Actualités :: Journée du 8-mars : L’éternelle en selle

Rendez-vous ce jour au djandjoba du coin, nous allons danser jusqu’à l’aube mon amie…
Pourquoi irai-je danser en cette journée de la femme, alors qu’à petit feu se meurt Amie ?
Pourquoi me mettrai-je en uniforme annuel alors que mon armoire est pleine d’habits ?

Je choisis de sacrifier à cette tradition de réjouissance alors même que la danse est un hobby.
Je préfère parler de sujets tabous, de faits dégradants que subissent en silence des femmes.
Quitte à agacer, quitte à ne pas entrer dans les rangs, quitte à être hors thème mesdames :

Derrière un monde policé se cachent parfois des bêtes qui prolifèrent en toute quiétude ;
Derrière les ors embellissant dames, se nichent parfois des épines saignant sans mansuétude.
Des aiguilles tapies se dressant brutalement pour darder avec plaisir, au gré des turpitudes, Des victimes expiatoires offertes, qui étanchent la soif de sang de bêtes sans digne attitude.
Un enchevêtrement d’orties, de ronces qui ferait penser que le loup n’est pas si loin...brrr !
Est-ce un mauvais rêve où les brillantes dorures ne sont qu’horribles flammes de l’enfer ?
Là où d’un coup de trident, un cornu à queue vous projette dans un brasier : Lucifer !

Oh, ne courrez pas car on n’est pas dans l’au-delà, du mauvais côté, là où brûle l’éternel feu !
Vous êtes bien vivant, encore sur terre, là où les dogmes mijotent comme un bon pot-au-feu,
Sur l’âtre sacré qui renvoie le fumet de la sentence finale sans toujours dissuader les convives,
Ceux dont le comportement vire au cauchemar en cuisine, transformant certaines en endives, En chair à saucisse, en sauce blette, en sole qui pleure à forte moutarde, une vraie chienlit.

On se croirait à s’y méprendre dans la fable du loup et de l’agneau contée le soir au lit ;
Mais une fable pour adultes qui n’endort et dans laquelle, la bête qui a deux pattes, sévit.
Ici, la réalité dépasse la fiction qui, le soir, met en garde les enfants contre le méchant loup,
Attirant leur attention sur le respect des règles sociales, comportement que les parents louent.
Ici, le réel narré aux grands, réveille quelques brebis endormies, mais n’arrive à tomber loup.

Un jour, alors que je m’entretenais avec Amie, elle répéta verbatim une bêtise énorme :
« Quand on adopte un chien, c’est juste pour qu’il aboie à vie et non pour qu’il dorme ! » Autrement dit, un chien n’a aucun droit au repos, il doit juste se permettre d’être en forme.
Un chien ça doit hurler jusqu’à la mort afin que son tout puissant maître se repose avec biens.
Mais où est l’os dirait-on ? L’os est en la personne de mon Amie, ici comparée à un chien.
Mais qui peut bien dire une telle insanité si ce n’est qu’une bête sans affect, un saurien ?

Cette phrase ne peut être que d’un loup, plutôt un loup-garou à la démarche chaloupée, Une bête issue du croisement entre le loup et l’homme, plus féroce qu’un loup. Hébé !
Un personnage qu’on voudrait de pure fiction car il ne se contente de grasses poules braisées.
Hélas, l’auteur de ce décret ou édit est un homme du nom de Peirre, qui mérite bien des fers.

Ce n’est guère une erreur, il s’agit bien de Peirre comme l’appellent les illettrés dans son aire.
Un monde à lui tout seul ce Peirre, loup à deux pattes, fait comme nous, de sang et de chair.
Peirre alias le pervers n’est qu’un minable tyran, un terrestre ver qui a un cœur de pierre.
Il opère sans revolver, sans arme mais tue à petit feu comme s’il incarnait sur terre Lucifer.
Le jour où Amie décida de s’unir à lui, elle prit sans se douter, un visa pour l’enfer ;
Il s’était en effet plié à toutes les contraintes à lui imposées par la belle-famille de la ville.

Amie le valait bien, elle qui était aussi belle qu’une sirène avec ses yeux noirs et longs cils,
Aussi pulpeuse qu’un fruit gorgé de nectar, prêt à étancher sa soif comme l’eau à la menthe.
Elle qui, à l’époque, était si jeune, si douce, si gentille, si généreuse, si naïve, si innocente…
Elle dont les dents blanches et la fente de bonheur illuminaient son sourire en permanence,

Elle qui avait été choyée par ses parents d’adoption, ignorante de la fessée et de la sentence, Signait sans le savoir un grand tour en enfer, une virée terrestre en compagnie d’un cerbère ;
Croyant à l’engagement à vie de ses bons parents qui n’avaient connu de grands revers. Libérée d’un monde machiste « révolu », la femme rêve depuis lors de briller comme éclair,
Osant des chemins peu orthodoxes menant à la consécration, sans risque d’avaler de l’air.

