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« Base française à Djibo » : L’opération de Barkhane à l’origine de la rumeur

4 octobre 2019, 14:53, par Paligba

A l’heure actuelle, il faut meme souhaiter que la france construise une base a Djibo ou ailleurs au Burkina (lire Regard sur l’actualite de l’obs du 03/10/2019 : Si la France n’etait pas la...)

Etaient-ils numériquement et matériellement plus importants que l’Armée malienne ? Ou, osons la question qui fâche, est-ce la vaillance des loyalistes qui est mise en cause ? A moins que ce soit l’éternelle question du dénuement logistique.

Quarante-huit heures après les violents affrontements entre les terroristes et les FAMA, on se perd toujours en conjectures et on s’interroge encore. Le bilan est, lui, en tout cas suffisamment lourd pour attester de la violence des combats : 25 soldats tués et 60 autres portés disparus, contre 15 présumés djihadistes neutralisés.

Sans doute, le bilan de ces combats, qui ont duré deux jours, n’est pas définitif, mais le fait que les assaillants aient momentanément occupé les positions maliennes montre à souhait combien ils sont de plus en plus audacieux et aguerris au maniement des armes. Cette récente boucherie rappelle d’ailleurs une autre, de l’autre côté de la frontière malienne, notamment à Koutougou, où le 19 août dernier, une attaque terroriste a fait 24 militaires burkinabè tués. Deux attaques qui démontrent combien nos armées sont fragiles, pour ne pas dire incapables seules de défendre l’intégrité territoriale de nos Etats. Une nouvelle preuve si besoin en était encore de notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur, il a fallu l’intervention des militaires de la force Barkhane pour desserrer l’étau et permettre aux FAMA de reprendre le dessus.

Pourtant, au Mali comme au Burkina, nombreuses sont les voix teintées d’un nationalisme sourcilleux qui critiquent régulièrement la sous-traitance de ces questions sécuritaires à la France, accusée à tort ou à raison de ne pas jouer franc-jeu. Régulièrement donc, des manifestations hostiles à l’Hexagone et à ses soldats sont organisées par les chantres de l’Indépendance africaine à tous crins, qui ont encore prévu de marcher à Ouaga le 12 octobre prochain.

Passe encore que ce soient de simples mortels qui s’émeuvent du jeu trouble du Coq gaulois. Mais que des officiels haut placés, tel, il y a quelques mois, le ministre burkinabè de la Défense, Chériff Sy, jettent le pavé dans la mare, il y a comme un étrange paradoxe, un souverainisme de pacotille dont on n’a pas les moyens ! Le Chériff national a d’ailleurs dû manger son chapeau il y a quelques semaines, puisque le Burkina a dû demander l’intervention expresse des militaires français à Djibo pour que la ville ne tombe pas entre les mains des renégats. La Lettre hebdomadaire de communication de l’état-major des armées françaises rendue publique à cette occasion et dont un extrait suit était explicite : « Du vendredi 13 au lundi 16 septembre, la force Barkhane a participé à une opération de renforcement du camp de Djibo aux côtés des forces armées burkinabè. En l’espace d’un mois, dans la province du Soum, plusieurs postes des forces armées du Burkina Faso ont été la cible de groupes armés terroristes. A la demande des autorités burkinabè et pour sécuriser le sommet de la CEDEAO à Ouagadougou, un détachement du SGTD1 de la force Barkhane a été mis en place pour soutenir les unités des Forces armées nationales du Burkina Faso déployées à Djibo, verrou important entre le Nord du pays et la capitale, Ouagadougou ». On imagine donc qu’à Paris comme à l’ambassade de France au Burkina, on a dû se délecter de cette chaude requête.

Il faut qu’on sache donc ce qu’on veut ! Certes, comme tout pays qui se respecte et prétend être indépendant, nos Etats doivent être les principaux, pour ne pas dire les seuls serviteurs de leur propre cause, sécuritaire en l’occurrence. Mais dans la situation qui est la leur, on fait quoi ? Plutôt que de verser dans une idéologie désuète et des incantations anti-impérialistes d’un autre âge, a-t-on vraiment d’autre choix pour le moment que de s’en remettre à ceux qu’on abhorre tant ? On peut dire tout ce qu’on veut de ces néocolonialistes et de ces impérialistes, mais que seraient devenus aujourd’hui le Mali et, dans une certaine mesure, le Burkina si nos « ancêtres », les Gaulois, n’étaient pas là pour limiter la casse ?

Issa K. Barry


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