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Extradition de François Compaoré : Des OSC burkinabè demandent à la France de clarifier sa position

13 décembre 2019, 14:16, par Pierre Claver Ouédraogo

DE MON OBSERVATOIRE ET AFRIQUE TRIBUNES
AFFAIRE NORBERT ZONGO : FRANÇOIS COMPAORÉ, SERA-T-IL EXTRADÉ ET JUGÉ AU BURKINA ?
(post proposé en relecture)
Arrêté le 29 octobre 2017 à l’aéroport international Roissy Charles de Gaulle de Paris, avec interdiction formelle de quitter le territoire français, l’ancien petit président du Faso, François Compaoré, sera-t-il bientôt extradé vers sa terre natale, pour y être entendu relativement à son implication supposée dans l’assassinat du célèbre journaliste Norbert Zongo ? Pardi : à travers les cinq continents de notre planète, moins de 2% d’observateurs de la scène politique africaine y croient ! Pour le moment ! En tout cas, jusqu’à cela soit une réalité tangible ! La raison ? : cette extradition de François Compaoré vers le pays des hommes intègres à des fins d’élucidation, par voie judiciaire, de la sale affaire Norbert Zongo, n’est pas une mince affaire. Ce, au regard des nombreuses implications y liées. Toutefois, si elle venait à avoir lieu, cet événement du siècle serait synonyme d’une multitude de victoires :
1. pour la famille Zongo et les avocats du journaliste (ses trois compagnons d’infortune avec) qui ont été froidement abattus puis brûlés vifs, comme des poulets atteints de grippe aviaire, le dimanche 13 décembre 1998. A bord de leur véhicule 4x4. En rade de Sapouy. Alors qu’ils se rendaient tranquillement dans le ranch de Nazinga ;
2. pour le Collectif des mouvements de masses et de partis politiques (CMMPP), le MBDHP (Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples) ainsi que l’ensemble des organisations de défense et de promotion des droits humains.
En récompense de l’infatigable combat mené tambour battant et deux décennies durant, aux fins d’élucidation de ce dossier macabre qui continue d’empoisonner la vie dans un pays dit des hommes intègres ;
3. pour l’ensemble des organes de presse du monde entier (ceux du Burkina en tête) dont le titanesque travail quotidien vise à combattre toutes les formes d’anéantissement gratuit de la personne humaine et, tout particulièrement, l’assassinat d’hommes de médias dans l’exercice de leur métier à hauts risques ;
4. pour le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès/parti au pouvoir) dont la conduite diligente et l’épilogue, dans les règles de l’art, de cette affaire, achèveront de convaincre l’opinion mondiale sur sa réelle sincérité à faire aboutir les dossiers emblématiques pendants par-devant les cours et tribunaux du pays ;
5. pour le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès/ex-majorité présidentielle) qui pourrait enfin présenter, à l’aise, un candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020, avec l’assurance de ne pas faire piètre figure ;
6. pour toutes les organisations progressistes du monde entier disséminées à travers les quatre coins du globe terrestre qui interviennent dans le domaine du partenariat et de l’assistance au développement (ONU, UA, UMA, CEDEAO, UEMOA, UNESCO, USAID, PAM, FAO, PNUD, SFI, BID, BAD, BOAD, FMI, BCEAO, BCEAC, Banque mondiale, divers bailleurs de fonds, etc.) ;
7. pour la justice française à laquelle beaucoup de ressortissants des anciennes colonies françaises ne croient pas beaucoup lorsqu’il s’agit d’aider les juges et les peuples africains à élucider des crimes économiques et de sang ;
8. pour la justice burkinabé. Une institution à l’indépendance de laquelle le petit peuple s’est beaucoup battu et qui a là une occasion en or pour prouver non seulement sa compétence légendaire reconnue et saluée partout dans le monde, mais également sa capacité à dire le droit de manière tout à fait désintéressée ;
9. pour les membres de la famille et les amis sincères du mis en cause lui-même (François Compaoré), fatigués depuis des années d’entendre porter de graves accusations sur un des leurs. Alors que l’intéressé s’est toujours défendu d’y être impliqué de quelque manière et à quelque degré que ce soit ! ;
10. enfin pour les ennemis et les adversaires irréductibles du petit président qui rêvent peut-être trop vite de voir la justice condamner l’ancien homme fort du régime Compaoré, bénéficiaire, comme le beau Blaise, de la nationalité ivoirienne.
De toute évidence, il ne s’agit là que de simples affabulations de notre part. Pourquoi ? Parce qu’en dépit de toutes les supputations de ces six derniers mois, il se pourrait que le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, en vienne à peser de tout son poids dans la balance. En pareil cas, vu que les ressortissants de son pays, la Côte d’Ivoire, ne peuvent pas être extradés de la terre d’Eburnie vers un autre pays, pour y être jugés, le naturalisé François Compaoré pourrait être exceptionnellement secouru par ADO. Juridico-politiquement s’entend ! La seule chance pour les justices française et burkinabé est que François Compaoré doit être extradé de l’Hexagone vers son pays natal et non de la Côte d’Ivoire. Alors, il s’agit là d’une donne quelque peu compliquée, surtout qu’à ce qui se raconte, ADO ne semble pas déterminé à empêcher l’extradition et le jugement de François Compaoré. Sans doute parce qu’il est convaincu qu’il se tirera d’affaire. Ou en raison du fait qu’à force de trop s’immiscer dans les affaires intérieures du Burkina Faso, il coure le risque d’être critiqué, voire incompris par l’opinion internationale.
Une chose est quasiment sûre : François Compaoré n’est pas n’importe qui. Malgré les sales temps qu’il traverse depuis fin octobre 2014, il continue à faire trembler, depuis Paris, de hauts fonctionnaires burkinabè dont il avait contribué à promouvoir la carrière et à assurer un avenir doré. Sur place même en France ainsi qu’au bord de la lagune ébrié, il compte également de nombreuses relations très influentes aussi bien dans les milieux politiques, diplomatiques que judiciaires. En sus, il compte sur ses avocats-conseils, suffisamment bien payés pour le défendre contre vents et marrées. Sait-on jamais, peut-être compte-t-il également sur les dernières révélations d’un journal burkinabé (Le Dossier) selon lesquelles ce n’est pas lui mais son adorable épouse Sala Compaoré née Ouédraogo qui devrait être entendue dans cette affaire ?
Donc, wait and see. Après tout, le petit président n’est jusque-là qu’un prévenu pouvant être blanchi par la justice française et burkinabé (ou l’une des deux). Comme l’ont été avant lui des môgho-puissants comme Ousmane Guiro, ancien directeur général des douanes du Burkina Faso, Inoussa Kanazoé, PDG de Kanis International, El hadj Moussa Koanda, etc. En tout cas, la justice est désormais indépendante de tous les autres pouvoirs constitués. Elle peut donc, valablement, convenablement, juger cette affaire. A l’image de n’importe quelle autre juridiction de la planète.
A suivre...


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