Actualités :: Situation nationale : Un citoyen écrit à Roch Kaboré pour donner suite à son (...)

Ceci est une tribune de Mwinsoma JC Somda qui exprime ce qu’il a ressenti lors de la dernière adresse du président du Faso à la Nation, le 27 juin 2021 à la suite des attaques meurtrières de Solhan, début juin.

Monsieur le Président du Faso, j’ai l’honneur de soumettre à votre haute attention la version relue et telle que ressentie par moi de votre dernière allocution du 27 juin 2021, et en attendant la prochaine à l’occasion de la proclamation de l’indépendance, à toutes fins utiles. Veuillez agréer, Monsieur le Président du Faso, l’expression respectueuse de mes sentiments hautement patriotiques.

Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Ces dernières semaines, la succession des évènements dans notre pays a profondément meurtri tous les Burkinabè.

La tragédie d’une cruauté inouïe, perpétrée à Solhan dans la nuit du 4 au 5 juin courant, vient nous conforter dans la conviction que le combat contre le terrorisme a pris une nouvelle tournure face à laquelle il est impérieux de trouver les hommes qu’il faut aux places qu’il faut. Pour notre part, nous y avons failli et le reconnaissons sans détours ni faux fuyants.

Ce massacre, l’embuscade menée contre le convoi ayant occasionné la perte de onze policiers et celle de deux militaires, suite à l’explosion d’un engin improvisé, sur l’axe Barsalogo-Foubé, ont créé une onde de choc à travers toutes les couches sociales de notre pays, suscitant ainsi des doutes sur notre volonté et notre capacité personnelles à bâtir un avenir d’espoir commun.

C’est le lieu pour moi de rendre les hommages de la Nation aux victimes de la barbarie, de réitérer mes condoléances aux familles éplorées ainsi que mes vœux de prompt rétablissement aux blessés.

Les réactions convergentes d’indignation et les fortes attentes sécuritaires de nos compatriotes, durement éprouvés par la gravité de ces évènements, résonnent comme un message de désaveu de ma légitimité actuelle malgré les résultats des dernières élections, et, par conséquent, comme un appel à présenter ma démission.

J’y suis disposé et en publierai la décision lorsque les modalités d’une succession concertée et pacifique seront convenues. Je souhaiterais, à ce stade, laisser place à un nouveau leadership en vue d’un régime transitoire de trois ans, qui serait doté de pouvoirs exceptionnels et dont la configuration serait à déterminer de manière autonome et collégiale, sans diktat de la communauté internationale, comme ce fut le cas à l’issue de l’insurrection de 2014.

L’instance de réflexion et de décision pourrait être un congrès national regroupant tous les organes dirigeants des institutions républicaines reconnues par notre Constitution ainsi que des représentants des corps constitués à mettre en place de toute urgence sous l’arbitrage initial du Conseil constitutionnel. Sa mission consistera à refonder la Nation et à réformer ses institutions pour les mettre au service du peuple, à mobiliser celui-ci autour de la poursuite de l’intérêt général et de la justice réparatrice envers tous, sans clause de prescription pour personne si le peuple ou le congrès en décide souverainement ainsi. Il nous faut faire tous l’effort de nous surpasser maintenant, par amour pour la patrie et aussi pour donner aux générations montantes un exemple historique de sursaut moral collectif. Montrons-nous dignes des vertus et reconnaissants des bienfaits de l’intégrité que les générations précédentes nous ont laissés en héritage.

En ces moments difficiles où nous subissons ces revers, notre salut ne résultera que de notre capacité à nous remettre en cause, à nous soumettre à une introspection individuelle et collective sur nos attitudes et nos agissements vis-à-vis de l’Etat et de nos concitoyens. Concourent-ils au bien vivre ensemble, à la promotion de la citoyenneté responsable et de la paix sociale ? Notre salut exige de réfléchir dans l’écoute et la tolérance mutuelle des filles et fils de notre pays. Nous devrions aussi nous montrer aptes à agir avec détermination et esprit de sacrifice pour défendre la Mère-Patrie, en acceptant qu’un nouveau leadership plus capable que la gouvernance actuelle de restaurer l’intégrité territoriale et garantir l’unité nationale émerge et en prenne le relais.

