Actualités :: Tribune : Nos mines et le développement durable

Pour atteindre le développement durable dans le secteur minier, les pays africains doivent tenir compte de trois dimensions : l’économie, le social et l’environnement. C’est la certitude de Mohamed Camara, étudiant à la maîtrise en Études de l’environnement à l’Université de Moncton, au Canada. Il estime que dans l’intérêt des générations actuelles et futures, l’État, les compagnies minières et la société civile doivent aussi se donner la main pour favoriser ce type de développement.

Certains États africains (Burkina Faso, Mali, Guinée, Ghana, République Démocratique du Congo, etc.) sont devenus des pôles d’attraction pour les compagnies minières en raison de l’abondance des ressources naturelles dont regorgent leurs sols et leurs sous-sols.

À titre d’exemple, depuis 2010, la Guinée a connu un boom minier qui s’est matérialisé par une forte exploitation de la bauxite par plusieurs compagnies étrangères et nationales dans la région de Boké. La question à se poser ici est de savoir comment, et dans quelles conditions, l’exploitation des ressources naturelles peut-elle favoriser le développement durable ?

Quand on parle de développement durable en lien avec l’exploitation minière, malheureusement certains États africains se focalisent sur le développement économique, la lutte contre le chômage, l’amélioration des conditions de vie des citoyens, etc. tout en oubliant les problèmes environnementaux. Or, pour atteindre le développement durable dans le secteur minier, la prise en compte des trois dimensions du développement durable (l’économie, le social et l’environnement) est nécessaire. En effet, il est important de savoir ce qu’est le développement durable et comment ces trois dimensions pourront-elles favoriser le développement durable.

Qu’est-ce que le développement durable ?

Le développement durable a donné lieu à des définitions différentes par plusieurs auteurs en fonction de leurs champs d’expertise. Mais la plus reconnue est celle de la Commission de Brundtland qui le définit comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs » (Rapport-brundtland, 1987, p. 7).

Pour favoriser un développement de ce type dans le cadre de l’exploitation des ressources minières en Afrique, le concept de développement durable peut être défini à cet égard comme l’ensemble des actions de développement visant à maintenir un équilibre entre la rentabilité économique, la protection de l’environnement et le respect de la société humaine. Il est en effet primordial, voire nécessaire, de prendre en compte les tensions inévitables entre les trois dimensions (l’économie, le social et l’environnement) du développement durable par les États et les compagnies minières dans leur politique.

Comment ces trois dimensions peuvent-elles favoriser le développement durable ?
Les dimensions du développement durable

Le développement durable, dans sa dimension économique, renvoie à une croissance économique (Martin, 2002). Cette croissance doit favoriser, d’une part, la création d’emplois, d’opportunités économiques pour les fournisseurs et les commerces locaux afin d’améliorer les conditions de vies des populations, et d’autre part contribuer au développement des entreprises locales et nationales.

Dans sa dimension sociale, le développement durable doit assurer la satisfaction des besoins fondamentaux (la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement, etc.), améliorer la qualité de vie, réduire les inégalités sociales, respecter les droits de la personne et faire respecter les cultures et coutumes de la société (Reed, 1999). En outre, le développement durable doit favoriser la participation des acteurs sociaux à toutes les prises de décisions (Reed, 1999).

Sur le plan environnemental, le développement durable doit se faire sans causer des dégâts sur l’environnement ou à tout le moins minimiser autant que possible les atteintes à l’environnement afin de permettre aux futures générations de profiter de l’exploitation des ressources naturelles comme rapporte le rapport de Brundtland. En plus de cela, le développement durable exige la protection et la gestion de l’environnement pour permettre aux écosystèmes (marins et terrestres) d’assurer leurs fonctions écosystémiques dont dépend notre survie (Reed, 1999).

Au-delà de l’équilibre entre les trois dimensions, la mise en place d’un système de gouvernance favorisant la transparence, la concertation, la consultation et la participation de tous les acteurs (l’État, les entreprises, les associations communautaires, les mouvements associatifs, la société civile, etc.) dans les prises de décisions est inévitable.

En clair, il faudrait aussi une synergie d’action entre le ministère des Mines et de la Géologie, de l’Environnement et des Eaux et Forêts, de l’Économie et des Finances et celui des droits de l’Homme pour s’assurer non seulement de l’équité, mais aussi de l’application effective des trois dimensions dans le cadre de l’exploitation minière pour garantir un développement durable pour les générations actuelles et futures.

En conclusion, il faudra que l’État, les compagnies minières et la société civile puissent se mettre ensemble pour favoriser ce modèle de développement pour l’intérêt de la nation.

Par Mohamed Camara
Étudiant à la maîtrise en Études de l’environnement à l’Université de Moncton
Moncton – Nouveau-Brunswick – Canada.
Contact : emc8407@umoncton.ca
mcamara335@gmail.com
+1 437 985 5580

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