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Communication et géopolitique : « Tout le monde parle de l’Afrique sauf les Africains eux-mêmes », déplore Pr Charles Moumouni de l’Université Laval de Québec

27 novembre 2019, 09:38, par Bahdon Abdillahi Mohamed

L’information, c’est l’autre nerf de la guerre entre les pays, les peuples... Oui, il y a très peu de journalistes d’Afrique noire dans le monde. J’ai l’impression que le professeur Charles Moumouni met une très responsabilité sur les épaules des journalistes. La communication est un processus où interviennent plusieurs acteurs.es et institutions. C’est redondant dire que l’information, c’est le quatrième pouvoir, qui manipule par les mots, les interprétations des faits, les analyses toujours subjectives. C’est un pouvoir faible. En Occident, la presse papier, audio y radio est soutenue financièrement par l’Etat, mais aussi par un marché spéculatif.
En Afrique noire, ce pouvoir n’est qu’à ses débuts ; il fait face à d’autres pouvoirs forts comme le pouvoir exécutif et le pouvoir militaire. Je crois qu’on d’abord créer un climat sociopolitique favorable au pluralisme des idées dans nos pays. Les gouvernements africains doivent se doter d’une politique de communication et de diffusion de l’information au niveau national et régional. Et pour cela, les journaux, radio, télés privées doivent être soutenues financièrement par l’Etat et des groupes privés.
L’information est importante en termes de géopolitique, parce qu’elle permet une projection des pays dans le monde. C’est à la fois un produit local et une image projetée dans le monde. Mais si une des pièces maitresse d’un tel projet n’est pas totalement libre, une telle politique ne pourrait être effective. L’information sur les activités du Chef de l’Etat, de son entourage familier, de son gouvernement et des petits faits est insignifiante pour une politique de communication et de l’information du continent africain. Des journalistes qui ne sont pas libres, poursuivis, emprisonnées, tués, ne peuvent être à la hauteur pour construire une autre image du continent noir.
Le professeur Charles Moumouni met le doigt sur d’autres points intéressants d’une part les langues étrangères, mais pourquoi ne pas développer localement des langues nationales comme le swahili, le somali, le houssa, parlées dans plusieurs pays et d’autre part la question des correspondants.es à l’étranger. Sur le plan financier, il est difficile d’avoir des correspondants.es pour tous les journaux, radio, télé. Ce serait le rôle de la diaspora installée dans le monde de prendre sa part. On ne note déjà des Sénégalais.es, installées en France, en Italie, en Espagne... qui participent à la production de l’information. Les grands journaux peuvent mutualiser les ressources pour partager des correspondants multilangues. Sur l’information produite par la presse étrangère, on doit renverser la tendance pourque la parole soit donnée aux citoyens,es, chercheurs.es, activites de la société civile africaine, et non pas une version biaisée produite par un expatrié, qui vient de débarquer dans un pays.


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