Nous exhortons nos partisans et tous les sympathisants de la majorité présidentielle à en donner l’exemple à notre suite. Faisant confiance aux initiateurs des prochaines marches annoncées et en leur caractère non violent, nous invitons instamment tous les citoyens à la retenue. Tirons cependant leçon des conséquences toujours pendantes des débordements et excès de 2014, n’en rajoutons pas avec d’autres provocations ni actes de vandalisme de quelque bord que ce soit. Evitons et interdisons fermement d’incendier des logements et des bâtiments publics comme privés quand déjà tant de sans abri tourmentent nos consciences dans les rues ! Tel devrait être le comportement de tout vrai patriote, lorsque les circonstances exigent de se faire violence. C’est présentement le cas, et donc, seule cette conviction devrait nous guider tous !

Peuple du Burkina Faso
Dans ce contexte où il nous faut faire preuve de discernement, d’abnégation et d’esprit de sacrifice, je veux être le premier à en donner l’exemple afin que les marches, les publications insidieuses sur les réseaux sociaux et les appels à la désobéissance citoyenne ne viennent pas ruiner les acquis de notre expérience démocratique. C’est pourquoi, je veux lancer à tous les concitoyens cet appel à la constitution d’un front patriotique inclusif pour venir à bout du terrorisme dans notre pays.

C’est à cette fin que je demande instamment à tous ceux qui s’organisent autrement, notamment les partis politiques et les organisations de la société civile, de surseoir aux marches et meetings projetés, afin de se consacrer à des concertations franches et sincères sur les diverses stratégies à mettre en œuvre face à l’ennemi sans visage, dans nos diverses communes rurales et urbaines. Il nous faut faire preuve de maîtrise de soi et ne pas engager des actions de nature à compromettre notre communauté de destin.

Nous avons également failli en conservant le dialogue politique en cours dans sa forme plutôt que d’y impliquer toutes les forces vives de la nation dans divers pôles de palabres territoriales et thématiques sur toutes les questions d’intérêt national, en particulier celles qui sont relatives à la sécurité des citoyens et des biens, à la sécurité personnelle et collective, alimentaire et sanitaire, sociale et foncière, à la restauration de l’intégrité du territoire et de l’éthique burkinabè, à la refondation de la nation et à la réforme de ses institutions, en priorité l’enracinement du système éducatif et de notre organisation politique dans nos cultures, à l’émergence de nos économies locales, au renforcement de la cohésion sociale et de l’intégration ouest africaine. Pour le bon déroulement de ces échanges incluant lettrés et non scolarisés, chacun s’armera d’humilité, de patience et d’esprit de créativité, face à l’ampleur des défis. Ensemble, osons enfin inventer notre avenir comme nous y conviait déjà le tout premier président du Faso !

Les acquis engrangés sur le terrain par les Forces de Défense et de Sécurité, avec l’apport conséquent des Volontaires pour la Défense de la Patrie, sont certains, et ont permis d’infliger aux groupes armés terroristes, des pertes significatives, les amenant à changer leurs tactiques pour s’en prendre lâchement aux populations civiles.

C’est pourquoi, je tiens à saluer l’engagement et le professionnalisme des Forces de Défense et de Sécurité et la détermination des Volontaires pour la Défense de la Patrie qui, au péril de leur vie, se battent courageusement pour garantir notre sécurité collective, en dépit des difficultés conjoncturelles que nous traversons,
C’est leur engagement qui nous vaut d’être toujours debout et de continuer à enregistrer des acquis inestimables sur le terrain du développement. Pourquoi chacun de nous ne s’engagerait-il pas à soutenir leur exemple comme volontaire pour la défense et le développement solidaire de la patrie ?

