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Procès du putsch du CND : L’intégralité de la déclaration liminaire de Jean Baptiste Ouedraogo

13 mars 2019, 19:15, par Mechtilde Guirma

Merci caca. Dans mon exemple du Président-médecin : on lui présente un malade Presque fini, et qu’il reconnaît être son pire ennemi. Vous croyez que la haine va le conduire à l’achever avec le souhait qu’il ira en enfer tout simplement parce qu’il aurait assouvi sa double vengeance : donner la mort et ensuite le destine à l’enfer ? Non !

Nous assistons ici, et cela c’est très difficile à un quidam de le comprendre, à un triple de cas de conscience qui se présente au Président Ouédraogo :

- la déontologie du métier de médecin, qui le met devant sa responsabilité face à une personne dénudée (selon Emmanuel Levinas) et qui se présente à lui sans défense : « Le serment d’Hippocrate ». Du coup, croyez-moi, c’est le médecine qui sent faiblir la force de son ego et c’est celle du médecin qui se présente en puissance. Alors, peut-on le dire, il devient amnésique du passé et ne voit devant lui qu’un être humain avec toute sa dignité à sauver. À ce moment, non seulement il n’y a plus de place à la rancune, mais il n’en a même pas le temps. Alors croyez-vous que ce malfaiteur de malade une fois guéri va continuer à détester le médecin qui a sauvé sa vie et toute sa famille ? Il s’investirait même pour le meilleur du vivre ensemble.

- La déontologie du métier des arts martiaux : en effet Son Excellence Ouédraogo est un militaire. Dans les stratégies militaires, celle qui prime est celle qui consiste le plus souvent et tant que faire se peut, à désarmer l’ennemi et non l’anéantir. Parce qu’après, la vie peut s’avérer difficile car l’ennemi, en temps de paix peut s’avérer être un partenaire social et économique incontournable (qu’on songe à l’Union Européenne, où les représentants des pays ennemis autrefois se rencontrent, s’embrassent et pactisent). Quelque soient les dégâts il faut bien que la vie reprenne pour la génération suivante. D’où les trêves, les amnisties, les accords de paix etc. l’histoire des Relations Internationales est émaillée de ces cas d’espèces. Voyez par exemple, depuis la révolution de 1789 en passant par l’empire napoléonien jusqu’à la deuxième guerre mondiale, combien de fois la France fut menacée et sauvée de destruction totale par les duplices, les triplices. Et même avant la victoire finale, Hitler a eu l’occasion de détruire Paris, mais il n’eut pas le courage. Il l’a gardée, sa conscience a grondé contre ce crime de l’humanité dont il aurait été tenté. Que serait devenu Paris aujourd’hui si elle avaient été détruite, ses cathédrales, ses châteaux, ses musées etc. Souvent même dans ces cas de figure, il y a un 3ème larron blotti à quelque part qui observe, et patiemment attend que la situation se dégrade et il vient avec toute sa puissance, rétablir l’ordre mais il fait en même temps main basse sur le pays et ses ressources. Qu’on oublie donc pas de quelle manière la Rome antique a fait main-basse sur la Gaule, dont les différentes ethnies se menaient des guérillas implacables malgré les avertissements et les appels pathétiques et répétés de leur chefs charismatique Vercingétorix : « L’Union fait la force ».

La princesse Yennenga ne portait pas d’armes mais simplement des régaliens, pour exhorter le tansoba avec son armée à ne pas faire de victimes mais des esclaves qui, du reste, doteront les célibataires d’épouses et les palais royaux de bons gardiens avec la perspective plus tard d’être affranchis et prendre le nom du roi, obtenir des épouses et se fondre dans la population.

- Enfin, son Excellence est religieux, notamment catholique. Vous savez ce que cela veut dire : du bon Samaritain au Serment sur la montagne : Ne jugez pas et vous ne serez pas jugé. Pardonnez et vous serez pardonné etc.

Son Excellence Saye Zerbo, lors de son procès, avait déclaré par cette phrase célèbre : « il ne faut jamais gifler un homme qui a les mains liés ». La deuxième guerre entre le Mali et le Burkina devait lui donner raison. En effet lorsque le pouvoir du CNR a commencé à plier l’échine et le Burkina sur le point d’être rayé de la carte, secrètement, Sankara alla en prison, prendre Saye Zerbo, et l’a amené au front. Voilà comment Saye Zerbo a sauvé le Burkina tout entier. Sankara ne pouvait rien faire d’autre que de lui conserver la vie.

Moi par déférence, je n’oserai pas me vanter d’être un promotionnaire du Président Ouédraogo. En effet je suis en plus de quelques mois, sa grande sœur. Mais il est mon président. Cependant comme on le voit bien, nous sommes des cavaliers et cavalières de la même promotion, mieux, du même moule éducationnel des écoles catholiques du primaire au secondaire. C’est pour cela que je pense, que ça m’aurait étonné moi-même si je n’étais pas de même avis ou si je n’épousais pas ses idées, bien que nos chemins ne se sont jamais rencontrés, ni dans notre parcours scolaire, ni dans nos orientations sociales, ni dans nos choix professionnels. Mais j’admets que quelques uns de ses promotionnaires ne le suivent pas. Cela dépends fort des états psychiques et psychologiques et aussi dans le contexte où ils ont vécu. On devrait pensé à la parabole du semeur que tout pratiquant connaît par cœur.


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