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Prix Joseph Ratzinger 2019 : Le lauréat burkinabé Paul Béré recevra son prix le 9 novembre 2019

2 novembre 2019, 23:54, par Mechtilde guirma

« Le choix de ma personne, selon le comité scientifique, vise à reconnaître ma contribution dans le développement de la théologie africaine et à encourager le travail d’inculturation que cette même théologie s’est assignée comme tâche fondamentale ».

Mon père vous avez touché là une de mes plaies douloureuses dans la recherche théologique sur la démocratie, en mettant l’accent sur la (notion de la) femme et comment par analogie, nous pouvons nous dire catholiques romains à partir des valeurs positives de nos cultures et je me suis butée comme à des murs de béton dans les universités catholiques d’Ottawa. En voici trois exemples :

La question de l’excision (Bongo) : En effet une pratique millénaire depuis l’Égypte et la Rome antique (qui l’a utilisée avec la circoncision pour combattre les maladies et les pratiques contre nature, afin d’éviter l’extinction de la société romaine) y compris les Gaulois. Chez les Mossé la pratique justifie les mêmes raisons. Et mieux encore célèbre l’esprit de lumière de deux manière à la fois : à la période froide qui inaugure le retour du soleil au solstice d’hiver (Zii likri en moré ou apparition de la lumière sur le monde). Traditions donc des fêtes païennes qui ont inspiré la fête de Noël. Et de deux, les initiés chantent cette lumière qui prélude celle du soleil comme l’esprit de celui-ci en référence à l’intériorité ou pu-péélem en moré (bongo, bongo, bongo yida. À péelem yida kiug péélem, à péélem yida andg péélem). En un mot le bongo pour le burkinabé, enlève la crasse qui pourrait abêtir l’Esprit humain et qui ferait qu’il ne soit capable de distinguer ce qui est bien et de ce qui est mal. Donc le bongo dote l’esprit humain en plus de lui éviter des maladies corporelles de grandes vertus telles que la tempérance, la sagesse etc. et même l’art de la gouvernance (dans le kiogo ou camp on organisait les initiés en gouvernants : pouvoir (naam), contre pouvoir (Wemba) et sujets…), ce qui, par analogie pourrait se comprendre comme des dons de l’Esprit Saint, de l’Esprit de lumière, de l’Esprit de Vérité. Personnellement je pense qu’un enfant qui quitte le Kiogo, devient très bon serviteur de la société dans ses choix tant religieux que professionnels, ou même bon gouvernant.

Les doctrines compréhensives de Charles Taylor : Quand j’ai suivi le cours sur les Écrits de Charles Taylor. J’ai poussé un soupir de satisfaction en me disant : Voilà une bonne référence qui va me permettre de mettre en valeur et de défendre avec la plus grande distinction si besoin en était ce que je suis venue chercher dans cette Université Pontificale. Aussi au devoir du fin du cours, après avoir traité dans les mêmes normes que le professeur, l’avis personnel que j’ai donné en conclusion (car on nous le demande de même que la participation au cours) était l’analogie que j’avais faite des doctrines compréhensives de Charles Taylor à la proposition que j’avais faite plus de 7 ans auparavant dans le rapport de restitution de la rencontre du Conseil Économique et Social (dont Juliette Bonkoungou était la présidente à l’époque) avec les Sociétés civiles, les confessions religieuses et coutumières et les parties politiques, en tant que consultante politologue. J’ai interpellé les religieux, les coutumiers, les professions et les gouvernants à songer à mettre une structure républicaine bicamérale par exemple, qui permettrait à ces derniers d’être des parties prenantes aux décisions surtout celles qui les concernent (comme le social et l’économique) avec des visées d’équité, de la doctrine et de la coutumes, car il représentent l’essentiel du tissus social. Vous savez quoi ? Le professeur fut comme scandalisé de mon outrecuidance à vouloir mêler des cultures africaines (synonyme de satanisme et d’hérésie) aux cultures civilisées de l’Occident.

Enfin troisièmement, j’ai donné des preuves (avec deux livres) que les cultures africaines étaient en fait de tradition abrahamique (chez les Mossé par exemple, le nom même ethniquement : Mossé, ensuite une variété d’herbe dans la région de Koupièla-Tenkodogo du nom de Mousga (dont le pluriel, avant de garder l’orthographe singulier, est Moussa), ne sont que des génériques de Moïse. Ensuite quand on prend les initiales des quatre noms de Dieu en moré, on obtient le tétragramme suivant Y.N.W.N, donc YAVÉ. Alors on m’a répondu qu’il n’y avait pas de professeur qui ait étudié les cultures africaines et ainsi pourrait être mon directeur de thèse, et qu’en plus il n’y a pas de spécialiste de l’Ancien Testament, il n’y avait que ceux du Nouveau, en l’occurrence des synoptiques. J’ai répondu que je n’avais pas éliminé ni l’Ancien Testament, ni le Nouveau, encore moins les synoptiques, car chaque évangéliste comme on me l’a enseigné a sa méthode, sa spécificité et son agencement qui fait qu’on peut faire une lecture de notre temps en investiguant les questions relatives au droit, à la morale, à l’éthique, à l’équité, à la doctrine et à la coutume et qui interpelle fort justement les questions de la vie familiales, de la démocratie, de dialogue interculturel tels que consignés dans les travaux de Vatican II, dans le magistère, le discours social de l’Église et les différents synodes encycliques et lettres pastorales de nos papes et de nos évêques.

Alors on m’a fait savoir que j’étais trop vieille et qu’on n’était pas intéressé de m’avoir encore dans les universités. J’ai quitté leurs universités qui forment des féministes pour être envoyer dans nos pays pour lutter contre l’excision et pour la suppression de la dot dans le mariage. Mais je n’ai pas démordu de poursuivre mes recherches.

DIEU SOIT LOUÉ ! AMEN.


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