Actualités :: Nul n’est prophète dans son pays…, le Congo ne fait pas exception (...)

Frantz Fanon écrivait dans Pour la révolution africaine (1961) : « Gardons-nous de ne jamais l’oublier : c’est notre sort à tous qui se joue au Congo ! ». Près d’un demi-siècle après les « soleils des indépendances », après tant de déceptions, de reculs, de désillusions, l’Afrique a enfin montré des signes d’embellies, d’épanouissement démocratique doublé de dynamisme économique, suscitant ainsi un sentiment d’espoir même parmi les plus sceptiques des afro-pessimistes. Et en effet, l’épicentre de ce frémissement se situait bel et bien au Congo.

Si Patrice-Emery Lumumba avait, dans les années 1960, proclamé que la libération du Congo serait la première phase de la complète indépendance de l’Afrique Centrale et Méridionale encore en proie à la colonisation…Frantz Fanon allait plus loin en affirmant que « l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo ! »

L’embellie de l’Afrique et du Congo !

Depuis le milieu des années 2000, l’Afrique prend une part de plus en plus grande dans l’économie mondiale et fait partie des régions du monde à la croissance la plus rapide. Selon les rapports de la CNUCED 2014, le PIB réel de l’Afrique a connu des taux annuels de croissance de plus de 5% au cours de la dernière décennie, soit un rythme de création de richesses deux fois plus rapide que celui des années 1980 et 1990. Ainsi, durant cette période, près de la moitié des vingt économies mondiales les plus performantes en termes de croissance se sont retrouvées en Afrique [1].

En raison de ce renouveau, l’Afrique suscite un regain d’intérêt indéniable à l’échelle internationale. Elle est reconnue comme un marché émergent et un pôle potentiel de croissance mondiale. Cette réalité se traduit notamment par la multiplication récente des sommets entre les différentes régions du monde et l’Afrique : Chine-Afrique, Japon-Afrique, UE-Afrique, USA-Afrique ou encore Asie-Afrique. Et la part du Congo de Lumumba dans tout ça ? La part de la République Démocratique du Congo dans ce renouveau du continent africain est révélatrice ! Après une longue période de recul et de stagnation résultant de l’effondrement de l’Etat et des nombreux conflits armés, la RDC a affiché des taux de croissance supérieurs à la moyenne de l’Afrique subsaharienne, nonobstant le choc financier de 2008, soit 7,8% entre 2010 et 2014 contre 5,3% pour la moyenne africaine.

Graphique sur le taux de croissance annuel du PIB (RDC – Afrique Subsaharienne en %)

L’artisan de ce miracle congolais !

Cette progression s’explique par la pertinence des réformes institutionnelles conduites en RDC durant la période ayant suivi le processus électoral de 2011, soit entre 2012 et 2016. Sur la grille de la notation des politiques et institutions nationales de la Banque Mondiale (CPIA), la RDC avait réalisé en 2013 la meilleure progression parmi les pays de l’Association internationale pour le développement. [2]

Graphique sur l’évolution des scores du CPIA 2013 – RDC & Afrique Subsaharienne

Une telle trajectoire n’a pu laisser indifférent tout observateur intéressé au devenir du continent. D’aucuns ont été piqué par la curiosité, désireux de comprendre mais surtout d’identifier les acteurs de cette transformation. C’est là que l’Afrique découvre ce technocrate dynamique, ponctuel, rigoureux qui a autant surpris (agréablement) que marqué ses années de passage à la tête de l’exécutif du pays de Lumumba. De mémoire d’observateurs et analystes politiques, jamais un Premier ministre n’a impulsé avec autant de résultats probants l’action gouvernementale.

A tout le moins, il se peut qu’il y ait eu d’autres chefs de gouvernement performants, et il serait bon que leurs prouesses soient portées à la connaissance de l’Afrique pour la postérité. En attendant, tout visiteur de passage au Congo ne peut pas ne pas tomber sur les réalisations léguées par Monsieur Augustin Matata à son pays, à la postérité : une nouvelle compagnie aérienne nationale ayant sorti la RDC de la liste noire de l’IATA, une piste aéroportuaire enfin acceptable pour la capitale au cœur du continent, un aérogare modulaire aux standards internationaux, un quartier administratif pour les services ministériels, un siège de l’exécutif moderne, une entreprise de transport en commun dans l’une des plus grande mégapoles d’Afrique, une solde régulière des fonctionnaires débarrassée de toutes les ponctions prédatrices…pour ne citer que quelques exemples.

La métaphysique du sacrifice ! A chacun son fardeau !

Depuis la nuit des temps, en période de crise aigüe, les sociétés frappées ont recours au sacrifice pour expier leurs torts et apaiser la colère des dieux. Et « sacrifice » sous-entend un bien ou être précieux, en tout cas qui a de la valeur aux yeux de ses contemporains. Socrate fut livré et condamné à boire la ciguë en Grèce antique, Jeanne d’arc fut livrée sur fond de pacte entre seigneurs, le Christ fut livré pour contenter la masse aigrie par des années de souffrance, Lumumba fut livré sur fond de pacte néocolonial… A la clé, un prétexte…le pouvoir en trouve toujours ! À chacun son fardeau : une jeunesse libérée et donc corrompue pour Socrate, une féminité affranchie et donc hérésie pour Jeanne d’arc, une nature divine assumée et donc blasphème pour Christ, un nationalisme africain et donc communiste pour Lumumba, une initiative agroindustrielle audacieuse de moyen terme précocement arrêtée pour Matata Ponyo.

L’histoire de la grandeur est celle que retient la postérité !

Toutefois, il y a un point commun à toutes ces personnalités de l’histoire : elles ont légué une période de grandeur, voire de miracles à leurs nations et ont été réhabilitées. Quoiqu’il advienne bravo à monsieur Matata pour ses réalisations…ceux qui veulent le noyer doivent savoir qu’il est plus facile de détruire que de construire…espérons que durant leur mandat ils auront été capables de faire au moins aussi bien que lui, sinon mieux…c’est ce dont le Congo de Lumumba et l’Afrique ont besoin…sinon ce sera l’opprobre qui les poursuivra ainsi que leur postérité.

Adama Traoré

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