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Lutte contre l’extrémisme violent au Burkina Faso : De la nécessité de prendre en compte le genre

18 février 2020, 18:48, par Mechtilde Guirma

Toutes mes félicitations Farida, Parfaite votre intervention à laquelle j’adhère totalement. En effet il y a trente ans (en 1990), quand répondant à l’appelle de Blaise Compaoré aux forces vives de la Nation, comme je l’ai déjà expliqué, je fus la première femme (et la dernière) à lui demander audience pour l’entretenir de mon point de vue sur la question de la démocratie. Je rappelle que je suis politologue (ou politicologue) de formation. Et comme j’ai eu aussi l’occasion d’en faire mention souvent dans le Forum, j’ai d’abord mené la réflexion avec mon évêque titulaire le Cardinal Paul Zoungrana. Pour cela je lui ai présenté un schéma de ma vision de la démocratie et de la participation intégrale de la femme. Et je suis partie sur deux expériences de la vie pour argumenter mon point de vue, en tirant une conclusion d’anticipation sur une troisième expérience que nous pourrions peut-être et plus tard être amenés à revivre. Pour cela :
1) J’ai évoqué les exécutions au temps de la révolution demandées par le bureau provisoire de l’organisation des femmes au nom de toutes les femmes du Burkina. J’ai parlé ainsi d’une situation grave où le virage du Burkina dans l’instabilité, montre que désormais il s’est engagé dans une période de violences qui risque de durer pendant des décennies sinon un siècle, s’il existait encore. Et je lui ai fait remarqué que cela a commencé par la suppression de nos camps d’initiations et de nos valeurs fondamentales sur la famille, le rôle de la femme pilier de la grande famille.
2) Et je luis ai rappelé le rôle de la femme dans la famille traditionnelle, garante de la vie, de la survie, de la cohésion sociale, de la paix, de la solidarité et la prospérité, dans tous les aspects et sous toutes ses formes à partir de son Statut de « Pagh la Roogho » (qui ne veut pas dire seulement « femme au foyer », mais aussi famille, Peuple avec l’identification de l’ancêtre).
3) Et j’ai fait remarquer à son Éminence, que cette expression de « Pagh la Roogho » que l’Occident a vite fait de ravaler au simple mots de « femme au foyer » pourrait plus tard jeter la future génération de femmes, au vu de ce que nous voyons avec la révolution, dans la confusion totale et la violence. Et j’ai ajouté que, désormais, il est même permis de penser qu’il se pourrait qu’un jour elle soit mêlée à des missions d’exécutions publics ou non.
C’est alors que j’ai proposé à Son Éminence : « Et si on retournait aux sources de nos traditions (Roguem-miki), pour saisir le concept même de la femme, à partir de celui transcendant qui est la terre épouse de Dieu, cela pourrait permettre de reformuler son rôle dans la vie démocratique, à partir de la reformulation de notre constitution comme Roogho (qui veut dire aussi généalogie des ancêtres) qui était (et qui l’est toujours) le fondement (Kiim-Doogho) de nos traditions, de nos us et coutumes de nos sociétés. Nous pourrions alors et du coup actualiser nos us et coutumes, au lieu de les supprimer purement et simplement, en corrigeant les excès venus par la suite les déborder et que même nos coutumes n’adhéraient pas, afin de maintenir coute que coute ce dialogue interreligieux et ethnique (qui nous étaient propres) que nos pères conciliaires (c’était bien entendu Son Éminence Zoungrana et Mgr Yougbaré) ont porté dans les fonds baptismaux du Concile Vatican II et qu’ils ont, par la suite, rendu plus concret et concis dans le premier synode africain en 1995.

Encore une fois, merci Farida vous avez fait un très, très, très bon travail. Que Dieu vous bénisse et vous protège.


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