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Cohésion sociale au Burkina : « Il faut que nous apprenions à vivre ensemble afin d’éviter les différents dérapages », clame Mgr Paul Ouédraogo

16 janvier 2019, 22:50, par Mechtilde Guirma

« Les Hommes de Dieu ont profité de l’occasion pour évoquer le problème de l’enseignement catholique au Burkina, avec la convention liée avec le gouvernement ».

Messeigneurs les prélats : un proverbe moagha dit ceci : « Ngêné-ngêné ya tussi ti lubi ». Ce qui veut dire que malgré nos ménagements et diplomatie, vous ne semblez pas avoir tiré leçon de se passe sous votre nez. Alors il nous (nous majestueux évidemment car cela n’engage que moi) faut parler maintenant plus clairement carte sur table un cri de cœur en toute humilité.

D’abord je ne pense pas que le président ait besoin de vos prières. Il est communiste et en plus l’état qu’il dirige se dit laïc. Donc c’est vous qui avez besoin de lui de son argent. Cette aumône, que vous lui demandez, vous sera peut-être accordée selon ses manières discrétionnaires.

Ensuite, vous avez parlé de convention. Le président n’est pas libre de ses engagements internationaux qui exigent que vos requêtes y soient conforment. Il faut que son Éminence ouvre enfin les yeux, et se rappeler de ce que Banki-Moon lui a opposé comme condition sine qua none au sujet de l’aide.

Parlons de convention.

Le président de la CEBN se rappelle-t-il que lors de la rencontre pour discuté de la question du Sénat, lorsqu’on lui a fait remarquer que les religieux peuvent y être sénateurs et jouer le même rôle que le Saint Siège à l’ONU, qu’est-ce qu’il a répondu ? D’une façon péremptoire il a déclaré : « Le Pape ne vote pas des lois ». Ah bon Excellence, en êtes-vous sûr Vous homme de droit et aussi de droit canonique par la force de votre situation. Vous osez faire de telles déclarations ? Même quand il s’agit de défendre un point précis du droit canon (dont l’éducation que vous évoquer plus précisément) le Pape ne vote pas de conventions, de concordats ?

Mais pour couper court, j’ose vous rappeler avec tout le respect que je vous dois, que des Papes ont mené des batailles même meurtrières pour obtenir la personnalité juridique de l’Église. Pour cela ils ont signé les accords de Latran afin de reconnaître l’État du Vatican avec tous ses droits et prérogatives comme tout État et qui permet au Pape d’aider voire protéger les Églises locales et particulières, et même, liberté de culte aux religions par la clause de la Nation la plus favorisée. Ce qui veut dire que les droits reconnus au Vatican,(État foncièrement religieux) par le système des Nations Unies s’étendent d’emblée et de droit à toutes les autres religions et traditions (les protestants et les musulmans louent l’Église catholique pour cela). N’oubliez pas que ce fut sous l’influence de l’Église que la déclaration universelle des droits de l’homme (et des cultures) de 1948 a été promulguée.

Mais pourquoi, malgré tout cela, et surtout des travaux de Vatican II, nous les pays africains non seulement on ne s’en sort pas, mais on s’enlise davantage ! Pourtant ces travaux nous ont donné tous les moyens et inspiré des instruments d’action (d’ailleurs tout dernièrement, le discours du Saint Père n’a-t-il pas été assez musclé et poignant ?).

Si tant il est vrai, et comme nous l’avait explique l’Abbé Paul Ouédraogo à l’époque Curé, lors de notre passage dans sa paroisse pour avoir une opinion de l’Église sur la décentralisation, que chaque évêché représente Saint Pierre et son trône, ne serait-il normal que nous les fidèle posions la question à nos prélats de savoir quelle est la personnalité juridique des évêchés dans notre pays et par voie de conséquence des autres religions ? Aucune, sinon des déclarations constitutionnelles qui du jour au lendemains pourront être tripatouillées pour les rendre par la suite nulles et non avenues.
Là encore Vatican II nous offre des possibilités énormes :

- La définition de l’Église en Peuple de Dieu qui concerne tout genre humain quelque soit sa culture, sa tradition ou religion, même athée.
- Le Ferment évangélique dans nos vies socio-économiques et politiques
- Le Dialogue inter-religieux et culturel.

L’opportunité du Sénat donc, sans les partis politiques ou les tendances aux partis politiques, et qui ne regrouperait que les religieux, les professions et les coutumiers, nous résoudrait facilement ces soucis d’argent qui ne sont, pour le moment, que des promesses électoralistes pour gagner les élections. Ainsi les conventions seront des droits et non des aumônes.

En plus de cela la démocratie qui s’améliore pourrait leur éviter de s’accrocher à l’aide du gouvernement pour ne pas être redevable à l’État de quoique que ce soit qui serait contraire à leur doctrine, coutume ou équité. Car les fidèles revigorés sûrs d’eux-mêmes et de leurs autorités pourraient alors développer des initiatives qui leur permettrait d’honorer les obligations de leurs églises ou chapelles. C’était d’ailleurs l’une des recommandations de Vatican II.
Chers prélats, levez-vous enfin prenez vos responsabilités à bras le corps et aidez-nous à changer le monde. Vous savez à présent et clairement ce qui vous reste à faire.

Webmaster, je vous en prie l’heure est grave. Ne me censurez pas on dit souvent que la vérité rougit les yeux mais ne les crève pas.


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