Actualités :: Crise dans le secteur de l’éducation : un citoyen déplore le "silence" du (...)

Dans cette lettre ouverte adressée à la présidente du conseil d’administration du Secrétariat permanent des ONG et associations (SPONG), Célestin Badolo s’étonne de son silence devant les turbulences que traverse le monde de l’éducation. Cette faitière des ONG, constate-t-il, semble avoir décidé de se dérober de son rôle constitutionnel au profit « des enclos programmatiques », malgré sa notoriété et son expertise. Il s’en explique dans les lignes qui suivent.

« Madame,

Nous avons quitté l’actualité des résultats de fin d’années durant laquelle la préoccupation sécuritaire voire de la vulnérabilité collective accrue par la pandémie a pris une place de choix. Mais il n’en est pas autant pour des organisations et institution à démarche stratégique.

En effet, madame la Présidente, le SPONG s’est positionné ces dernières années comme un maillon important de suivi des politiques publiques et leur influence au Burkina et ceci est à son actif. Il nous semble que le suivi poursuit l’ambition de l’influence au profit de la nation toute entière ; et vous n’avez pas manqué de faire de l’influence des politiques un pan de votre vision stratégique.

Si on est convenu que l’influence prend ou pourrait prendre plusieurs formes/démarches, dans certaines circonstances il y a lieu de donner de la voix pour faire entendre l’analyse de la situation le cas échéant. Le SPONG s’intéresse aux politiques sociales et l’éducation en est une ; mieux le SPONG dispose d’un Groupe Thématique Éducation.

Il me semble opportun dans le cadre de la présente adresse de présenter à l’opinion publique ce qu’est un Groupe Thématique au SPONG. Le SPONG (secrétariat permanent des ONG et associations) est une faitière de plus de 270 ONG et associations (de droit burkinabé comme de droits étrangers). Ces ONG et associations sont de véritables expertises chacune dans son domaine selon la mission qu’elle s’est assignée depuis sa création. Pour mieux impacter, elles sont organisées en l’intérieur de leur faitière qu’est le SPONG, en Groupes Thématiques capables de mailler tout le territoire national et fournir en un en un tour de bras une photographie juste des réalités du terrain de l’un ou l’autre secteur de la gouvernance. Ainsi on y trouve entre autres groupes thématiques, celui de la santé, de l’éducation, de la protection sociale, de l’eau, assainissement et l’hygiène. Un groupe thématique peut contenir une quarantaine d’ONG occupant tout le territoire national.

Voici autant d’éléments qui disent la raison d’être du SPONG sans même qu’on ait besoin de mentionner ses acquis du haut de sa quarantaine d’années d’existence.
Cependant, en tant qu’un simple observateur de la scène national, il me semble que la mission, votre mission de contrôle citoyen et de l’influence des politiques demande un coup de serpillière tant, des événements se suivent et se compliquent en donnant du fil à retordre à tous et votre silence nous pèse si non nous interroge.

En effet, l’année scolaire 2020-2021 a pour le secondaire au Burkina Faso été, pour le moins, tumultueuse et ses résultats ont pris un coup sérieux. Le secondaire a été le terrain de toutes les contradictions possibles au cours de cette année. De mémoire d’homme, on n’a jamais assisté à une telle cacophonie au point de ne plus savoir exactement les rôles des différents acteurs (syndicats, formateurs, autorité politique, élèves, parents d’élèves) sur ce qui n’en valait pas la peine. Nous avons terminé l’année sur une note de rancœur où les acteurs se donnent rendez-vous au prochain tournant. On a assisté à des scènes où les acteurs se livrent à des injures sur des plateaux de télévision ou sur les réseaux sociaux. C’est à croire que la morale « foutu le camp » au pays des hommes intègres.

Mais le plus désolant, il me semble, n’est pas le tir croisé entre les acteurs, ni leur détestable spectacle, c’est plutôt le silence des organisations comme le SPONG qui, malgré leur notoriété et leur expertise, décident littéralement de se dérober à leur rôle constitutionnel au profit des enclos programmatiques. Si votre expertise et connaissance avérées du secteur refusent de se mettre à la barre en pareille circonstance, votre connaissance du terrain et les valeurs qui caractérisent le Burkina devraient vous pousser à l’action. Il me semble que l’école du Faso ne construira point des citoyens pour demain si nous démissionnons tous de nos engagements.

Et puisque l’actualité s’y prête (c’est bientôt la rentrée scolaire et les assises nationales sur l’éducation), c’est le lieu pour moi de vous interpeller aussi sur votre posture éventuelle à ces instances. Quelle serait la plus-value de votre participation à ces assises si celles-ci n’ont pas pour objectif premier de définir urgemment et d’une manière claire et nette, le portrait-robot du citoyen que nous voulons pour demain ? C’est en effet, en fonction de ce portrait-robot (partagé de tous) que l’on définira les différents acteurs, leurs tâches et les curricula nécessaires. N’allez pas vous y tromper, l’éducation n’est pas prioritairement une affaire de moyens financiers ni d’avis du bailleur de fonds d’abord.

Madame la présidente, c’est certes un cri de cœur que nous lançons à travers cette démarche, mais c’est aussi notre devoir de citoyen d’activer les leviers qui nous nous paraissent les mieux adaptés. Nous espérons que notre message ne sonnera pas à votre oreille comme une tentative de vous mener hors de vos missions et vous remercions sincèrement de votre aimable attention. »

Fait à Ouagadougou, le 17 septembre 2021

Célestin Badolo

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