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District sanitaire de Baskuy : Rejetée par les agents de santé, Bachiratou Bikienga accouche au bord de la route

7 octobre 2020, 15:45, par Walaï

Ces faits inhumains portent particulièrement atteinte à l’intimité de la femme, autant qu’à la dignité de la vie humaine. C’est parmi tant d’autres, un cas pathétique d’insouciance généralisée, qui met en évidence le traitement écœurant que vivent au quotidien les usagers des services publics au Burkina.

- Faites un tour au service des passeports à Gounghin : les usagers sont parqués comme du bétail sous le soleil, de 6h à 17h environ pour l’obtention d’un passeport.

- Passer par le Commissariat de Ouaga 2000 pour une demande de CNIB, relève d’un véritable parcours de combattant, valant au moins une journée d’attente et de désagréments.

- Aller à la direction générale des impôts à Boulmiougou pour payer des taxes ; là on ne parle plus de service public, mais de service personnalisé.
Non seulement par les caprices d’internet, vous pouvez perdre facilement une demie journée ; pire, chaque agent à sa session informatique personnelle de travail, ne permettant pas une continuité du service public, et surtout pénalisant pour le contribuable. Car si vous payez votre taxe à X et que par malheur vous perdez le reçu, si X n’est plus là, vous êtes obligé de repayer votre taxe, ces collègues n’ayant pas la possibilité de retrouver les traces de votre paiement.
Autre particularité de ce service, les dossiers sont empilés à même le sol devant les agents, qui n’ont ni place ni chaise pour recevoir les contribuables.

- Au Palais de Justice, il faut poiroter des journées entières, pendant plus d’un mois, pour être reçu par un juge dans le cadre d’une procédure de divorce.

Le manque de moyens de l’administration est certes criant, mais en partie seulement, car ne justifie pas tout cependant quand bien même il est une principale cause de la lenteur administrative, et inciterait fortement au laxisme et à l’indélicatesse.

Sans prétendre jeter le discrédit sur les braves fonctionnaires, je voudrais plutôt dénoncer les méthodes de travail archaïques, sans plans ni coordination ou anticipation, en usage dans les services de l’État, à l’ère du numérique et de l’insécurité redoutable.

D’abord, accueillir un nombre d’usagers supérieur aux agents dans un service, surtout dans un commissariat, peut mettre en péril les services et les agents publics, en cas de révolte des usagers. En effet, une minorité même armée n’est pas en sécurité face à une foule en supériorité numérique.
Autrement, en cette période d’insécurité ambiante, c’est exposer les usagers à des risques imprévisibles.

Ensuite, on ne peut pas travailler efficacement de nos jours en gardant des méthodes datant de la colonisation.

Enfin, il est urgent de désengorger les services publics en envisageant des méthodes de travail adaptées à l’affluence du public.

Dans le cas de l’espèce, même s’il ne dispose pas de l’unité de soins spécialisés, chaque centre de santé au Burkina devrait disposer d’un plan de prise en charge d’urgence, prenant en compte :
- L’établissement de toutes les relations nécessaires mobilisant les moyens humains, matériels ou autres pour la prise en charge de la situation d’urgence.
- La répartition des responsabilités et l’organisation de la prise en charge de la situation d’urgence.
- La collecte de toutes les informations critiques.
- La détection et l’évaluation des effets potentiellement dangereux de la situation, pour anticiper une meilleure prise en charge de l’urgence.
- La communication de l’état d’urgence à la famille de la victime.

Dans le cas de Madame Bachiratou BIKIENGA, les agents de santé auraient dû ne serait que par déontologie professionnelle, appeler eux mêmes l’ambulance, et en attendant apporter un minimum d’assistance médicale à la parturiente.
Je suppose qu’il n’y avait pas de femme parmi l’équipe médicale du Centre Médical Urbain.
Imaginez le traumatisme de l’enfant quand il saura les conditions de sa naissance.

Dans l’optique du désengorgement des services publics, pourquoi ne pas aussi mettre en place au niveau du service des passeports, et des commissariats, un système de délivrance des pièces officielles, sur rendez vous téléphonique via un numéro dédié, après retrait préalable des formulaires nécessaires, sachant statistiquement qu’on a une capacité de délivrance de tant de pièces par jour ?
Outre le désengorgement des services, cette méthode offrirait l’avantage pour des raisons sécuritaires et d’authentification, la possibilité d’un contrôle approfondi à priori des documents fournis.

Le manque de moyens en conclusion, ne doit pas annihiler la capacité de changement par : des idées novatrices, une organisation adaptée, des méthodes pragmatiques, etc.


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