Actualités :: Reconfiguration politique burkinabè : Pourvu que ce ne soit pas une partie (...)

Accointance incestueuse ou pas, Zéphirin Diabré et son parti disposent désormais pour le pouvoir. Une personnalité burkinabè bien avertie de la chose politique, Achille Tapsoba, ne manque d’ailleurs pas l’occasion de ressasser cette maxime : « En politique, on ne dit jamais jamais ». Comme quoi, tout peut vous opposer, mais au même moment, vous vous retrouvez partenaires, sans que rien ne vous unisse ! En tout cas, « rien » de ce qui est connu du commun des mortels.

Dans le nouveau paysage politique burkinabè, le désormais principal parti de l’opposition, le CDP, qui semble trouver son compte dans l’engagement de Roch Kaboré à la réconciliation nationale, continue également d’enregistrer des démissions, de visages connus aux anonymes, tandis que la quasi-totalité des organisations de la société civile, elles, sont depuis longtemps plongées dans un état comateux. Quel contre-pouvoir pour le quinquennat 2020-2025 ? Bonjour donc au tout-puissant pouvoir Roch Kaboré !

Le verdict du double scrutin du 22 novembre 2020 et le « réalisme politique » ont ainsi redessiné un nouvel ordre politique burkinabè. En attendant les « termes de référence » de la nouvelle alliance avec le pouvoir, l’UPC et son président ont décidé de tourner une page de l’opposition. Que ce repositionnement ait heurté certains Burkinabè, partisans ou simples observateurs, « c’est une décision souveraine ».

Pourvu que cette nouvelle donne ne soit pas pour la classe politique, majorité comme opposition, un décor pour une partie de dîner-gala ! Une possibilité qui va être dommageable pour le pays, car ce serait s’accorder sur quelques intérêts individuels pour payer collectivement et indéfiniment à l’avenir. Les indices qui se sont offerts à l’analyse penchent pour la possibilité sus-évoquée.

En effet, la prompte succession à l’annonce des résultats provisoires, en rangs dispersés et sans aménagement, de candidats à la présidentielle chez Roch Kaboré ; l’élection à l’unanimité du président de l’Assemblée nationale ; la majorité écrasante dont disposent désormais le MPP et ses alliés à l’Assemblée nationale (plus de 90 députés sur les 127) ; la prise en compte et en main de la réconciliation nationale (principale préoccupation de l’ex-parti au pouvoir et ses alliés, constitués aujourd’hui et essentiellement du CFOP-BF) par le Président Roch Kaboré sont entre autres les éléments dans la balance. La vie politique serait fade sous le quinquennat 2020-2025, sans opposition réelle et lorsqu’on sait qu’un contre-pouvoir est caractéristique de la vitalité démocratique et est porteur des aspirations populaires.

Le CDP qui se retrouve à l’inverse de la position où il se trouvait avant l’insurrection populaire d’octobre 2014 et, avec lui, des partis comme l’ADF/RDA, Agir ensemble (qui est une scission du CDP lui-même)…ne font pas le poids, numériquement, à l’Assemblée nationale avec la trentaine de députés à leur actif. C’est dire donc (en principe) que l’opposition au niveau de l’hémicycle sera d’un poids plume.
Tout est quasiment réuni pour assister à un quinquennat politique exposé au risque des jeux d’intérêts claniques et politiques.

La question de la réconciliation nationale ne devra pourtant pas faire somnoler… ; elle ne doit pas être un blanc-seing à une gestion au rabais du pays. L’unanimité sur la réconciliation nationale, « au forceps » pour certains citoyens qui continuent de se convaincre que les Burkinabè n’ont aucun problème entre eux, ne doit pas faire baisser de garde sur la question sécuritaire et son cortège de milliers de déplacés internes, de zones hors-contrôle de la puissance publique et ces Burkinabè (civils comme forces de défense et de sécurité) qui continuent de tomber et de souffrir le martyre.

De l’espace…à occuper donc !

Dans la reconfiguration politique actuelle, les forces civiles doivent impérativement faire leur traite, en se positionnant en alternative. Ça y va du bien de tous. Les organisations de la société civile doivent sortir de la léthargie pour veiller au grain et porter les aspirations populaires. Elles doivent s’émanciper pour occuper l’espace et cesser enfin de n’apparaître que lorsque des officines politiques commandent des conférences de presse en guise de réactions ou de répliques interposées.

Cette reconfiguration de la scène politique est également (et surtout) une aubaine pour les « petits partis » pour se mettre sur orbite. Le départ de l’UPC du CFOP-BF va certainement entraîner la défection d’autres partis politiques qui soutenaient la candidature de Zéphirin Diabré. Le CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso) étant donc réduit, il y a de la place à occuper par ceux qui, jusque-là, étaient écrasés.

Mais, leur émergence dépend à la fois de la capacité de management du nouveau chef de file de l’opposition (Eddie Komboïgo) et de la volonté de ces partis de mouiller le maillot. Ensemble, sans agitations inutiles, sans opposition systématique au pouvoir et loin de toute attitude de veulerie. C’est dire que le CDP et son président doivent éviter de verser dans le sectarisme politique. Ils ont la responsabilité de faire plus, à défaut, d’entretenir la flamme allumée par leur prédécesseur (Zéphirin Diabré et l’UPC). Ça y va de l’intérêt du Burkina.

Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)

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