Actualités :: Crise au Mouvement Agir ensemble pour le Burkina : Kadré Désiré Ouédraogo (...)

La crise au Mouvement Agir ensemble pour le Burkina semble avoir atteint un point de non-retour avec l’exigence, ce samedi 18 septembre 2021 à Ouagadougou, d’un groupe de responsables du parti dans le Kadiogo, capitale burkinabè, de démission "sans condition" du président du parti, Boubacar Diallo.

C’est dans une sorte de démonstration de force de mobilisation que ce groupe est monté au créneau à travers un point de presse, suivi d’une assemblée générale.

« Le président Diallo a boycotté le siège statutaire du parti et l’a même délocalisé suivant un communiqué signé de lui sans outre mesure. Nous qui sommes à la base, savons que le siège d’un parti ne peut pas être délocalisé selon le désiderata d’un individu fut-il président du parti sans que certaines conditions ne soient remplies. Le président Diallo pense que le parti est son bien personnel et peut en disposer comme il le veut. Mais il peut se rassurer, nous n’allons pas nous laisser faire. Notre parti n’a pas d’avenir avec cette direction, notamment avec son président. En effet, de par ces multiples actes, le président Diallo nous a montré ses carences managériales, politiques et sociales… mais n’a pas encore compris que ce sont les militants qui font un parti politique.

Du reste, il devait savoir que nous sommes venus au Mouvement Agir ensemble pour l’idéal défendu par un homme digne et intègre qui est Son Excellence Monsieur Kadré Désiré Ouédraogo. Si monsieur Diallo pense avoir une assise politique, qu’il rassemble 100 personnes sérieuses dans la commune de Ouagadougou et nous allons voir », ont, entre autres, énuméré les conférenciers à la charge du président Boubacar Diallo.

Un mauvais cocktail ?

Comme la plupart des partis politiques du pays, le Mouvement Agir ensemble pour le Burkina est, à sa création, constitué d’anciens militants provenant d’autres partis politiques, essentiellement du CDP. Le président du parti, Boubacar Diallo, venait de rendre sa démission du CDP, lorsqu’ils (avec ses camarades) lançaient le Mouvement agir ensemble pour le Burkina. Avec lui, plusieurs autres cadres qui ont claqué la porte au CDP. Le Mouvement Agir ensemble pour le Burkina est donc perçu comme une des branches contestataires du président du CDP, Eddie Komboïgo.

Le parti investit l’ancien Premier ministre et ancien président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, comme candidat à la présidentielle de novembre 2020. Ce dernier aurait voulu d’abord être porté par un CDP uni, expliquent des sources. Une intention qui n’est pas gobée par tous au CDP, surtout le camp Eddie Komboïgo qui estime que ce dernier s’est assez sacrifié pour ne pas avoir le privilège de représenter le parti à cette haute joute démocratique. La quasi-totalité des dissidents du CDP apportent leur soutien au nouveau parti et à son candidat Kadré Désiré Ouédraogo : Salia Sanou, Léonce Koné, Zambendé Théodore Sawadogo, pour ne citer que ceux-là. Les premières sorties de Kadré Désiré Ouédraogo mobilisent des foules. Mais très tôt, de nombreux analystes décèlent en sa démarche, l’« équilibrisme », caractéristique d’un "manque de poigne".

C’est aussi une perception partagée par certains de ses anciens camarades du CDP. L’on apprend dans ce sens que dans les années 2012, 2013, lorsque la question d’alternance se posait et que les choses se resserraient autour du parti au pouvoir, le CDP, l’homme (Kadré Désiré Ouédraogo, KDO) avait été inspiré de créer un mouvement politique pour se placer en éventuelle alternative. Il était encore à Abuja, à la présidence de la Commission de la CEDEAO. Mais pour commencer, l’idée de création d’une organisation de jeunesse est émise. Le projet est porté par quelques jeunes leaders. Mais très vite, ces derniers vont abandonner le projet, se justifiant par la « passivité » et une certaine veulerie de KDO

« KDO, esprit clanique et incapacité à aller au contact des autres » ?

