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Burkina : Le président du Faso rassure les déplacés internes dans le Sahel

21 février 2020, 11:17, par Dibi

Na an lara, an sara ! a dit le Professeur J. Ki-Zerbo.
On ne l’avait jamais vu au chevet de blessés ou honorant des morts d’attaques Djihadistes (pardon de terroristes selon la terminologie médiatique officielle). On a là, une première ; une première sortie dans des régions infestées de terroristes et où l’armée et les institutions sécuritaires locales des régions, préfectures, sous-préfectures et autres entités féodales locales, sont sensés être en état de mobilisation et d’alerte maximum. Mais que ni, ni vu la multiplication et la récurrence des attaques et des massacres de populations paysannes sans défense, ni protection.
On n’a pas trouvé mieux de transformer les populations en réfugiés internes livrées à la générosité des ONG et des associations caritatives. On nous insulte en parlant de personnes déplacées. Mais déplacées par qui et pourquoi ? Et on attend la fin de quoi ? Pour un soi-disant retour à la normale ?
Le voilà donc en visite dans un de ces camps (pardon, c’est plutôt un site où il rencontre pour la première fois des malheureux chassés de leurs villages par des armes criminelles plus fortes, plus décidées, celles des Djihadistes avec qui nous vivons probablement dans nos familles, nos quartiers, nos villages et qui ont, devant la vacuité de l’Etat, nous ont jeté dehors et ont fermé nos écoles pour priver nos enfants de l’accès à l’école, devant la passivité et l’indifférence d’un Etat absent et irresponsable ).
Rien n’est dit de ces forces proxy qui détruisent notre pays. Il n’a pas l’air de connaitre leur histoire, ni les enjeux, ni les acteurs de cette affaire ; à part l’expression de sa pitié, de sa solidarité, de son affection même ; c’est vrai, les pauvres qui sont stockés là, dans ce site, sont certainement très touchants ; et il lit même dans leurs yeux des lueurs d’espérance. Cette espérance que tout notre peuple attend, j’allais dire si j’avais été à sa place à ce grand bourgeois !
Il semble avoir oublié que parler à ces réfugiés internes, c’était aussi parler à tout notre peuple. Et après l’Emergence, on nous rabâche maintenant les oreilles par la Résilience qu’on attend de ce peuple ressort-élastique à toutes les contraintes des blessures, des maladies, de l’oppression et du pillage néocolonial. Pardon pour le gros-mot !
On peut toujours payer par des mots un peuple aliéné et abrutis par le mépris de classe néocolonial. Sans vergogne, on peut lui demander d’avoir foi en ces élites politiques qui le méprisent et le trahissent par de fausses promesses sécuritaires de venir à bout de nos ennemis ».
Venir à bout ? Le mot est faible et ne sied pas au chef de guerre que vous êtes censé être !.
Qui sont ces ennemis devant lesquels, nous ne courberons pas l’échine ?
Que veut dire courber l’échine ?
Plutôt attaquer et vaincre que de parler de courbettes. Il y a ici des mots qui blessent et qui font mal.
Bref, on peine à comprendre que malgré tout ce que compte ce pays de bonnets rouges , de grands gandoura-en-bazin – et cannes en bois précieux, de princes du Djelgogi, du Gurma , du Zandoma… que la presse nous montre, peu inquiets, satisfaits d’eux-mêmes et confortablement calés dans des chaises de jardin devant des parterres de femmes muettes et couvertes de la tête aux pieds , on peine dis-je à comprendre que le pays va à vau-l’eau ; rien qui prouve que le pays est en guerre ; pardon, plutôt en lutte contre le terrorisme. Une lutte dite ingagnable par les armes, parce qu’asymétrique ou parce d’autres agendas cachés sont la manœuvre ; ces agendas qui appellent au dialogue ou à la réconciliation. C’est-à-dire une invite à être couché-mort que debout-vivant !
Na an lara, an sara !
La patrie ou la mort !


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