:: Les impacts environnementaux de la mise en œuvre des politiques du (...)

Les facteurs de déforestation sont à la fois naturels et humains au Burkina Faso. Mais, les facteurs anthropiques semblent prendre le dessus. Pour résoudre ce problème, l’Etat burkinabé a pris un certain nombre d’engagements visant à la protection des ressources forestières. Parmi ces politiques, il y a le développement durable. Cette politique a certes donné des résultats positifs dans l’environnement burkinabé, mais le bilan est mitigé au regard de certaines situations.

LE CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE DU DEVELOPPEMENT DURABLE AU BURKINA FASO

La prise en compte de la variable « environnement » dans la définition des politiques et stratégies de développement est remarquable ces dernières années sur le devenir des différentes sociétés. Entre 1990 et 2010, le Burkina Faso a perdu une moyenne de 59.900 ha de formations forestières, soit 0,87% par an.

Au total, entre 1990 et 2010, le pays a perdu 17,5% de son couvert forestier, soit environ 1.198.000 ha. Entre 1978 et 1987 une superficie de 1.706.000 hectares de forêts naturelles a été convertie en couverts végétaux d’origine anthropique, soit un rythme moyen de conversion de 170 600 hectares par an. Face à cette dégradation du couvert végétal, l’Etat burkinabé a depuis fort longtemps mis en place des plans de riposte parmi lesquels, nous pouvons citer :

- le programme national de lutte contre la désertification en 1970 (reboisement à grande échelle)

- les programmes bois de village et leur concrétisation en un programme national de foresterie villageoise en 1984 ;
- le lancement des trois luttes en 1985 : lutte contre les feux de brousse, la coupe abusive du bois et la divagation des animaux.
- le plan d’action national pour l’environnement (PANE) adopté en 1991 et révisé en 1994.

- le plan d’environnement pour le développement durable (PEDD) adopté en 2002. Il cherche à combler les insuffisances du PANE en prenant en compte les programmes et stratégies relatifs notamment à la lutte contre la désertification, aux changements climatiques, à la biodiversité, à la gestion intégrée des ressources en eau etc. Ces différentes politiques ont donné quelques résultats au Burkina Faso :

- la réalisation de plus de 30 000 hectares de plantations villageoises et industrielles ;
- l’élaboration de 650 000 hectares de plans d’aménagement et de gestion des forêts naturelles… Si le bilan des politiques publiques dans le cadre de la protection de l’environnement est positif, il reste à bien d’égard des difficultés entre autres la faible prise en compte des intérêts des populations cibles dans l’organisation des actions sur le terrain. C’est ainsi que des années plus tard, le concept de lutte contre la désertification a évolué pour prendre en compte des aspects liés au développement en général et la gestion des ressources naturelles en particulier.

Le développement durable qui est « un type de développement qui réponde aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs besoins », propose un cadre ambitieux pour notre avenir à tous, qui repose sur une triple exigence d’intégrité environnementale, d’équité sociale et bien sûr d’éfficacité économique. Où il est question de développement, mais d’un développement qui met l’accent sur le « mieux » plutôt que le « plus », qui choisit d’affronter la complexité, la diversité et le long terme.

L’environnement est l’ensemble des ressources naturelles (faune, flore, sol, eau ...), le cadre de vie bâti ou non bâti, les activités humaines qui s’effectuent dans ce milieu et qui sont susceptibles d’avoir des incidences sur le milieu pouvant affectés ou non la santé du citoyen.

Il convient de noter qu’on distingue l’environnement quantitatif qui fournit des biens et l’environnement qualitatif qui implique la notion de cadre de vie et de qualité de vie.
De manière pratique il se compose des ressources naturelles, d’une part, du cadre de vie des citoyens d’autre part.

UN BILAN MITIGE AVEC DE NOUVEAUX DEFIS

La dernière décennie au Burkina Faso est marquée par l’apparition de problèmes environnementaux d’un autre ordre avec une certaine acuité, ouvrant un autre front de bataille.

Ces problèmes se posent en terme de pollutions et de nuisances diverses dues à une insuffisance ou absence de gestion des eaux usées domestiques et excréta, du drainage des eaux pluviales, des déchets solides municipaux, des déchets industriels hospitaliers et dangereux, de la pollution atmosphérique, des émissions des gazs à effet de serre, des végétaux aquatiques envahissants.

Fondamentalement liées à un ensemble de facteurs combinés dont la croissance démographique remarquable, le processus d’urbanisation accélérée, la diversification et l’intensification des activités de production du secteur formel et du secteur informel, la pauvreté et l’insuffisance de prise de conscience des populations, ces pollutions et nuisances entraînent de nos jours une nette détérioration du cadre de vie, avec en prime des impacts négatifs sur la santé des populations, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.

En zone urbaine, les systèmes de gestion existants sont essentiellement constitués par des latrines traditionnelles et des puisards. Ces installations sont sources de nuisances olfactives et

de prolifération d’insectes et d’animaux nuisibles. Plus de 10% de la population ne disposent d’aucune infrastructure d’assainissement. En milieu rural seulement une partie infime de la population a recours à des latrines pour l’élimination des excréta. La nature est abusivement utilisée à cette fin d’où la menace permanente du péril fécal.

