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Recrutement de volontaires : « Si les terroristes nous poussent à prendre ces mesures, ça veut dire qu’ils ont déjà une longueur d’avance », Mamoudou Savadogo, spécialiste de l’extrémisme violent

15 novembre 2019, 14:12, par Mechtilde Guirma

Mon cher Monsieur,
Tout d’abord je vous présente mes vives félicitations. Vous avez présenté la situation de la façon, je voudrais le dire sans flagornerie, la plus parfaite possible. Je voudrais également reprendre quelques passages de votre exposé pour édifier d’autres passages ou opinions. Mais avant permettez-moi la remarque suivante, que votre œuvre a certainement couru des centres d’intérêts de très hauts niveaux autres que ceux que vous nous avez énumérés.

Vous nous avez rapporté ceci :

Une partie de la population n’en pouvait plus de cette situation et a été convaincue par les groupes terroristes d’agir et de déstabiliser l’ordre étatique établi. Avec l’opération, en réalité, ces groupes terroristes se sont fondus dans la communauté, d’autres ont rejoint le Bénin, le Togo […].Pour moi, à l’Est, on avait affaire à une insurrection armée locale. […]Il y a des sites d’orpaillage dont l’Etat a interdit l’exploitation. Voilà une région où les populations ne peuvent plus faire ni la pêche, ni la classe, n’ont pas plus de terres cultivables. […]Ces groupes-là ont eu l’intelligence de s’appuyer sur des groupes locaux. Qui sont-ils ? C’est un ensemble de criminels, trafiquants, braconniers qui ont intérêt aussi à ce que l’Etat recule, soit déstabilisé ; qu’il y ait un écart entre l’Etat et sa population pour qu’ils continuent de fructifier leurs trafics. Quant aux grands groupes, eux, ils veulent déstabiliser l’Etat au maximum. […]Il n’y pas d’autres alternatives que d’être ouvert avec la population qui sera plus encline à collaborer parce qu’elle aura compris que son Etat travail pour son bien-être. […]La lutte armée ne peut aboutir que si la population donne le renseignement. On a besoin des populations des zones rurales qui connaissent bien leur localité, les personnes qu’elles côtoient. Il faut donc beaucoup de tact pour qu’il n’y ait pas de ratés ; sans quoi on risque de créer des milices qu’on ne pourra pas gérer. Il faut mûrir cette stratégie, faire attention dans le recrutement et dans la manière d’agir. Il faut que ce soit une mesure pour chercher des vraies solutions, et non pour chercher des adeptes ou des militants ; il faut la débarrasser de tout intérêt politique.

Voilà qui montre que les terroristes c’est souvent nous-même, au sein de notre vécu quotidien. Comme vous le dites si bien, il faut reconquérir la confiance des populations. Mais alors est-ce vraiment possible sans les leaders de conscience religieux et coutumiers :

« Les autorités civiles et religieuses en particulier doivent conjuguer leurs efforts dans ce sens, dans l’esprit du document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune “pour promouvoir le dialogue interreligieux et la concorde” (Le Pape François dans son audience générale du mercredi 13 novembre 2019).

Le Faso.net exhorte à trouver une transition.


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