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Manifestation contre l’IUTS : Une colère compacte en marche à Ouagadougou

8 mars 2020, 07:59, par caca

Mon ami le vieux Ka a un tendance en comparant la lutte syndicale contre le gouvernement du MPP comme une lutte de classe qui s’oppose une certaine prolétariat burkinabè et celle de la bourgeoisie. Il omit une faute car aucun gouvernement ne peut être comparer à une bourgeoisie et les syndicats ne viennent pas non plus du monde paysans burkinabè. Un gouvernement ne dispose jamais un capital dans sa gestion du pouvoir d’état, mais collecte les impôts et taxes pour financer ses projets et payer ses travailleurs.
Dans ce post où le mouvement folie des syndicats se sont manifesté hier afin de revendiquer la suppression des primes et indemnités soumis à l’impôt, j’aimerais analyser la dialectique de Maître/esclave dans la philosophie de Hegel comme une contribution personnelle à éveiller les consciences.
Première remarque : La dialectique du maître et de l’esclave montre l’importance de l’altérité. Hegel affirme dans la Phénoménologie de l’esprit que l’individu désire fondamentalement être reconnu par autrui. Initialement immergé dans la nature dont il fait partie, l’homme ne distingue pas encore la réalité de sa pensée ; puis il prend conscience de lui-même par l’action et par l’appropriation des choses, qui le confrontent à la conscience de ses semblables.
Deuxième remarque : La dialectique du maître et de l’esclave naît du besoin de reconnaissance. Hegel en décrit le déclenchement de la manière suivante : lorsque deux individus se rencontrent, ils surgissent l’un devant l’autre à la manière d’objets quelconques, car la dimension de l’altérité n’a pas encore imprégné leurs consciences. « En d’autres termes, explique le philosophe, ces consciences ne se sont pas encore présentées réciproquement chacune comme pur être-pour-soi, c’est-à-dire comme conscience de soi. Chacune est bien certaine de soi-même, mais non de l’autre ; et ainsi sa propre certitude de soi n’a encore aucune vérité […] » (Phénoménologie de l’esprit). La dialectique du maître et de l’esclave de Hegel conçoit ainsi que lorsque deux consciences s’affrontent dans une lutte de prestige, chacune cherche spontanément à ce que l’autre s’incline devant elle, admette sa valeur et renonce à la contester. Elle signifie que l’homme ne peut vivre son humanité que dans son rapport à l’altérité ; qu’il n’est homme que dans la mesure où il est reconnu, et qu’il veut l’être par autrui sans le reconnaître lui-même. Être social, de surcroît, il ne peut concevoir la reconnaissance que dans l’inégalité et l’asservissement, c’est pourquoi elle doit se concrétiser dans une lutte à mort. Hegel considère donc que les sociétés humaines sont fondamentalement mues par le conflit.
Troisième remarque : La dialectique du maître et de l’esclave est une lutte à mort . Pour Hegel, en effet, chacune des deux consciences a pour objectif d’asservir l’autre en prenant le risque de l’anéantir. Or, cet extrémisme complique la lutte d’un obstacle logique : comme il n’est pas de maître sans esclave, la mort de l’un des deux individus se traduirait par l’échec, pour l’autre, de l’ambition de devenir maître. Autrement dit, la conscience dominante ne peut pas aller jusqu’à exécuter sa menace, sinon elle ne pourrait pas acquérir la maîtrise nécessaire à son besoin de reconnaissance. Dans cette perspective, la lutte des deux consciences prend fin quand l’une des deux craint suffisamment de mourir pour préférer la vie à la liberté, et se résigne à devenir l’esclave de l’autre. « […] Le futur maître, écrit Hegel, soutient l’épreuve de la lutte et du risque, tandis que le futur esclave n’arrive pas à maîtriser sa crainte (animale de la mort). Il cède donc, se reconnaît vaincu, reconnaît la supériorité du vainqueur et se soumet à lui comme l’esclave à son maître » (Phénoménologie de l’esprit). Dès lors, le vainqueur sera le maître reconnu qui accède à la conscience de soi, le vaincu l’esclave privé de reconnaissance ; le premier ne sera plus soumis au travail parce que le second va travailler pour lui.
Quatrième remarque : La dialectique du maître et de l’esclave est le moteur de l’histoire. Hegel décrit comment le maître, amolli par sa vie désormais oisive, perd le contact direct avec les choses et en laisse le monopole à l’esclave laborieux. En effet, le reconnaissant transforme la nature et, partant, se transforme lui-même parce qu’il travaille en fonction d’une idée abstraite qui est à réaliser. La dialectique du maître et de l’esclave montre donc que le travail humanise le monde par l’humanisation de l’esclave, et engendre par-là le mouvement dialectique à l’œuvre dans l’histoire. « Si l’angoisse de la mort incarnée pour l’esclave dans la personne même du maître guerrier est la condition sine qua non du progrès historique, c’est uniquement le travail de l’esclave, affirme Hegel, qui le réalise et le parfait » (Phénoménologie de l’esprit). Héros mû par la peur de la mort violente, l’esclave travailleur est le bourgeois du monde moderne dont les valeurs s’opposent à l’éthique aristocratique, notamment l’amour de la guerre. La dialectique du maître et de l’esclave prend fin dans une double réconciliation permise par la figure de l’État. Étant fondé sur la réciprocité, d’une part, celui-ci rend possible la reconnaissance mutuelle des individus en obligeant les citoyens à se reconnaître entre eux. Il retrouve aussi à l’intérieur de lui-même, d’autre part, les moments de la guerre et du travail dans la tension entre les intérêts particuliers et l’intérêt général.
En résumé ; cette lutte des syndicats est purement une usurpation du rôle.Le gouvernement du MPP dès son arriver au pouvoir a bien accordé des privilèges et avantages aux travailleurs du public de tout catégorie confondue. En réclamant les impôts sur les primes et indemnités, le gouvernement répare une injustice subie par les travailleurs du privé depuis des années malgré leur maigres salaires. Au Burkina, les travailleurs du public gagnent mieux leur vie que ceux du privé.
Le refus de s’acquitter l’impôt est plutôt une infraction et dont les agents risquent des poursuites judiciaires.
Cette lutte est loin entre un prolétariat pauvre exploiter par les bourgeois riches qui possèdent du capital. Le gouvernement reconnais plutôt les travailleurs de tout genre du pays et veut une justice sociale. Cette lutte n’est pas une lutte classe, mais plutôt un coup d’état syndical en gestation par la rue. La génération actuelle de syndicat se trompe du combat.


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