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Commune de Banfora : Un conflit foncier fait cinq décès et plusieurs blessés

1er juillet 2019, 11:48, par caca

SISI, je vais te répondre par une illustration philosophique d’un point de vue du philosophe français Henri Bergson dans les deux sources de la morale. Henri Bergson parle de l’individu dans la société. Il démontre par là une obligation comme un présupposé du point de départ. Cette obligation, qui se pare des atours de la nécessité, elle ne provient pas du dehors pour ensuite peser sur l’individu : en effet, l’obligation agit de l’intérieur de nous-mêmes, car une partie du moi de l’individu est le moi social, soit une intériorisation de la société dans l’être. Ce moi social s’oppose au moi intime, ou moi profond, qui lui, représente ce que l’individu a de singulier, d’unique (Bergson analysera ce point par la suite). Il écrit : « Chacun de nous appartient à la société autant qu’à lui-même […] par la surface de nous-mêmes nous sommes en continuité avec les autres personnes, semblables à elles, unies à elles par une discipline qui crée entre elles et nous une dépendance réciproque. »
Je comprends le sens que vous accordez à la prière en Dieu pour une solution. Cependant, cette prière en Dieu n’aura pas d’effet si le burkinabè ne sente pas obligé de vivre avec d’autres burkinabè. Le Burkina est fait de femme et homme, et chacun de nous fait le moi social dont parle le philosophe. C’est-à-dire la société est nécessaire et oblige l’individu à vivre avec les autres. Le problème d’incivilité n’a pas commencé en 2014, mais en 2011 avec les mutins de l’armée. L’homme fort du temps avait réussi à contenir cette rébellion des soldats et en 2014 le projet de loi modificative de l’article 37 était une goutte d’eau qui a débordée l’océan et nous connaissons la suite. Aujourd’hui, quelqu’un qui n’est pas d’accord avec toi profite dans une petite crise et vient d’attaquer. La peur de l’autorité est remise en cause pour des raisons égoïstes de l’individu. Et tuer son prochain est normal par ceux qui pensent refaire le monde selon leur moi social qui s’exprime dans la violence. Au nord et l’est le terrorisme djihadiste, à l’ouest le conflit foncier. Au centre et le sud le conflit lié à la chefferie. A Waga, le conflit lié à la survie où des bandits armés et koglweogo tuent des citoyens. Voyez vous là où le vivre ensemble est menacé ? Personne n’a peur de rien et le moi social ne veut plus intégrer l’individu dans la société par obligation.


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