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Burkina : Réaction du gouvernement après l’attaque meurtrière contre un convoi de la mine de Boungou

7 novembre 2019, 10:45, par Kôrô Yamyélé

- Ma lettre au Président du Faso RMCK :

Excellence Monsieur le Président du Faso RMCK ;
Ne pouvant pas avoir accès à vous directement, pardonnez-moi et tolérez que je m’adresse à vous par ce canal. Excellence, chose promise, chose due. J’avais promis de vous donner mes idées pour diminuer voire venir à bout du terrorisme qui traumatise notre pays. Voilà mes suggestions Excellence :

1/- Dans l’immédiat et dans l’urgence, il faut vivifier et encourager la coopération des gendarmes de part et d’autre des frontières. Des missions secrètes sont à organiser dans ce sens vers les pays comme le Mali et le Niger. Il y a quelques mois la coopération volontaire entre gendarmes du Burkina et du Mali avait permis d’arrêter des terroristes au Mali, et qui venaient opérer au Burkina vers Nouna et fuyaient pour traverser la frontière. Ce comportement est à encourager entre les gendarmes et biensûr aussi les polices des pays.

2/- Pour donner plus de piquants à nos services des renseignements quels qu’ils soient, il faut oser sortir l’argent quitte à demander une contribution aux citoyens. Aussi il faut mettre à prix et publier dans tous les journaux et les radios des avis de recherche pour retrouver et arrêter les chefs terroristes. Il faut aussi offrir de payer toute personne qui fournira des informations pour démanteler un groupe terroriste ou déjouer un attentat. Pour cela il faut garantir la protection et la confidentialité pour les auteurs de dénonciation. Ensuite il faut récompenser tous les chefs des renseignements ou agents qui feraient des résultats remarquables et en retour sanctionner fortement toute personne qui fournira des fausses informations à dessein ou tout agent qui ferai de la violence gratuite.

3/- Beaucoup de gens, je dis bien beaucoup de gens dans la population, surtout au Nord et au Sahel, ont un ressentiment de plus en plus fort à l’égard des FDS. Osons briser les tabous car tant qu’on va continuer à camoufler la vérité, elle finit par pourrir et sentir mauvais. Ne faisons pas semblant et évitons les faux-fuyants ! Ces populations, notamment de nombreux peuls en ont gros sur le cœur à cause des injustices qu’elles ont subies et qu’elles subissent. Les journaux et le MBHP ont dénoncé ici les exécutions sommaires de ces populations sans preuves formelles que ce sont des terroristes ou qu’elles appartiendraient à des terroristes ou en sont complices. Mêmes des jeunes ont été traumatisés dans cette ‘’lutte’’ anti-terroriste. Des hommes sont morts en abandonnant femmes et enfants qui sont actuellement entrain de déambuler sans repère ni soutien dans les villes comme Ouahigouya, Djibo, etc. Des jeunes dont les parents ont été tués et sans bétail ont fuit vers le Mali et ne sont-ils pas allés grossir les rangs des djihadistes où ils trouvent un peu plus de calme ? Mois je me pose toujours cette question car l’ampleur qu’a prit le terrorisme intérroge sur ce fait ! Et je me dit que les chefs djihadistes leur tient certainement à peu près ce langage : ’’Voilà un fusil ! Tient ! Si tu as un fusil, même si tu n’as rien tu peux te nourrir’’ et ils les organisent pour attaquer leur propre partie ! Osons briser les tabous sans gêne et sans que quelqu’un ou une ethnie se sente indexée. Rendons la justice aux massacrés de Yirgou. Pour cela, il y a, à mon avis une démarche à adopter pour calmer les cœurs et diminuer les cycles de vengeances, surtout que le sujet est sensible. Voici ce que je propose au-delà des folklores qu’on a l’habitude de voir :

