création majeure du CITO est sans nul doute le Ministre de l’urbanisme, de son vrai nom Michel Bapio BASSINGUÉ.

Très à l’aise dans le jeu d’acteur, il incarne une sérénité Brookienne.
Marquons un passage pour comprendre la profondeur du texte :
« Il y a mensonge
Quand un homme applaudit sans comprendre
Il y a mensonge
Quand un homme ferme les yeux pour ignorer la vérité.

Il y a mensonge
Quand un intellectuel troque sa conscience et son âme pour un bien matériel.
Quartier de taudis.
Cité en sardine. Ville de banco en soupir.

L’arrière-cour du pays. Bidonvilles. Mal lotie. Non lotie. Où vivent les vomis. Du jour et de la nuit… »

Notons également la Ministre de la culture, Halimata B. KOUSSÉ .

Cette dernière joue de manière énergique et incarne une comédienne très sérieuse et apte à prendre des initiatives pertinentes dans son jeu.

Dans les années à venir, ces deux comédiens feront voir à l’agora artistique ce dont ils sont capables et remporteront certainement des lauriers pour le Burkina Faso. Que dire du metteur en scène ?

Nous utiliserons l’expression attribuée à Michel Ange : « il a le compas dans l’œil ». En effet, en vrai architecte de la pensée, le metteur en scène, Noël MINOUGOU a pu transcrire de manière fidèle l’histoire racontée par CAN THEMBA et cela n’a pas été sans effet sur le public qui, à des moments donnés, avait souvent envie de monter sur la scène et de régler ses comptes avec Philémon, le personnage principal de cette pièce, car il a pu très bien incarner le rôle du mari tortionnaire.

À travers la pièce « LE COSTUME », le jeune metteur en scène, Noël MINOUGOU qui s’était déjà révélé dans d’autres mises en scène comme MISTER TIME ou MARATHON MAN, rentre dans la short liste des metteurs en scène de renom burkinabè.

Lire aussi COVID-19 : Quel (s) modèle (s) de relance pour le secteur des Arts et de la culture au Burkina Faso ?


Dr Pingdewindé Issiaka TIENDRÉBÉOGO,
Maître-assistant en études théâtrales à l’Université Joseph KI-ZERBO, Ouagadougou, Burkina Faso,
Directeur de l’Association Culturelle Sylvie CHALAYE (ACSC)
Coordonnateur de la Fédération Nationale de Théâtre au Burkina Faso (FENATHEB), Région du Centre.

Membre du Bureau exécutif du carrefour international de Théâtre de Ouagadougou.
E-mail : pingdewinde@yahoo.fr

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