La gestion durable des ressources naturelles est un enjeu important en matière de préservation
de la qualité de l’environnement. Les défis à relever à ce niveau sont :
- la restauration des terres et la lutte contre la désertification,
- la maîtrise des ressources en eau,

- l’amélioration de la contribution du secteur de l’environnement à l’économie nationale,
- la préservation de la diversité biologique,
- la maîtrise des changements climatiques,
- la maîtrise des biotechnologies.

Les différents défis précités justifient la création d’un ministère qui s’occupe des questions forestières et montre aussi tout l’enjeu que représente les ressources forestières pour l’Etat burkinabé. La création du Ministère de l’Environnement et du Tourisme en 1976, pour s’occuper spécifiquement des questions de la gestion durable des ressources forestières, fauniques et halieutiques traduisait toute l’importance que le gouvernement accordait aux ressources naturelles renouvelables.

Si de nos jours les missions de ce ministère devenu Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie (MECV) en 2002 ont évolué pour prendre en compte la problématique de l’environnement en terme de cadre de vie c’est-à-dire l’assainissement, la pollution, la question de gestion durable des ressources naturelles restait au centre des principales préoccupations du département au regard de leurs implications sociales et économiques considérables dans la vie des populations.

A partir de 1990, des mesures législatives et réglementaires furent adoptées par l’Etat pour une meilleure orientation des politiques publiques sur la question de la gestion durable des ressources forestières. Parmi ces mesures nous pouvons citer la constitution adoptée le 02 Juin 1991 qui prône la protection absolue de l’environnement et l’appartenance des ressources naturelles au peuple. En son article 14, elle garantit cette appartenance des ressources naturelles au peuple et la possibilité de les utiliser pour améliorer leurs conditions de vie.

Donc, depuis les années 1990, précisément en 1994, le Burkina Faso a signé la convention internationale de lutte contre la désertification et les « engagements nationaux » lancé par le Chef de l’Etat. A travers ces engagements, il y a le programme de « 8000 villages, 8000 forêts) qui devinrent « un département, une forêt », et le projet, « une école, un bosquet », qui devint plus tard « une école, un verger ».

En 2019, le Burkina Faso a institué, la journée nationale de l’arbre (JNA) dont la première édition fut célébrée le 10 août 2019 à Tenkodogo et la deuxième édition fut célébrée le 8 août 2020 à Banfora dans la province de la Comoé. La protection de l’environnement et la gestion durable des ressources forestières a donné quelques résultats satisfaisants. En effet, ce sont au total 5 436 hectares de terres dégradés des zones protégées qui ont été récupérées ainsi que la production de 13 794 195 plants en 2017.

L’aménagement de plus de 119 700 ha de forêts (Burkina Faso, Convention sur la Diversité Biologique, 2014, p.85.) La production et mise en terre environs 35 822 107 plants (Burkina Faso, Convention sur la Diversité Biologique, 2014 p.96). Les différents efforts de protection des ressources forestières sont vains du fait de la pauvreté des populations surtout rurales.

Les liens entre pauvreté et dégradation des ressources naturelles sont si évidents, qu’il importe d’en tenir compte dans la stratégie de réduction de la pauvreté. Il faut donc une intensification de la lutte contre la désertification à travers des actions multisectorielles qui garantissent aux populations un usage responsable et durable des ressources naturelles.

A ce niveau l’Etat, à travers la valorisation des PFNL a montré aux populations la place de ces produits forestiers pour l’amélioration de leurs conditions de vie tels que la filière karité. Il est constaté de nos jours un intérêt et un engouement particuliers autour du domaine de l’environnement pour des questions d’intérêts économiques et financiers évidents. Cet engouement a conduit à une implication réelle des populations pour une gestion durable des ressources au profit des générations présentes et futures. Et cela renforce davantage la protection des ressources forestières à fortes potentialités en PFNL.

Eléments de bibliographie

- DELBARD (O.), 2004, « Enjeux et perspectives du commerce équitable pour un développement durable de l’Afrique subsaharienne » in Colloque Développement durable, leçons et perspectives tome 1, Ouagadougou (Burkina Faso), 1er au 4 juin 2004, p.327.

- loi n°014/96/ADP du 23 mai 1996 portant réorganisation agraire et foncière.
- la loi n°005/97/ADP du 30 janvier 1997 portant maintien des équilibres écologiques, de préservation et de valorisation des ressources naturelles.
- la loi n°006/97/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina Faso
- Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, 2004, Rapport national sur la gestion durable des forêts au Burkina Faso, pp.9-10.

- SULSER (M.) et al., 2000, Elaboration d’un Code local pour la gestion des ressources naturelles : le cas de la province du Bam au Burkina Faso, Dossier n°98, iied, p.4.

Dr HIEN Sourbar Justin Wenceslas
HISTORIEN
Chargé de Recherche à l’INSS/CNRST

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