- Faire appel mais sans tambours ni trompettes, donc sans tapages abrutissants à certaines personnalités connues dans ces contrées. Je pense au Chefs peuls ou Amirous de Djibo, de Dori et du Yagha, au Dr Ly Aboubacar Sadou, aux grands Érudits musulmans connus dans la région du Sahel, aux Imams des Mosquées de Vendredi de Djibo, Dori, Gorom-Gorom et Sebba, à Naaba Kiiba du Yatenga, aux Naaba de Boussouma, de Kaya, au Roi du Goulmou, aux leaders musulmans et chrétiens de l’UFC (Union Fraternelle des Croyants) basée à Dori, et impliquer le Mooroh Naaba et pourquoi pas le Chef Bobo-Mandare de Bobo-Dioulasso et le Chef de Canton de Dédougou  ? Ensuite trier sur le volet quelques chercheurs burkinabè aguerris en Anthropologie sociale et quelques Experts reconnus en Gestions des conflits (il ne s’agit pas de livrer des connaissances gigantissimes ni bavarder à n’en pas finir devant des gens qui vont finir par dormir. Il s’agit chaque fois d’être brefs, persuassifs et concrets dans les interventions). Une bonne cinquantaine de sommités ! Les rencontrer et échanger le plus sérieusement avec eux sur les possibilités de faire une médiation avec les populations du Nord et du Sahel et plus tard de l’Est, notamment celles qui se sont senties abusées, meurtries et violentées sur des bases anachroniques. Ce groupe concocte sa feuille de route et son contenu et va à l’assaut de ces régions pour parler aux populations afin de calmer les cœurs et ramener la paix et le pardon car, ne nous cachons pas la vérité, les cœurs de nombreux sahéliens sont meurtris et saignants. Ils n’osent pas en parler publiquement, mais le disent en aparthé et c’est ainsi la nature même du sahélien. Certaines de ces notabilités pourront être désignés pour intervenir dans les radios locales de la région pour parler aux populations en langues nationales et en des périodes favorables comme la nuit après les prières musulmanes et très tôt le matin après la prière matinale. Avant une telle mission il est recommandé que les Chefs Amirou et les Érudits interviennent d’abord dans les radios locales pour aborder le sujet pour que tous comprennent y compris les terroristes dont plusieurs semblent être des gens qui cherchent plutôt à se venger. La même chose devrait être faite dans la région de l’Est car là-bas aussi de nombreux gourmantchés en ont gros sur le cœur au point de haïr les peuls qu’ils pensent aussi être à la base de tous les péchés d’Israël sur les gourmantchés qui, traditionnellement subissent surtout les affres des coupeurs de routes et autres coupe-jarrets.

4/- Continuer la sensibilisation de la population afin que cessent certains propos désobligeants sur une ethnie, et les inciter surtout à se tolérer mutuellement. Pour cela des communicateurs sont à mettre à contribution pour concevoir les messages à cet effet. Ici il ne s’agit pas de parler à la radio n’importe comment comme le font les nombreux petits animateurs dans les FM locales. Il s’agira aussi de reconstruire l’amour entre les populations (Nord et Sahel) traumatisées et les FDS. Il n’y a pas de honte, ni tabou, ni fausse bravoure si on veut construire la patrie. Même les français et les allemands, après s’être longuement étripés, ont fini par être amis et complices souvent.

5/- Contacter les Généraux Gilbert Diendéré, Djibril Bassolet et Isaac ZIDA (qui est spécialiste en lutte anti-terroriste), et les soldats en prison et les tenir un discours de vérité. Personne ne doit se sentir frustré par cette attitude, ni les victimes du coup d’État manqué, ni des officiers supérieurs de notre armée qui croiront qu’ils vont perdre des lauriers à cette occasion. Ces prisonniers sont eux-aussi des officiers supérieurs et des militaires du rang de la même armée burkinabè, et il faut leur rappeler leur patriotisme malgré leur statut actuel de prisonners. Il faut leur parler vrai comme on dit. Doivent-ils se délecter de la dégradation sécuritaire dans le pays ? Non ! Et il faut le leur dire ouvertement et souhaiter leurs contributions dans la lutte, le renseignement et la négociation mais aussi le commandement des troupes et les opérations sur le terrain. Pour cela, un marché reste un marché ! C’est donner et recevoir et on pourrait leur offrir une réduction de peine à cette occasion et ça ne gâtera rien, au contraire car eux-aussi sont des burkinabè comme nous tous et se sentirons toujours aimés et non rejettés.

(Ce n’est pas fini la suite dans un prochain post)
Par Kôrô Yamyélé


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