Amie avait-elle une tête de femme-esclave sinon soumise qui s’offre en victime expiatoire ?
Il fallait voir comment ce colosse à l’époque cognait sur elle comme une pierre du purgatoire, Lui assénant coup sur coup, avec un plaisir à peine masqué, entrant presqu’en transe, à le voir, Ne s’arrêtant que quand elle gisait au sol ensanglantée, le visage tuméfié, les yeux pourpres.
Elle avait beau retourné chez ses parents de cœur pour fuir cette bête qui ne sait que mordre, Que ceux-ci l’exhortaient à retourner au foyer infernal, ignorant les dégâts de tout ordre. Fuir, partir, abandonner ses enfants était une vilaine chose, elle qui a été une fille si sage ;

Le malheur en plus ne l’avait épargnée, comme pour en rajouter à son enfer de paysage. La belle Amie continue toujours de se lamenter, les yeux rougis par les pleurs, sans se tarir ;
Sa peau noire ébène cachait tous les bleus et les sévices qu’elle endurait depuis sans périr.

N’en pouvant plus un jour, elle déconnecta de son insupportable réalité, semblant se lasser ; Les yeux hagards, un bébé au dos, elle s’élança vers l’inconnu avec un désir fou de trépasser ;
Se murant dans un silence mortifère, la pauvre refusait de livrer bataille, d’affronter le menhir.
Elle s’en sortit in extrémis aidée de sa famille et d’un médecin traditionnel qui trouva l’élixir ; Le repentir ne viendra jamais de Peirre, nombril du monde, dans l’incapacité de se départir.

Amie qui restait toujours prisonnière dans sa tête, une fois guérie, retourna chez sieur Peirre.
L’aimait-elle au fond ou n’envisageait-elle pas la vie sans son maître au cœur de pierre ?
Etait-elle victime du syndrome de Stockholm ou n’avait-elle plus la force de repartir à zéro ?
Se contentant de regarder pendant ses rares moments de répit les films sur le justicier Zorro, Ou des séries à l’eau de rose comme pour rêvasser, espérer, panser ses blessures, ses bobos.

L’inertie est un défaut, mais les esclaves ne manquent-ils pas plutôt d’armes ou de gombos ? Amie avait travaillé sa vie durant pour voir ses économies fondre dans des dépenses de santé, Elle qui a développé des maladies psychosomatiques, des démangeaisons non inventées !
Espérât-elle enfin qu’il change, lui qui était autant radin que perfide comme un scorpion ?
Il avait pris de l’âge mais continuait de régner sur son petit monde qui ne tournait plus rond ;

Ses poings se faisaient rares, mais les mots retentissaient comme des coups de revolver,
Avec Amie en première ligne, lui assénant son désamour, lui laissant une sensation amère.
Toute la famille dégustait au passage, finissant par être frappée de mollesse, de paralysie ;
Ses filles tout comme elle, ne consentaient à s’affranchir, comme frappées d’aplasie.

La maladie avait affaibli Peirre, le rendant de plus en plus ignoble, aigri, insupportable, fou.
Une bonne rançon que l’andropause ou la prostatite, mais cela ne le rendait meilleur, doux. Le vieux Peirre continuât de déverser sa bile sur Amie, oscillant entre nonchalance et flegme, Qui contrastent avec la virulence de propos qui feraient gémir un mort à fortiori une femme.
Á la limite esclavagiste, il ne faisait rien de ses dix doigts mais ne la laissait guère indemne.

Elle qui était si travailleuse n’avait droit au repos, malgré la présence de nombreuses gens,
Au risque de s’entendre dire que quand on prend un chien c’est pour qu’il aboie ; bon sang !
Piètre fonctionnaire dont la seule ambition est d’humilier et même de tuer Amie en l’usant !

Homme d’affaire à ses heures, ses seuls cadeaux étaient ceux qui flattaient son ego, en rusant.
Sa maîtresse plus belle, plus jeune, plus instruite selon ses termes, jouait à le faire chanter ;
Elle allait voir ailleurs à ses heures perdues, telle une sorte de revers l’obligeant à déchanter.

Peirre donnerait envie aux unes de cracher sur sa dépouille avant l’arrivée du croque mort ; Pendant que d’autres diront ouf pour rien car une vie restait marquée de peines sans torts !
Certaines feraient de l’humour en arguant l’indemnisation pour cause de veuvage : la pension.
Mais ce moribond n’a qu’un pécule de misère et, rien ne vaut une vie sans poison ni tension.

