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Essai  : Tampiiri, une insulte suprême chez les Mossé (2e partie)

29 juin 2020, 15:21, par Mechtilde Guirma

Le zan-boko

Merci jeunedame seret. Je vois dans votre reproche à Sinon, de ne pas souligner l’importance de la femme, comme une manière pédagogique de fixer l’attention de l’auditoire sur l’importance du message que vous livrez. Car on sait que quand le Yarga veut parler de son épouse vieille croupie il la désigne avec tout l’amour et les sollicitations requis de « Mam Pugsada » (Ma pucelle). Ce qui n’est pas le cas chez les Mossé : « likin n’gues M’Pugnanga bébé bi » (vois si la vieille est là). Mais j’en déduis toute de suite que c’est autant une marque d’amour et de respect. Pour ce qui est du zan-boko, je sais qu’il est enterré sous un drain d’eau. L’explication : lui procurer de la fraîcheur, pour que l’enfant se porte bien. En Allemagne, il est vendu aux laboratoires des produits d’esthétique et de jouvence. Cependant l’aspect mystique que vous soulevez me dessille les yeux de mes concepts terre à terre pour les illuminer. Tenez : un jour mon frère le dominicain me chamailla en disant que je suis hérétique, que je ne l’écoute pas lui le grand théologien. Alors je lui ai rétorqué dans ma colère que « ma théologie à moi c’est ma famille, mes enfants que vous êtes en train de saborder en m’accablant : J’ai écarté les jambes pour qu’un homme dépose dans mon vagin son eau. Des kinkirsi sont venus boire. Puis neuf mois après avoir perdu des eaux de poche, je suis monté sur la table d’accouchement et avec l’aide de Dieu j’ai créé des êtres humains. Toi, si tu le voulais, tu n’en serais jamais capable. Ta théologie est livresque, tandis que moi je la vis chaque jour dans le concret avec mes enfants ». Je ne pensais pas si bien dire. En effet 19 ans plus tard, me voilà dans une université catholique, dominicaine de surcroît. Ce jour du cours où il était question de la déclaration du Christ : " En vérité, en vérité, je te dis : « À moins qu’un homme ne soit né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu." (Jean 3:5). Alors je me mis à hurler : Chez nous, vous avez beau vidé votre sperme dans le vagin de la femme, tant qu’un kinkirga ne vient pas boire, il n’y a pas formation de caillot (yodemdé en moré), puis chaire, puis enfant. Et comme on faisait semblant de ne pas entendre j’ai répété, et répété jusqu’enfin un prêtre (blanc par dessus le marché) me dise : « Oui on a entendu quelque soit la profusion du sperme tant que ton ki quoi-esprit ne boit pas… ». Une autre fois dans la péricope sur les sources de la foi de Jean, parlant de Jésus Fils de Dieu : Il « est venu par eau et sang et c’est l’Esprit de vérité qui rend témoignage » (1 jn5, 6). « […] Ils sont trois qui me rendent témoignage l’Esprit, l’eau et le sang.” (1 Jn 5,7-8). Dans la déclaration : « Ma doctrine ne vient pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (Jn 7,16). De toutes ces révélations, les exégètes pensent que c’est à Jean seul qu’elles arrivent. C’est oublier que Marie l’a vécue concrètement depuis le mystère de l’incarnation jusqu’à la nativité dans sa chair et son sang (l’esprit, la poche des eaux, et le placenta sanguinolent) et qui plus est, vivait avec Jean après la mort de son divin Fils.
Comme pour souligner qu’en toute femme Dieu privilégie de sa présence dans sa maternité, le Saint Père Jean-Paul II définit son statut par la triade : « Marie- Femme- Éve » (Dignité et vocation de la femme, Muliéris dignitatem, Édit. Pauline, Montréal, 1989).
Je voudrais profiter ici pour donner le témoignage d’une femme des prières charismatiques, pour rendre hommage à jeunedame seret qui nous a fourni la matière succulente de nos débats par ses interventions aussi inattendues qu’imprévues, mais judicieusement caustiques, incisives et qui nous ont permis de nous débarrasser du carcan hypocrite ou prude pour prendre au sérieux la question de la femme. Le mérite revient aussi et surtout à mon fils le « Yarg-yegboala » Sinon qui eut l’initiative d’arracher le micro aux puissants et de nous le donner, nous ses aîné(e)s, ses tantes et grand’mères (vu sa jeunesse, il ne peut être que mon petit fils) . Sa gestion des zan-bogdo montre que le groupe yarga n’est pas seulement mystique du fait des kinkirsi, mais également thaumaturge en la matière (il a la capacité de réintégrer en l’individu son touulé errant à l’article de la mort).

…/…il y a une suite


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