Je salue à cette occasion toutes les composantes de la Nation qui multiplient chaque jour des initiatives pour la paix et la sécurité dans notre pays. Gardons foi en notre capacité plusieurs fois démontrée à surmonter nos crises internes, à résister aux manœuvres de division du peuple, d’attisement de la haine entre les groupes ethniques ou les entités confessionnelles, d’exacerbation des conflits communautaires ou sociaux, d’asservissement des plus faibles et de manipulation des plus vulnérables par des individus sans foi ni loi. Ensemble, relevons le défi actuel de l’éveil décisif des consciences citoyennes et de leur engagement pour plus de justice sociale, caution rassurante d’une paix sociale durable.

Peuple du Burkina Faso
Chers Compatriotes
Pour ma part, j’ai conscience d’avoir par le passé commis certaines erreurs et ainsi permis au doute sur notre capacité endogène à vaincre l’ennemi de prendre corps et force dans les esprits. J’en demande pardon à nos Forces de défense et de sécurité pour atteinte à leur honneur, ainsi qu’à la Nation entière pour les multiples pertes en vies humaines occasionnées.

Je m’en remets librement à la justice de notre patrie pour toute suite éventuelle et en guise d’invitation à tous les compatriotes en exil volontaire à lui faire confiance et à rejoindre nos rangs en terre burkinabè.

C’est le lieu de rappeler ces propos édifiants pour notre jeunesse du premier président du Faso à l’ouverture des TPR le 3 janvier 1984 et dont tous les acteurs de ma génération se souviennent sans doute :

« En instituant les TPR, le CNR, le gouvernement révolutionnaire et le peuple militant de la Révolution démocratique et populaire, savent que jusque dans leurs propres rangs, s’il se trouvait des éléments dégénérés, la justice populaire devra sévir dans toute sa rigueur. En même temps, chaque militant sait que son action politique, sa conduite de tous les jours et sa pratique sociale seront d’une transparence qui lui imposeront de n’accepter de faire la nuit ou dans l’ombre que ce qu’il pourra étaler le jour, la conscience tranquille. En vérité, il n’existe point d’autre vertu que celle qu’imposent et contrôlent réellement la société et le peuple. »

Au regard des enjeux liés à la situation sécuritaire d’ensemble, je formule le vœu que mon successeur, en sa qualité de Chef Suprême des armées, prenne toutes les mesures idoines qu’exigent les circonstances et bénéficie du soutien de tous les acteurs pour leur mise en œuvre, à savoir :

-  rétablir la confiance, avec notre Peuple, dans le secteur de la sécurité ;

-  adapter notre stratégie aux nouvelles réalités du terrain, en revoyant la doctrine d’emploi des Volontaires pour la Défense de la Patrie, et en améliorant la rapidité d’intervention pour les opérations aériennes et terrestres menées par nos troupes ;

-  consolider l’efficacité, l’unité et la cohésion du commandement, dans le respect de la discipline militaire qui a toujours fait la force des armées ;

-  renforcer la collaboration entre les populations, les Forces de Défense et de Sécurité et les Volontaires pour la Défense de la Patrie pour une meilleure défense populaire de notre pays ;

-  maintenir un niveau de prise en charge des personnes déplacées internes, pour qu’elles puissent vivre dignement, en attendant leur retour dans leurs zones d’origine.

Encore une fois, tous les patriotes burkinabè, établis au Burkina Faso ou hors de nos frontières, doivent se donner la main dans l’union et la détermination, pour sauver la Nation et préserver son indépendance, aux côtés de toutes nos forces combattantes, car la victoire est un impératif.

Ensemble, repentants et confiants dans le secours et la protection de DIEU, nous y parviendrons !

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

Mwinsoma JC Somda

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