Qu’est-ce qui peut justifier ce gâchis, cette vie de bagne à faire semblant pour mériter cieux ?
Qu’est-ce qui peut justifier cet esclavage, cette soumission à vie à un être qui n’est Dieu ?
Rien sinon les croyances qui ont la vie dure, la peur du rejet ici-bas et de l’enfer en haut-lieu.
Si la lumière divine est en nous, ce Peirre est plutôt une sombre bête qui a de perçants yeux,

Une grande bouche, de longues dents pour mieux croquer sa proie, une brebis appelée Anna.
Il n’y a pas plus couard que Peirre qui n’ose se soigner mais préfère se défouler sur Dina ;
Il n’y a pas plus violent que Peirre qui n’assume sa brutalité mais est apte à broyer Lina ;
Il n’y a pas plus vil que Peirre qui n’ose affronter ses démons en lieu et place de Zina…

Que Peirre s’appele Konard, Gueule-tapé, Fossa, Richard, cela n’a aucune importance.
Grande est la colère qui reste impuissante face à l’inertie d’une victime sans consistance,
Une victime de carrière qui ne prend la poudre d’escampette, vivotant dans l’indécence ;

Se contentant de permissions pour respirer, attendant consentement pour les lieux d’aisance.
Assistants sociaux et psys qui auraient de la matière à travailler brillent ici par leur absence.
Des brebis livrées à elles-mêmes, se débrouillant donc sans berger qui accompagne et panse.
Certaines optent pour les cornes, la perversion, œuvrant en cachette, faisant des maîtres cocus.

D’autres comme Fina désertent le lit, tentant de se réfugier derrière un beau rideau de crocus, Peinant à sauver les apparences du fait de coups d’éclat attirant souvent l’œil de la chouette, Tentant vainement de survivre en dépit des morsures dues aux crocs qui tuent, sans gâchette ; Eh oui, il y a bien longtemps que la brebis est morte, laissant derrière elle une triste ombre.
Une ombre cachant l’enfer sur terre, se fondant en prières une fois en chambre sombre.
Espérant accéder un jour au beau jardin tant rêvé de l’au-delà, une perspective bien saine,

Qui l’empêche de tomber, qui fait penser que le voyage pour elle aura une douceur certaine.
Elle aura beau faire des neuvaines, prier Saints que ce cœur mâle restera de pierre, d’airain.
Á défaut de devenir vertueux comme saint, Peirre gagnerait à se muer en bel être un matin.
Il y a des scènes de guerre ou des théâtres d’affrontements sans une seule balle palpable,
Mais dont les dégâts sont aussi terribles que la bombe d’Hiroshima, aux effets irréparables.

Le loup à deux pattes continue de sévir, sa vieillesse sinon sa mort ne rendra pas l’agneau,
Sa place se trouve dans la forêt mais il rôde toujours aux environs des cours, faisant le beau,
Près de l’eau, bêlant doucereusement, attendant qu’une imprudente s’éloigne du troupeau.
Si vous avez l’âme d’une brebis, restez groupées sinon poussez cornes, crocs et grands sabots.
Devenez licorne et vous serez maîtresse du jeu, entrant dans la légende qui fascine les ados.

Ne confondez Peirre, avec Pierre-le-bon-berger qui ouvre sa maison, ses bras, le cœur grand.
Peirre qui n’est grand que de taille, d’âge ou de portefeuille, est un loup, un vrai tyran.
Á sa vue, prenez la clé des champs si vous n’êtes pas expérimentée comme un vétéran.
Ce n’est pas un mauvais rêve mais la triste réalité de ces martyres qui n’osent sortir du rang,

Ces brebis refusant de se redresser ou de s’échapper, espérant susciter un effet boomerang,
Qui transformerait définitivement le loup en homme, en humain capable de beauté,
Apte à aimer Anna, Dina, Fina, Lina ou Zina, aspirant toutes à une douce complicité.

Cette violence faite aux femmes vieille comme l’antiquité, est d’une troublante d’actualité ;
Instruction, lois, flatteries sur le genre n’y feront rien, pourtant nous sommes dans la cité, Loin de la forêt ou de la brousse où les carnassiers règnent sans partage, empathie, pitié.
Á se demander si l’homme serait toujours un loup pour l’Homme, malgré la modernité ?
Il suffit d’emprunter certaines artères de la ville pour s’agacer d’une certaine rusticité :
« Bordelle » fuse sans oublier les parties intimes des femmes, des mères ; que d’obscénités !

La femme réduite à sa portion chair, à l’enfantement ou au plaisir : décevante brutalité !
Soyons belles et soumises ? Cette journée ne nous fera donc pas oublier cette triste réalité.
Alors, restons en selle, quitte à ne pas être de la fête en ce jour spécial et ce, pour l’éternité.

IsaS Lanoire

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