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Burkina Faso : Paul Kaba Thiéba démissionne après trois ans à la primature

21 janvier 2019, 10:26, par Nikiema

PAUL KABA THIEBA : LE MINISTRE LE PLUS NUL DE TOUTE L’HISTOIRE DU BURKINA

Un Premier Ministre par défaut

En examinant la conduite des affaires gouvernementales à la lumière des conditions de la désignation du Premier ministre en Janvier 2016, l’opinion publique burkinabé a acquis la nette certitude que ce dernier a été choisi par défaut. La décision s’est portée sur lui au terme de longs atermoiements ; d’autres noms avaient circulés, portés par les différentes chapelles du MPP.
C’est donc un choix dicté par le souci de respecter un équilibre de pouvoirs au sein du régime. Or, l’expérience politique enseigne, que lorsqu’on agit de la sorte, on choisit un petit commun dénominateur dont la principale vertu, c’est de ne déranger personne. C’est exactement ce qui se passe. Le trio RSS a donc fait le choix délibéré de confier cette responsabilité à quelqu’un qui ne ferait pas de l’ombre à qui ce soit. C’est donc un choix par défaut.De plus, ce choix s’est porté sur quelqu’un qui ne connait pas son propre pays, toute chose qui a un impact négatif sur l’action gouvernementale.

Un Premier ministre qui ne connait pas son pays :

C’est la grande singularité de la décision du trio RSS en nommant leur Premier ministre. Cette méconnaissance est évidente sur trois plans :
 au plan de l’histoire politique récente et de l’histoire du parti au pouvoir, le MPP,
 au plan des politiques publiques,
 et au plan des arcanes de l’administration
L’histoire récente du Burkina Faso, c’est celle qui a conduit à l’insurrection. Elle est très riche d’enseignements. Et l’action du premier Gouvernement post insurrectionnel était supposé donner une réponse rapide aux aspirations des insurgés. Au sein du MPP, les cadres qui ont battu le pavé, humé les gaz lacrymogènes et parcouru les provinces pour arracher la victoire, s’attendaient sans doute à ce que le choix se porte sur l’un d’entre eux. Leur déception fut grande et partant de là, leur foi en leur propre régime a pris un coup.

La désignation du Premier ministre a constitué une blessure politique à l’intérieur du MPP, et la plaie est loin d’être cicatrisée Or, le premier et principal soutien d’un chef de Gouvernement, c’est le parti au pouvoir. N’ayant aucune affinité avec le parti supposé le soutenir, n’ayant pas de services « d’insurgé » à faire valoir aux yeux de tous ceux qui ont risqué leur vie lors des tumultes politiques récents, le Premier ministre se trouve confronté à un sérieux problème de légitimité dans l’opinion et dans son propre camp.

Au sein du MPP, le Premier ministre est vu comme une sorte d’ouvrier de la 25ème heure qui est venu prendre le bénéfice du travail fait par les autres. A cela s’ajoute le fait que depuis trois décennies, il ne connait le Burkina Faso qu’à l’occasion de séjours pour réunions de travail, vacances, ou pour événements sociaux. Dans ces circonstances, comment bâtir le réseau sociopolitique dont on il a forcément besoin en tant que Premier ministre pour naviguer dans une mare à caïmans comme la majorité actuelle ?

Un Premier ministre frappé d’une faiblesse d’autorité personnelle :
Première conséquence des considérations évoquées plus haut, c’est le manque évident d’autorité du Premier ministre. Comment peut-il commander des ministres qui ont plus de légitimité politique que lui ? On le constate au quotidien dans la coordination de l’action gouvernementale et à travers plusieurs affaires emblématiques (CAMEG, Tablettes, Détournements de fonds et de véhicules, communication gouvernementale sur les attaques terroristes, etc.)
Une deuxième conséquence, c’est que le Président du Faso se trouve être à la fois président et Premier Ministre. Dans une démocratie normale, le Premier ministre est au four et au moulin, monte en première ligne et sert de fusible au Président. Là, c’est plutôt le Président qui s’égosille, explique et défend son bilan, pendant que son PM est muet.

Un Premier Ministre sans expérience en matière de politiques publiques :
Les Burkinabè ont constaté, lors de sa Déclaration de politique générale, que ce nouveau PM ne connait pas les politiques publiques mises en place dans notre pays. Pire, en émaillant son discours de références extérieures notamment du Sénégal où il a séjourné deux décennies, il a donné l’impression manifeste de ne pas connaître les réalités du Burkina Faso. Cela implique que son temps d’apprentissage sera long.

Un premier ministre qui ne connait pas l’administration
A la méconnaissance des politiques publiques de développement, s’ajoute une méconnaissance de l’Administration, toute chose qui en fait forcément un jouet aux mains des autres. En effet, le Premier ministre ne connait pas les cadres de son Administration, et comme son travail fait l’objet d’un sabotage méthodique du MPP, il est visiblement condamné à l’échec. La tâche du Premier ministre est singulièrement compliquée par le profil des membres de son gouvernement.


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