A l’issue des élections du 22 novembre 2020, Kadré Désiré Ouédraogo est arrivé 4ème sur treize candidats (avec 3, 36% des voix) et le parti fait l’exploit d’engranger deux députés, s’inscrivant sur la « short-list » des partis représentés à l’Assemblée nationale. Mais depuis lors, les querelles animent la vie du parti. Le mercredi, 31 mars 2021 à Ouagadougou, lors d’une conférence de presse, le président du parti Boubacar Diallo a répondu aux griefs formulés contre sa gestion par certains militants, en brandissant l’indiscipline dans les rangs du parti (plusieurs cadres du parti, dont le vice-président sanctionnés).

Cette conférence s’était tenue sous haute surveillance policière (une partie de militants manifestant devant le siège).
Dans une interview accordée en mars 2021 aux Éditions Le Pays, Amadou Traoré, qui avait dissous son parti politique, Les Républicains, pour fonder Agir Ensemble pour le Burkina, dont il était le 3ème vice-président, a donné sa part de vérité sur la crise.

« Les militants ont compris qu’ils s’étaient trompés sur la personnalité de Kadré Désiré Ouédraogo, sur ses capacités à conquérir et à diriger le pouvoir d’Etat. Il n’a pas les qualités d’homme d’Etat qu’on lui prête. Il n’est pas le rassembleur qu’on pensait. En l’espace d’un an, il a créé le désordre dans le parti et la discorde entre les militants. Il n’est tout simplement pas celui qu’on pense qu’il est », explique M. Traoré dans les colonnes du confrère des 1200 logements.

Dans ses détails, Amadou Traoré, qui milite désormais dans la Convention nationale pour le progrès (CNP, majorité présidentielle) apprend que « Deux camps s’opposent aujourd’hui. Il y a celui qui se prévaut de Kadré Désiré Ouédraogo et qui veut que le parti rejoigne désormais la majorité alors que Kadré avait personnellement demandé avec insistance à la direction et aux députés, le maintien du parti dans l’Opposition.

C’était dans le courant du mois de janvier à côté. Il y a en face d’eux, le camp qui se dit fidèle à la ligne du parti, regroupé autour du président Diallo, très critique sur la gestion des élections par le clan Kadré au point d’avoir infligé des sanctions disciplinaires au directeur de campagne et à certains de ses proches au cours d’une assemblée générale tenue le 27 février dernier. Le parti se relèvera difficilement du désordre interne, des démissions de cadres et des adversités qui finiront sans doute par entraîner les deux groupes devant les juridictions. Kadré Désiré Ouédraogo avait donné de grands espoirs.

Pour preuve, tous ceux qui ont suivi les débuts de son engagement politique à partir de février 2019 et les mouvements de foule qu’il a soulevés à Bobo, Ziniaré et dans d’autres localités, sont unanimes à reconnaître que les populations fondaient de grands espoirs en lui. Mais tous ses soutiens ont fini par lui tourner le dos à cause de son mauvais management des hommes, de son esprit clanique et de son incapacité à aller au contact des autres. Le pire, c’est qu’il n’a pas l’humilité de se remettre en cause. Tout finira donc par voler en éclats. Juste une question de temps ».

Sans être membre statutaire, Kadré Désiré Ouédraogo semble, au-delà de tout, être le maillon le mieux placé pour rapprocher les positions et ramener la cohésion au sein du parti, au regard de ce qu’il y représente. Cela apparaît même comme un défi pour lui pour faire mentir ceux qui, depuis longtemps, émettent des doutes sur sa capacité d’homme d’Etat et pour se constituer un capital de potentiels électeurs pour 2025.

C’est impératif aussi pour préserver le parti et consolider sa dynamique, surtout dans la perspective des élections municipales à venir.
"Le Mouvement agir ensemble pour le Burkina n’avait pas besoin de cette crise, il pouvait s’en passer. On aurait pu éviter tout ça, si Kadré Désiré Ouédraogo avait été conséquent. De toute façon, il est obligé de trouver une solution s’il veut se positionner pour 2025, car il ne pourra pas envisager la conquête du pouvoir sans un parti politique", tranche un des proches de Kadré Désiré Ouédraogo.

Oumar L. Ouédraogo

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